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Plan d’accélération industrielle : le point sur les contrats de performance signés

L’automobile largement en avance sur les objectifs fixés dans le contrat de performance, selon l’Amica. L’aéronautique reste très dynamique sur la rubrique de l’installation des nouveaux investisseurs et de l’intégration locale. Les opérateurs du poids lourd et carrosserie industrielle, des filières du cuir et de l’industrie chimique sont en train de mettre en place les structures d’animation et de supervision des écosystèmes.

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Plan acceleration industrielle

Les équipes du ministère du commerce et de l’industrie ne chôment pas. Depuis le lancement du Plan d’accélération industrielle (PAI) en avril 2014, les réunions destinées à mettre en pratique les axes de la nouvelle stratégie 2014-2020 se succèdent. Le but est d’offrir un emploi à 1 million de jeunes sur la prochaine décennie, augmenter la part de l’industrie dans le PIB de 9 points pour la faire passer à 23% en 2020, dynamiser la capacité d’exportation sur les plans quantitatif et qualitatif et améliorer la capacité d’accueil des investisseurs. A ce jour, huit secteurs industriels ont structuré une partie de leurs filières les plus dynamiques en écosystèmes et se sont assigné des objectifs chiffrés (emplois, investissement exportations…) à travers des contrats de performance, une sorte de déclinaison opérationnelle du PAI. Ce sont l’industrie automobile, l’aéronautique, les industries du cuir, la chimie et parachimie, le poids lourds et carrosserie, les matériaux de construction, l’industrie pharmaceutique et le textile. L’Exécutif s’engage à mettre en place un dispositif d’appui et des subventions pour atteindre les objectifs assignés. Bilan d’étape des différents contrats de performance signés à ce jour.

Automobile : démarrage en trombe

Lancés en 2014, les écosystèmes automobiles sont censés créer, à l’horizon 2020, 90000 nouveaux emplois, porter le chiffre d’affaires à l’export du secteur à 120 milliards de DH, et le taux d’intégration locale à 60%. Les 4 premiers écosystèmes ont concerné les filières du «câblage automobile», «l’intérieur véhicule & sièges», «métal/emboutissage», et «batteries automobiles». En février 2016, l’écosystème «moteurs et transmission» s’est également mis en place. Il concerne les métiers de la fonderie fonte, la fonderie aluminium, l’injection d’aluminium sous pression, l’affinage d’aluminium et l’usinage. Cet écosystème contribuera à créer 10 000 emplois industriels directs à forte valeur ajoutée, générer un chiffre d’affaires additionnel de plus de 6,5 milliards de DH et un investissement total de près de 6,5 milliards, et améliorer le taux d’intégration de la filière «Powertrain Automobile» de 25 points via le développement du sourcing local.

Selon Hakim Abdelmoumen, président de l’Association marocaine de l’industrie et du commerce de l’automobile (Amica), le secteur est largement en avance sur les objectifs arrêtés dans le contrat de performance. Mieux encore, ces objectifs seront atteints en 2017-2018 par quelques filières bien avant l’échéance de 2020. «Tous les investisseurs ciblés sont en train de s’installer», se félicite M. Abdelmoumen.

Notons que trois conventions de partenariat avec le groupe Attijariwafa bank, la Banque Populaire et le groupe BMCE Bank, visant l’accompagnement du déploiement des écosystèmes automobiles, ont été conclues. Les trois banques proposent ainsi une offre de financement appropriée pour les industriels du secteur.

Poids lourd et carrosserie industrielle : le contrat d’application en préparation

Signé en juillet 2015, le contrat de performance du secteur prévoit d’ici 2020 de porter l’effectif à 24 000 employés et la production annelle à 34 500 unités (contre 6 000 en 2014) dont 30% seront destinés à l’export. La profession s’engage aussi à contribuer au PIB à hauteur de 8 milliards de DH et à réaliser 6 milliards à l’export. Selon Adil Zaidi, président du Groupement du poids lourd et de la carrosserie (GPLC), les dispositions du contrat d’application sont en train d’être mises en place. Ce cadre contractuel prévoit les modalités de choix de la structure opérationnelle chargée de la mise en œuvre du plan et des cabinets conseils devant accompagner l’écosystème dans la préparation de ses décisions stratégiques. Ce travail devra être achevé début avril. Par ailleurs, M. Zaidi indique qu’une fois l’exécution du contrat d’application achevée, l’étape suivante consistera pour la filière à mettre en place un marché axé sur les locomotives qui feront graviter autour d’elles des équipementiers de rang1, des prestataires de services et des fournisseurs de matières premières. Il ajoute que la dynamique est bien enclenchée, les travaux vont bon train, et la réalisation des objectifs fixés dans le contrat de performance sera mécanique une fois les textes législatifs adoptés.

Aéronautique: l’intégration industrielle s’améliore

En juillet 2015, l’industrie aéronautique a constitué 4 écosystèmes dans les filières de l’assemblage, du système électrique-câblage et harnais (EWIS), de l’entretien-réparation & révision (MRO) et de l’ingénierie. Deux contrats de performance ont été conclus avec les industriels. Objectifs arrêtés pour 2020: la création de 23 000 nouveaux emplois, soit le triple de l’effectif actuel, le doublement du chiffre d’affaires à l’export pour le porter à 16 milliards de DH, un taux d’intégration local de 35% et l’attraction de plus de 100 nouveaux investisseurs.

Le bilan d’étape est très satisfaisant, à en croire les professionnels. Depuis sa structuration en écosystèmes, l’industrie aéronautique est très dynamique sur le volet des investissements. Eaton, Alcoa, Stelia, filiale d’Airbus et n°1 des aérostructures en Europe, Latéocère ou encore Thales, plusieurs mastodontes mondiaux ont pris pied à Midparc. Une dizaine d’opérateurs déjà présents ont prévu des extensions de leurs unités.

Côté exportations, si les chiffres de l’Office de change ne laissent pas apparaître une véritable montée en cadence, le Gimas insiste sur le fait que les variations saisonnières sont peu importantes. Le plus important est la tendance globale qui permettra au secteur de franchir un nouveau palier. Le groupement souligne par ailleurs que l’intégration industrielle s’améliore d’année en année, notamment pour des activités très pointues et très complexes (type fabrication des inverseurs de poussée) dont le taux atteint plus de 17% et est censé doubler d’ici 2020. En définitive, les opérateurs estiment que le secteur est en ligne avec les objectifs vu la dynamique, notamment pour ce qui est des projets industriels et du rythme d’installation de nouveaux opérateurs.

Chimie-parachimie: les écosystèmes seront pleinement opérationnels vers la fin de l’année

Deux écosystèmes ont été lancés le 17 décembre 2015, la chimie verte et la chimie organique. Ces deux écosystèmes, qui n’englobent pas les activités du groupe OCP, visent à créer 12 430 nouveaux emplois directs et 20 570 emplois indirects, générer un chiffre d’affaires additionnel de 14,6 milliards de DH et une valeur ajoutée additionnelle de 3,8 milliards de DH, et ce, à l’horizon 2020. Selon Bouchaib El Hachadi, directeur de la Fédération de la chimie et parachimie (FCP), la structure d’animation dédiée aux écosystèmes identifiés de la chimie -qui sera domiciliée au sein de la FCP- est en cours de création. Sa mission est de coordonner, d’orchestrer et animer les réseaux d’entreprises. De concert avec les équipes du ministère, la fédération travaille sur le plan d’action, les indicateurs de contrôle et les budgets. Une réunion entre les deux parties est programmée ce 1er avril. M. El Hachadi espère que les écosystèmes identifiés seront pleinement opérationnels vers la fin de l’année ou début 2017.

Industries du cuir : préparatifs en cours

Trois filières du secteur du cuir se sont organisées en écosystèmes le 11 février 2016 : la chaussure, la maroquinerie-vêtements en cuir et la tannerie. Les contrats de performance ont été signés. D’ici à 2020, ces écosystèmes espèrent créer 35 000 nouveaux emplois stables et réaliser 5,5 milliards de DH à l’export. Hamid Ben Rhrido, président de la Fédération marocaine des industries du cuir (Fédic), indique que plusieurs réunions ont été tenues avec des établissements publics, dont Maroc Export, Maroc PME, et l’OFPPT pour arrêter le cadre général d’interaction entre la fédération et ses partenaires. Une autre rencontre avec l’Administration des douanes est annoncée pour le 5 avril. 

M. Ben Rhrido souligne que toutes les institutions approchées manifestent la volonté de soutenir la filière cuir. «Si cette synergie est créée, les objectifs sont facilement réalisables», résume-t-il. Notons qu’une bourse du cuir sera ouverte à Fès.