Affaires
15 ans pour constituer un pôle public unifié !
• HACA, Cour des comptes…, les appels se sont multipliés au fil des années.
• La Commission sur le modèle de développement appelle à la refonte de la politique publique de communication incluant l’audiovisuel.

Dans son rapport sur le nouveau modèle de développement, la Commission de Benmoussa appelle au soutien des médias. Pour la CSMD, «l’Etat doit accompagner cette dynamique de changement, en renforçant la transformation digitale des médias et en les appuyant dans leur recherche d’un modèle économique innovant et pérenne. L’objectif est d’aboutir à un secteur dynamique, produisant un contenu de qualité et répondant aux nouveaux usages, notamment des plus jeunes, qui contribue au rayonnement du Royaume à l’international, et renforce la souveraineté du pays dans la production d’information et de contenu numérique». Pour atteindre cet objectif, il est primordial «d’actualiser la politique publique de la communication pour définir le service public des médias, et en rénover la gouvernance et les modes de financement». Tout un chantier ! La CSMD a pris certainement en compte les recommandations de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) qui a appelé dans le cadre d’une audition à la mise à niveau du secteur audiovisuel public aussi bien au niveau économique que professionnel pour répondre aux attentes des Marocains.
Ce n’est pas la première fois qu’un appel est lancé au sujet de la politique publique de communication qui couvre le secteur audiovisuel. Déjà en 2006, le Conseil supérieur de la communication audiovisuelle, organe décisionnaire de la HACA, a émis un avis «appuyant la nécessité de rassembler et rapprocher les composantes du secteur audiovisuel dans un pôle public unifié, diversifié et complémentaire, tout en bénéficiant des réalisations des deux sociétés actuelles».
15 ans après, ce pôle n’est toujours pas constitué. En janvier 2020, Driss Jettou, en sa qualité, de président de la Cour des comptes, avait même consacré l’audiovisuel public comme un sujet «important», à côté de celui de la réforme de l’Assurance maladie obligatoire dans le cadre de sa sortie devant les deux Chambres du Parlement. Dans un rapport incendiaire (2018), la Cour des comptes a estimé que le non-renouvellement des contrats-programmes entre l’Etat, la SNRT et 2M, «va à l’encontre du rôle stratégique attendu du secteur audiovisuel public et le met en situation de contradiction avec les dispositions de la loi 77.03 relative à la communication audiovisuelle qui prévoient que les dotations budgétaires de l’Etat aux deux sociétés soient accordées sur la base de contrats-programmes». D’où l’urgence de la restructuration du secteur audiovisuel pour réunir ses composantes et faire jouer des synergies au sein d’un pôle unifié. L’institution a taillé un joli costume au top management de la SNRT-2M. «En dépit de leur situation financière critique et d’avoir un même PDG, les deux sociétés publiques ne constituent pas un pôle unique qui leur aurait permis de travailler dans de meilleures conditions par la coordination et la complémentarité des activités, ainsi que la mutualisation et l’efficience dans la gestion des ressources», peut-on lire dans ce rapport. Pour la Cour des comptes, le futur organisme pourrait induire une nouvelle dynamique dans le secteur, à travers la modernisation et l’équipement de ses structures et engendrer la complémentarité et la synergie dans leurs activités, surtout dans le climat de forte concurrence des chaînes satellitaires étrangères.
