Affaires
Le noir gagne le logement social en raison de la faiblesse de l’offre
Le ministère chargé de l’Habitat et de l’Urbanisme a enquêté dans plusieurs villes du Maroc.
Rabat est la plus touchée n L’affichage public des prix sur les
lieux de vente est recommandé.
Onsavait que le noir existe dans les transactions immobilières et que depuis déjà plusieurs années les services des impôts veillent au grain, et opèrent des redressements à tout-va. Mais que cette pratique atteigne aussi les logements économiques ou sociaux qui sont soumis à une défiscalisation au profit d’une population cible à faible revenu, cela devenait inquiétant. Aussi, et pour en avoir le cÅ“ur net, le ministère chargé de l’Habitat et de l’Urbanisme a lancé une enquête auprès d’un échantillon d’acquéreurs, dans le cadre des projets conventionnés, dans toutes les villes du Maroc. Cette enquête qui a touché quelque 120 personnes ayant acheté un logement économique a été réalisée sous forme d’interviews directes avec les concernés. Elle a englobé aussi bien les projets objets d’une convention entre l’Etat et les promoteurs, soit 67 projets, que les projets agréés. Ainsi, ce sondage a pu toucher une cinquantaine de projets dont 14 à Casablanca, 7 à Fès et 5 à Marrakech.
Mais comme on pouvait s’y attendre, si la pratique du noir n’est confirmée par les acquéreurs de logements économiques que du bout des lèvres, l’enquête a permis de dégager un certain nombre de conclusions qui peuvent servir à éradiquer le phénomène.
Le contrôle appelé à être renforcé
D’abord, explique Moulay Chrif Tahiri, directeur de la Promotion immobilière au ministère chargé de l’Habitat et de l’Urbanisme, la réticence des personnes à répondre à cette question est tout à fait normale. «Ce sont des personnes à faible revenu et qui ont longtemps ramé avant d’acquérir leur propre logement et l’on n’est pas étonné de leur comportement».
Ensuite, poursuit-il, ceux qui ont affirmé avoir eu recours au noir expliquent leur attitude par le fait que c’était le seul moyen d’avoir un logement d’une plus grande superficie, ou de récupérer leur logement qui avait été attribué à quelqu’un d’autre. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, c’est à Casablanca que la pratique du noir dans les logements économiques est la moins courante. Et ce phénomène s’explique par le fait que l’offre y est plus importante et plus diversifiée. Situation inverse à Rabat, o๠on construit plus de logements économiques et moyen standing.
En définitive, les enquêteurs aboutissent à une conclusion importante : le noir existe certes, mais prospère surtout là o๠l’offre ne satisfait pas encore la demande en logements sociaux. D’o๠un certain nombre de recommandations qui seront mises en Å“uvre.
En premier lieu, il sera exigé des promoteurs d’afficher et les prix et les conditions particulières sur les lieux de vente. Cette mesure concernera aussi les spots publicitaires à la télévision, qui bénéficient, selon les termes d’une convention signée avec le ministère de la Communication, d’une réduction de 50%. Tout spot devra donc inclure les prix des logements et leur situation exacte. L’enquête recommande aussi un contrôle de proximité plus dissuasif .
