Affaires
Une architecture pour communiquer de la transparence à la mission des Domaines
Avec l’extension du bâtiment des Domaines de Casablanca, l’architecte Sifeddine Touzani démontre qu’un projet fait aussi œuvre de modernité par un travail respectueux de l’histoire architecturale et environnementale d’un lieu.

Voilà 5 ans que le projet fut confié à Sifeddine Touzani. Il dessina un bâtiment d’expression symétrique et très orthogonal, approuvé par l’administration, jamais réalisé. En confiant à l’architecte un nouveau projet, l’administration demande, grâce à une conception raisonnée des espaces, une refonte complète de l’organisation interne du travail mais aussi un signe important de la transparence qu’elle souhaite appliquer et communiquer dans les actes de sa mission.
Le projet en R+1, réceptionné le 17 octobre, est un ensemble ouvert sur son environnement, respectueux de l’architecture d’un bâtiment, si petit soit-il. Il comprend le réaménagement de l’existant, une extension et la construction de deux logements de fonction. La géométrie de la parcelle, le programme et les contraintes de réseaux en sous-sol ont dicté le plan de masse. Sur la rue Charm Echeikh, le domaine public offre un peu de son espace aux piétons grâce à un recul de 5 mètres. Sur la gauche un mur en biais, parallèle à deux barres mitoyennes de logements, matérialise la limite du terrain. Il se développe de hauteurs en volumes pour construire la guérite du gardien, les logements de fonction et guider, dans sa continuité, vers la façade de l’ancien bâtiment, long et étroit. A droite l’extension dessine un volume plus petit en arc de cercle : façade principale arrondie et façade arrière rectiligne perpendiculaire à la rue. L’angle d’implantation ainsi créé esquisse un rapprochement, dans leur milieu, entre les deux ailes du projet. C’est une verrière totalement transparente qui assure cette jonction.
Face à la rue, elle s’amenuise de sol en étage et protège les deux niveaux des circulations intérieures aux services. Perpendiculairement à cette zone de passage, l’architecte a positionné l’entrée centrale de l’édifice : un cylindre ouvert en béton, qui se prolonge par un couloir vitré donnant sur l’accueil.
Une structure de colonnes apparentes, des pilotis et brise-soleil
«Le bâtiment existant est révélateur de son époque moderne, avec sa structure de colonnes apparentes, les pilotis et les brise-soleil. J’ai voulu garder cette expression pour m’inscrire dans une continuité. J’ai repris les claustras et j’ai travaillé la liaison entre les deux ailes du nouveau projet». Seule l’enveloppe extérieure de l’ancien bâtiment est conservée. Sur sa façade, de nouvelles baies accompagnent les modifications intérieures: aménagement de zones de travail individuelles ou collectives spacieuses. L’extension est travaillée dans un même esprit avec des façades animées de rythmes horizontaux réalisés par des cadres en relief prenant en sandwich lamelles des pare-soleil et meneaux de séparation des baies. L’ensemble des bâtiments est recouvert d’un enduit peint en blanc, tout comme les ouvertures de formes variées – cercle, carré ou rectangle. L’architecte a mis en valeur chaque zone de transition, les jonctions ou ruptures entre bâtiment, sol et ciel, sont relevées par des décrochements de façades ; des différences de hauteur d’acrotère ; quelques aplats de ton ocre rose ; un traitement différencié des sols pour les accès piétons, les voies de circulation ou les aires de stationnement respectueuses des beaux gréviléas et ficus présents sur le site qui ont été tous été conservés.
Un «petit projet» mais un exercice réussi de maîtrise de l’échelle des volumes dans un rapport urbain plutôt discontinu où l’architecte assume la philosophie de ses choix conceptuels : «Je ne fais pas la politique de l’Etat mais j’approuve lorsqu’il agit directement sur la production de l’espace en tant qu’acteur citoyen, j’en profite pour signifier sa bienvenue à l’utilisateur».
L’expérience de Casa pourra être élargie
Les Domaines de Casablanca gèrent tout ce que l’administration publique de la ville possède, achète ou saisit : terrains, immeubles et biens. Plusieurs services et leurs archives, disséminés dans la ville, sont regroupés dans le nouvel espace aux fonctions bien définies : au centre, entrée unique pour le personnel et les visiteurs ; à gauche, la direction et l’archivage ; à droite, les services. L’usager ne se rendra plus dans les bureaux, il attendra dans une salle d’attente que l’agent concerné se déplace et le reçoive dans un bureau vitré. Les archives ne seront plus stockées dans les espaces de travail mais dans des salles spécialisées – archives mortes ou vivantes – à proximité d’une salle de consultation. Des plateaux de bureaux paysagers sont aménagés pour 6 postes. Si cette expérience menée à Casablanca est probante elle sera appliquée aux autres sites de la direction des Domaines.
