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Affaires

2 800 hectares d’arbres arrachés et brûlés pour sauver l’arboriculture de maladies

L’ONSSA vient de détecter deux bactéries particulièrement ravageuses dans la région de Larache et au Moyen-Atlas.
1 500 ha d’agrumes et 1 300 ha de pommiers et poiriers devront être arrachés et incinérés.
L’Etat met des moyens financiers conséquents pour subventionner les agriculteurs touchés.

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rub 17469

Les pouvoirs publics viennent de prendre des mesures sans précédent en matière de lutte contre la propagation de maladies menaçant l’arboriculture nationale. Deux maladies graves viennent tout juste d’être décelées : la tristeza et le feu bactérien. La première a été diagnostiquée sur l’ensemble des 1 522 ha d’agrumes prospectés dans la région de Larache et la deuxième touche 1 300 ha de poiriers, pommiers, cerisiers et cognassiers dans certaines régions du Moyen-Atlas comme Tigrigra, Sidi Lmakhfi, Oued Ifrane et Aïn Leuh.
Les mesures ne se sont pas fait attendre car, comme l’explique le Dr Abdelhamid Benazzou, DG de l’Office national de la sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), le risque est grand pour toute l’arboriculture du pays. Les vergers recensés devront être arrachés et l’Etat promet d’accompagner de la manière la plus efficace les agriculteurs. Pour éradiquer les maladies, ces derniers devront impérativement arracher et incinérer les plants infestés dans l’enceinte de leurs exploitations afin d’éviter toute contamination. Les arrêtés ministériels et gubernatoriaux ont été d’ailleurs rapidement promulgués dans ce sens, tant la menace est sérieuse. Cependant, assure-t-on à l’ONSSA, les mesures préconisées, suivies avec célérité, sont de nature à juguler le mal.
Dans un délai de 21 jours, il faudra donc arracher et détruire les arbres porteurs des maladies, mais il faudra également nettoyer les équipements utilisés comme pour la taille par exemple et ne transporter le bois infecté en dehors des plantations qu’une fois desséché. Une batterie d’autres mesures préventives sont également prévues concernant les insectes polinisateurs. D’ailleurs, la transhumance des abeilles a été soumise à contrôle tout comme il a été interdit toute circulation des plants à partir des zones infestées. 

21 jours pour arracher et incinérer

Sur le plan financier, l’Etat a mis en place un dispositif complet pour subventionner les agriculteurs touchés.
Pour les agrumiculteurs de Larache, touchés par la tristeza, une subvention de 7 000 DH à l’hectare est prévue pour les opérations d’arrachage et d’incinération en plus de 28 000 DH à l’hectare pour la replantation.
Pour les agriculteurs du Moyen-Atlas, les mesures d’accompagnement sont également prévues puisque l’Etat les dédommagera pour l’arrachage et la destruction des vergers moyennant une prime de 3 000 DH à l’hectare en plus de 15 000 DH par hectare pour le renouvellement. A charge pour eux de ne pas replanter le poirier infecté (qui risque de voir revenir le fléau) et de le remplacer par une autre espèce (reconversion) et de prendre les mesures de prévention nécessaires et de nettoyer le matériel forcément infecté.
Il s’agit là d’un programme d’urgence et les agriculteurs ont bien compris non seulement qu’il y a désormais obligation légale à suivre à la lettre les directives mais qu’ils y ont tout intérêt pour protéger leurs vergers.
Reste à savoir comment ces maladies ont touché une partie du verger national. Pour les spécialistes, il y a deux éléments à prendre en considération. D’abord, le fait que ces maladies touchent un grand nombre de pays et cela va du continent américain à l’Europe et l’Asie. D’ailleurs, la tristeza a touché le Maroc dans les années soixante mais sans faire trop de dégâts comme en Espagne où elle a ravagé 20 millions d’arbres récemment.
Cependant, l’on ne peut s’empêcher de poser la question sur l’arrivée subite de ces maladies au Maroc. C’est là une question à laquelle on ne peut apporter une réponse sûre, mais on n’exclut pas qu’une introduction frauduleuse en soit l’origine. Il est possible que des plants accidentellement contaminés aient été introduits et plantés dans le pays avec l’espoir d’une meilleure rentabilité.