Affaires
Les importations de pétrole risquent d’épuiser l’enveloppe de compensation
Sur les deux premiers mois de 2006, les arriérés s’élèvent à 2 milliards de DH.
Avec un pétrole brut à 67 dollars le baril, le Budget est mis à mal.
Avec un prix moyen de 62 dollars le baril, jusqu’au 15 mars – il est aujourd’hui de 69 dollars – et de 440 dollars la tonne de butane, l’Etat continue encore de subventionner les produits pétroliers à hauteur de 70 centimes le litre de gasoil, 110 DH la tonne de fioul industriel, 20 centimes le litre d’essence et 35 DH la bouteille de butane de 12 kg. Au total, cela fait une enveloppe de plus de 2 milliards de DH de subventions sur les deux premiers mois de 2006 seulement.
Le cours du pétrole ne paraissant pas devoir s’assagir, l’indexation des prix dont on avait souhaité le retour comme système de détermination des prix intérieurs de consommation, n’est plus à l’ordre du jour. C’est en tout cas le sentiment des responsables qui s’intéressent de près ou de loin à ce dossier.
Du coup, et sous réserve que cette tendance à la hausse ne s’infléchisse pas, on commence déjà à se demander comment l’Etat pourra régler les arriérés qui ne manqueront pas, sous cette hypothèse, de s’accumuler. Il faut savoir en effet que dans la Loi de finances pour 2006, l’Etat a déjà fait un gros effort en prévoyant une enveloppe de plus de 12 milliards de DH au titre de la compensation. Ce montant englobe les subventions pour le sucre (2 milliards de DH), la farine nationale de blé tendre (environ 2 autres milliards de DH), le butane (2 milliards, peut-être plus avec la hausse du cours de ce produit), les arriérés de 2005 (3 milliards de DH) et, bien évidemment, les charges de compensation pour 2006. Déjà, à fin février 2006, les arriérés pour cette année se montent à 2 milliards de DH, soit 1 milliard par mois.
A ce rythme-là, et sachant que, depuis, les prix se sont inscrits à la hausse, l’enveloppe inscrite dans la Loi de finances risque d’être consommée par les seules charges de compensation des produits pétroliers pour 2006. Or, sur cette enveloppe, il y a 3 milliards qui sont dédiés aux arriérés de 2005, dont 1 milliard est en cours de déblocage, les deux autres milliards devant être épongés d’ici la fin du mois de mai prochain, conformément à l’engagement du gouvernement, pris avec les opérateurs, de régler ces arriérés à raison d’un milliard par mois. Il s’ensuit que les arriérés de 2006 ne commenceront à être débloqués qu’à partir de juin prochain, soit avec un retard de six mois. D’ici là, et si le cours du brut reste ce qu’il est ou s’aggrave, les arriérés de l’Etat vis-à-vis des sociétés de distribution se chiffreront à 6 milliards de DH dans le premier cas et davantage dans le second.
La dégradation du taux de couverture des importations se poursuivra
La situation, on le voit, est très difficile pour les Finances publiques : la constante dégradation du taux de couverture des importations par les exportations risque de s’aggraver cette année, entraînant avec elle une détérioration du solde courant de la balance des paiements. Déjà en 2005, le solde courant de la balance des paiements n’a été que de 0,8 % du PIB, et les prévisions des Finances pour 2006 le dégradent encore à 0,2 %. Autant dire que les substantiels gains enregistrés (et escomptés) dans les recettes de voyages et les transferts des MRE sont quasiment annulés par les dépenses de compensation – ce qui ne signifie pas forcément qu’elles ne se justifient pas toutes. Mais c’est une autre histoire
Hausse des achats en valeur et volumes en baisse
Afin février 2006, les achats de pétrole brut, selon les statistiques de l’Office des changes, ont augmenté de 30,8 % (ou + 684,3 millions de DH), soit un total de 2,9 milliards de DH, contre 2,2 milliards à la même période de 2005. Pourtant, le volume a, lui, baissé de 18,1 % (ou – 163 millions de tonnes), soit 737,7 millions de tonnes contre 900,7 millions de tonnes à la même période de 2005. L’explication de cette hausse de la valeur des achats pour un volume en baisse tient, on le devine, à un renchérissement du prix moyen de la tonne importée de 59,7 % (ou + 1 472 DH/tonne). Sur les deux premiers mois de 2006, la tonne de pétrole brut a coûté 3 938 DH contre 2 466 DH en 2005.
Pour le seul mois de février 2006, le cours moyen à l’importation est de 3 931 DH/T au lieu de 2 632 DH/T en février 2005, précise l’Office des changes.
S’agissant des achats du gaz de pétrole, ils ont augmenté de 68,7 % (ou 484,9 MDH) à 1,19 milliard contre 706 millions de DH une année auparavant. Là, le volume a augmenté, mais très légèrement : + 24,5 % (ou + 49,3 millions de tonnes), soit 250,6 millions de tonnes contre 201,3 millions de tonnes à la même période de 2005. Le prix moyen de la tonne s’est apprécié de 35,5 % : 4 752 DH/tonne contre 3 507 DH/tonne à fin février 2005. Les achats de gasoil et de fioul ont pour leur part augmenté de 25,4 % (ou + 130,3 MDH).
