Au Royaume
Dieu, préserve-moi de mes amis…
Quand on scrute, sur Google Earth, une photo satellite prise à des dizaines de kilomètres de la planète et quand on zoome sur nos provinces du Sud, aux confins des frontières, on n’y voit que la couleur dorée des dunes et, comme les grands monuments de la planète, une seule inscription en arabe est lisible de l’espace ici et là : Dieu, la Patrie, le Roi, disposée par nos vaillants soldats aux abords de ces casernes perdues au milieu de nulle part.

Quand des millions de Marocains sont sortis dans les rues de Rabat dimanche dernier, ils ont fait la démonstration que cette expression, Dieu, la Patrie, le Roi, n’est pas une simple devise qu’on appose dans les armoiries pour faire joli. Ils ont également réaffirmé que les fondamentaux de la Nation sont solides et c’est ce qui a permis à notre pays de faire figure d’exception dans une région terrassée. Et ce n’est pas un hasard si le Maroc a pu réaliser depuis quelques années une percée remarquable aussi bien dans le monde arabe qu’en Afrique fort de sa légitimité mais aussi de sa crédibilité. Une crédibilité que le Maroc doit à son implication constante, sincère, indéfectible et inconditionnelle pour la légalité internationale, pour la dignité humaine et pour l’instauration de la paix dans le monde. Il suffit pour s’en convaincre de savoir que le Maroc figure dans les 10 plus gros pays contributeurs en hommes aux missions des casques bleus dans le monde avec plus de 2 300 soldats. Sa crédibilité, le Maroc la tire aussi du fait qu’il figure souvent parmi les rares pays du Sud ayant signé et ratifié des grandes conventions à caractères humanitaires et celles relatives aux droits universels. Et c’est bien pour démontrer qu’il ne signe pas, là aussi, pour faire joli, que le Maroc a donné corps à ses engagements internationaux en mettant en place, en 2013, une véritable politique pour les migrants qui déferlent sur notre pays avec l’espoir de traverser le détroit.
Pourtant, malgré tout cela, cette succession d’initiatives hostiles dont fait l’objet notre pays depuis quelques mois est assez intrigante, voire énigmatique. Sans remonter jusqu’à l’incident avec la Suède, comment croire, par exemple, que les instances européennes, avec toute l’armée d’experts dont elles disposent, aient pu faire une bourde flagrante qui a conduit à l’arrêt de la Cour de justice européenne du 10 décembre au sujet de l’accord agricole ?
Peut-on croire qu’un diplomate du rang de secrétaire général de l’ONU, avec toute l’expérience et la pondération que supposent un tel poste, puisse faire de telles sorties sur un simple coup de tête ou même en contrepartie de quelconques promesses ? Loin de nous la théorie du complot, mais quand on rassemble tous les éléments du puzzle, il est difficile de croire à un simple concours de circonstances et de ne pas se poser de grandes questions à défaut de tirer quelques déductions hâtives. Le Maroc n’aurait-il pas finalement dérangé certains, y compris parmi les pays amis, par son «insolente» immunité, son légalisme à toute épreuve ou par les positions qu’il ne cesse de gagner ? N’aurait-il pas bousculé des intérêts et fait grincer des dents? «Dieu, préserve-moi de mes amis, mes ennemis je les connais»…
