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Affaires

Technopark de Casablanca : histoire d’une reconversion réussie

Près de 400 entreprises y ont été créées, dont 150 y ont installé leur siège social.
Le taux de remplissage est aujourd’hui de 90%.
Conditions d’installation avantageuses, charges peu élevées,
aide à la prospection… les locataires semblent satisfaits.

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Après 5 ans d’existence, le Technopark de Casablanca a-t-il rempli sa mission? Est-il cet incubateur d’entreprises en nouvelles technologies comme l’avaient voulu les pouvoirs publics en 2001? Ce sont des questions qui reviennent souvent dans la bouche des opératreurs économiques. Si l’histoire de cette bâtisse, construite aux frais du contribuable, est un condensé d’improvisation, elle est en passe de se transformer en miracle de repêchage.

En arrivant de l’aéroport Mohammed V, ce bâtiment aux allures futuristes est, avec le nouveau centre d’affaires de Sidi Maârouf, le premier paysage urbain qui accueille le visiteur, qui a du mal à imaginer que 150 entreprises y élisent domicile et y dégagent, bon an mal an, un chiffre d’affaires annuel de quelque 500 MDH. Chaque jour ouvrable, l’édifice accueille 900 salariés et dirigeants, dont 750 cadres, sans compter le flot de visiteurs et de clients qui s’y croisent. Depuis sa création, explique Abderrafie Hanouf, directeur général de MITC (Moroccan information Technopark company) qui le gère, ce sont quelque 400 entreprises qui s’y sont créées. Rien qu’en 2004, 51 entreprises ont intégré cet espace, soit en statut de start-up soit comme PME.

Nombre de ceux qui y ont élu domicile y trouvent leur bonheur. En effet, il est difficile sinon impossible pour une PME de trouver à Casablanca un local en contrepartie d’un loyer mensuel de 120 DH le m2 ou, pour les porteurs de projets, de ne payer que 1000 DH/mois pour un 20 m2 doté d’une liaison internet de 2 Mo/s et une modique redevance pour l’eau et l’électricité.

Les uns deviennent fournisseurs des autres
Un tour dans les entreprises installées confirme les affirmations des responsables de la gestion et de la commercialisation de l’espace, dont le taux de remplissage atteint plus de 90 %.
Abderrazaq Mihamou a signé le premier contrat avec l’incubateur en 2001 et créé, avec un petit capital de démarrage (420 000 DH), Eclisse technologie, qui a commencé par le développement d’applications de gestion et a étendu son activité au e-learning. De 350 000 DH au démarrage, son chiffre d’affaires est passé à 2 millions en 2005. Il lui arrive même, dans les périodes de demande intense, de sous-traiter certaines opérations auprès de fournisseurs à l’intérieur du centre. Comme la plupart des témoignages recueillis sur place, celui de M. Mihamou est positif en ce qui concerne MITC : il n’a rien à reprocher au Technopark. Par contre, il se plaint des délais de paiement de l’administration publique, qui lui doit encore 700 000 DH.

Mourad Mekouar, lui, a créé une unité de gestion de réseau de points-services. Sa société occupe actuellement un plateau de 300 m2, contre 15 m2 au départ, et il emploie une trentaine de personnes. Le business semble bien marcher et il a porté son capital à près de 1,7 MDH. Le Technopark lui apporte une aide logistique, notamment pour tout ce qui est foires et expositions, où il assure sa visibilité. Il se rappelle ses retards dans le paiement de son loyer et de la compréhension dont ont alors fait preuve les responsables de MITC.

Ahmed El Koutbia est dans la formation de profils pointus, de développeurs de logiciels. Les modules qui couronnent ses formations préparent à des certifications internationales. Il se souvient encore de la visite de l’expert qui devait l’habiliter au partenariat avec Sun Microsystems. «Je suis persuadé, affirme-t-il, que je n’aurais pas été recevable si je n’avais pas été au Technopark qui en a mis plein les yeux au consultant du constructeur» !

D’autres jeunes entrepreneurs sont dans le même état d’esprit : Khalid Marikh, ingénieur télécoms, a créé Targit. Il est éditeur de solutions d’aide à la décision qu’il vend sur mesure à 200 000 DH pièce. Il ne tarit pas d’éloges sur l’environnement favorable du Technopark. Idem pour Aziz Lebbadi, dont l’entreprise, Atrait, spécialisée dans le traitement de la messagerie, occupe 70 m2 dans l’incubateur. Même son de cloche chez Amine Riadi d’Arcanes technologies, qui propose des hébergements et développement web et qui, de la SNC (société en nom collectif) qu’il a créée à ses débuts, est passé à une SARL dont il ne veut pas divulguer le chiffre d’affaires.

Grosso modo, à part quelques timides observations sur le nettoyage, par exemple, aucun des témoignages recueillis sur place ne fait mention d’un quelconque manquement aux engagements ou absence de disponibilité chez le staff du Technopark. C’est dire que cet immeuble, à l’origine destiné à abriter le siège de la Douane, a bien réussi sa reconversion. Reste à savoir si les actionnaires de MITC, appelés à la rescousse par l’Etat pour porter le projet, y trouvent leur compte.

Les porteurs de projets peuvent y louer un 20 m2 avec connexion ADSL à 1 000 DH par mois.

Un équilibre financier fragile
Le Technopark, qui traînait un déficit sur plusieurs années, a rétabli son équilibre en 2005. Son budget annuel est de l’ordre de 16 MDH. Il est financé à hauteur de 70 % par les revenus de location ; 15 % proviennent des produits dérivés (restauration, publicité, prestations de formation, ou la nouvelle galerie marchande située face au parking de Marjane et dont la location à un aménageur-développeur rapporte 60% des revenus dérivés). Les 15 % restants lui viennent des aides de l’Etat et des organismes internationaux. C’est ainsi qu’il a obtenu 3 MDH du département des TIC et 250 000 dollars (2,25 MDH) d’Infodev. Le premier apport, étalé sur trois ans, et le deuxième sur 2005 et 2006.

Abderrafie Hanouf, DG de MITC, répète à qui veut l’entendre que cet équilibre est extrêmement fragile. Voici son explication : «Pour jouer notre rôle, il nous faut entre 3 et 4 millions de DH pour assurer notre développement, autrement, le point de rupture n’est jamais loin».

La solution est que l’on reconnaisse un statut d’utilité publique au Technopark pour lui accorder des subsides. Et puis, ajoute-t-il, « les œuvres sociales des services de la Douane, propriétaire de l’immeuble, à qui nous payons 4 MDH au titre de la location, sont déjà en train de réclamer le doublement du loyer».