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Le dépôt moyen par compte bancaire tombe à 32 000 DH

En 2010, il était de plus de 56 000 DH. Le nombre de comptes bancaires a doublé en 5 ans, alors que l’encours des dépôts n’a progressé que de 20%. La tendance s’explique par les efforts d’inclusion financière qui amènent un grand nombre de comptes avec de plus petits dépôts.

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L’accès aux services bancaires s’est indéniablement démocratisé au Maroc. Le taux de bancarisation communiqué par Bank Al-Maghrib, passé de 50% à plus de 64% depuis 2010, en est la meilleure preuve. Mais l’on n’a pas nécessairement idée des évolutions au niveau des comptes bancaires (nombre, montants déposés…) qui interviennent dans ce sillage. Des données fouillées de BAM sur l’ensemble des comptes au niveau national, communiquées aux banques de manière restreinte, apportent plusieurs éclairages. Il en ressort que plus de 18,6 millions de comptes, tous types confondus (comptes chèques, courant, épargne, à terme et bons de caisse), sont ouverts aujourd’hui au Maroc. En remontant tout juste à 2010, on ne comptait que 8,6 millions de comptes, ce qui fait que l’effectif aura plus que doublé en 5 ans. Il s’agit d’une véritable montée en flèche, sachant qu’avant cela, 10 ans auront été nécessaires pour parvenir à un doublement du nombre de comptes ouverts, passé de 4,2 à 8,6 millions sur la période 2000 à 2010.

«L’accélération de la création de comptes sur les 5 dernières années est à lier aux importants efforts consentis par le secteur bancaire pour développer son réseau d’agences. Chaque nouveau point de service permettant systématiquement de recruter une nouvelle clientèle», explique un directeur de banque de détail.

L’effet Al Barid Bank

Il faut en effet rappeler que le réseau bancaire (incluant le parc de la banque postale) est passé de 4 787 agences à plus de 5 900 sur les 5 dernières années, soit une hausse de 23%. A cela s’ajoutent les efforts des banques, surtout les plus grandes de la place, pour inclure une clientèle à faibles revenus, dans le cadre de stratégies de low income banking, observe un professionnel.

Le fait que le rythme soutenu de créations de comptes s’accompagne d’une progression nettement plus contenue du montant des dépôts, porte à croire que c’est surtout l’inclusion financière qui alimente la machine. Alors qu’ils totalisaient 484,6 milliards en 2010, les dépôts, tous comptes confondus, ne sont montés qu’à 594 milliards de DH, soit une hausse de 22%, très loin donc du doublement constaté au niveau du volume de comptes. Si l’on considère la décennie d’avant, entre 2000 et 2010, où l’on s’intéressait encore peu aux clients à faible revenu, le montant des dépôts et les créations de compte ont progressé dans les mêmes proportions.

De fait, un compte bancaire loge en moyenne de moins en moins d’argent au Maroc. Alors que le montant moyen ressortait à plus de 56100 DH en 2010, un compte n’est plus doté que de 31 900 DH actuellement. Notons bien que le phénomène ne concerne que les comptes de particuliers, qui sont aussi, après tout, les premiers ciblés par les actions d’inclusion financière. Les comptes courants, destinés exclusivement aux entreprises, affichent sur les 5 dernières années une toute autre configuration avec une progression de moins de 1% de leur nombre, à près de 590 000, et une hausse de 21% de leur montant, à 120 milliards de DH, induisant une hausse de leur dotation moyenne (203 000 DH) de 21%.    

La moyenne des dépôts plus élevée dans les petites localités

Outre les efforts d’inclusion financière des banques commerciales, le gap entre rythmes de progression des dépôts et de création des comptes de particuliers, s’explique par l’intégration d’Al Barid Bank dans les données du secteur. L’établissement a en effet amené un grand nombre de comptes relativement faiblement alimentés, du fait du positionnement historique de la Poste en matière de services bancaires, ciblant les bas revenus situés à l’extérieur des grandes villes. Pour dire, entre 2013 et 2014 (année d’intégration des données d’Al Barid Bank), le nombre de comptes au niveau national a fait un bond de 60% tandis que leur montant n’a progressé que de 13%.

Par ailleurs, le document de Bank Al-Maghrib révèle que les gisements de populations qui restent à bancariser ne se trouvent pas nécessairement là où on a tendance à le croire. Si l’on peut penser que la marge de développement est faible au niveau des grands pôles urbains, c’est précisément à ce niveau que le plus gros reste à faire. En témoignent les encours moyens au niveau de ces grandes agglomérations qui ressortent à un plus faible montant en comparaison avec les niveaux des petites localités. Par exemple, dans la région de Casablanca, l’encours moyen des comptes d’épargne se situe autour de 23 000 DH, tandis qu’il dépasse 25 000 DH dans une localité comme Khouribga. «C’est sur les grands pôles que nous portons nos efforts de bancarisation car ils accueillent une population d’ouvriers et de petits salariés, établis en milieu périurbain, et qui ne recourent pas encore aux services bancaires», confirme un directeur de réseau au sein d’un grand établissement de la place. Au contraire, les petits centres, que l’on imagine les plus concernés par les efforts de bancarisation, peuvent accueillir des utilisateurs sollicitant déjà fortement les services bancaires, d’autant plus lorsqu’il s’agit de foyers d’immigration historique. Par exemple, à Nador, un compte d’épargne accueille en moyenne près de 21 000 DH, alors que la moyenne nationale n’est que de 16000 DH. Pour les banques, il ne s’agit donc pas de territoires à conquérir, mais plutôt de marchés à défendre. A ce titre, «la compétition est à couteaux tirés au niveau de ces zones. La clientèle en a d’ailleurs conscience et fait bien jouer la concurrence pour décrocher les meilleurs taux de rémunération», assure un responsable de banque de détail.