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Relance de l’emploi : cette fois-ci sera-t-elle la bonne ?

Mesures d’incitation, intermédiation, auto-emploi et gouvernance sont les quatre axes de travail confiés à autant de commissions.

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Le gouvernement s’apprête à annoncer, à l’occasion des deuxièmes assises de l’emploi, qui se tiendront les 22 et 23 septembre à Skhirat, une série de mesures pour la relance et la promotion de l’emploi. S’il est sûr que deux ou trois annonces phare seront faites à l’occasion de ces assises, le plus gros des mesures d’incitation devrait être intégré dans la Loi de finances 2006 et les suivantes. Parmi les plus importantes, figure une mesure en faveur des diplômés chômeurs dont les associations ont été consultées et certaines d’entre elles associées même à la réflexion. En effet, l’approche voulue par le premier ministre Driss Jettou, aussi bien pour dresser un diagnostic que pour dessiner une politique de l’emploi, a été de ratisser large. Outre les départements concernés au premier chef, en l’occurrence ceux du Commerce et de l’Industrie, des Finances, de l’Intérieur et bien sûr de l’Emploi et de la Formation professionnelle, tout ce qui a un rapport de près ou de loin avec l’emploi a aussi été associé à l’élaboration de la nouvelle stratégie : CGEM, GPBM, syndicats, organismes d’intermédiation, etc.

Des solutions déjà testées, mais sans conviction
D’abord le diagnostic. A coup sûr, les équipes qui ont travaillé n’ont pas fait de découverte sur la persistance du niveau élevé du chômage structurel. Ses causes sont connues : croissance insuffisante pour générer des emplois, inadéquation entre l’offre et la demande sur le marché du travail, en raison notamment d’un système éducatif cloisonné et non réactif, qui génère des diplômés chômeurs, etc. Selon le professeur Larabi Jaïdi, qui déplore l’absence d’un chef d’orchestre sur le marché de l’emploi, «il ne suffit pas d’avoir une politique de l’emploi, il faut assurer un suivi de cette politique et accompagner les nouvelles tendances du marché». Car, toujours selon lui, l’emploi n’est pas seulement une résultante de la croissance, mais «un clavier à plusieurs touches». En d’autres termes, les recettes pour inciter à la création d’emplois sont connues et certaines d’entre elles ont même été testées, mais sans succès réel en raison d’un manque de coordination et de suivi. On peut rappeler à cet égard les primes et les exonérations à l’embauche ou pour l’encouragement de l’auto-emploi dans le cadre des fameux CIOPES (Centres d’information et d’orientation pour l’emploi) et le fiasco du crédit jeunes promoteurs, pour ne citer que ces deux instruments.

Adosser l’emploi à la politique de relance économique
Mais, à la lumière de l’approche adoptée, il semble qu’on va s’orienter vers une maîtrise et donc une meilleure mise en œuvre des nouvelles mesures, avec une meilleure articulation des instruments en place.
D’une part, on veut adosser la politique de l’emploi à la politique de relance économique, et particulièrement aux grands chantiers en cours ou à venir. En cela, les secteurs visés par le plan émergence suite aux recommandations de Mc Kinsey et des chantiers comme le port de Tanger Med ou les stations Azur, notamment celle de Saïdia, ou encore la cession des terres de Sodea-Sogeta, s’annoncent comme de grands gisements d’emplois. Encore faut-il que l’on trouve les profils demandés.
D’autre part, les sujets de réflexion des quatre commissions qui ont été formées montrent bien dans quel sens iront les mesures et une volonté de contrôle : mesures d’incitation, intermédiation, auto-emploi et gouvernance.
Sur les mesures, on croit savoir que des incitations fiscales ou autres seront accordées pour encourager les entreprises à embaucher des jeunes en début de carrière. Mais aussi des mesures pour la conversion des jeunes en début de carrière ou de personnes ayant perdu leur emploi.
Une décision très importante concerne ce que l’on peut appeler la privatisation de l’intermédiation, en ce sens que l’Anapec (Agence nationale pour la promotion de l’emploi et des compétences) travaillera avec les sociétés privées d’intermédiation, auxquelles elles sous-traitera une partie de ses placements. La mission et le fonctionnement de l’agence devront être revus dans ce but, surtout pour plus d’efficacité au niveau des régions, et elle devra coordonner ses activités avec les CRI (Centres régionaux d’investissement), les collectivités locales, les centres de formation, etc.
S’agissant de l’auto-emploi, les incitations seront mieux cadrées , notamment par un accompagnement au niveau de la conception et de la viabilité des projets ainsi que leur garantie.

Enfin pour ce qui est de la gouvernance, il s’agirait plutôt de ne pas tomber dans les travers du passé qui ont fait échouer des initiatives pour l’emploi qui étaient a priori bonnes.
A cet égard, les commissions seront, selon la volonté du premier ministre, présidées par des personnalités du privé qui sont au fait du monde de l’emploi et de la formation. Elles assureront aussi le suivi après les assises.
Reste une question de taille : pour mettre en œuvre une vraie politique de promotion de l’emploi, particulièrement en matière de formation et de conversion et de placement, il faut que l’intendance suive…