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Culture

«Dallas» : la comédie de la saison

Le premier long métrage «Dallas», du réalisateur Ali Mejdoub, vient de sortir le 24 février. Avec tous les ingrédients d’une bonne comédie, Dallas promet d’être un succès aux guichets.

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Dallas

Ce film-là, on en parle depuis 2014 déjà. Ali Mejdoub a pris le temps de peaufiner son œuvre avec le soutien d’Image Factory, la production qui a signé un autre grand succès du cinéma marocain : Road to Kabul, du réalisateur Brahim Chkiri. Sans prise de risque côté casting, Ali Mejdoub s’est davantage investi dans le dialogue et dans la tournure inattendue qui a bouleversé la trame. 

Tournage d’un tournage

Dallas (Aziz Dadas) est un réalisateur primé qui n’a pas l’âme très modeste. Il rêve du grand film qui le propulsera de nouveau aux devants de la scène. En attendant, il croule sous les dettes, fuit les huissiers et noie la sécheresse de son inspiration dans la bouteille, pendant que sa pauvre assistante (Amal Al Atrach) se démène comme elle peut pour sauver la boîte. Un jour, un scénario leur parvient d’un riche mécène (Driss Roukh) qui voudrait redorer l’image de son père.

Jugé mauvais, le tapuscrit finit tout de même par donner lieu à une rencontre avec ce riche mécène qui s’avère méprisant à l’égard de l’art et pas mal capricieux. Dallas contient à peine sa colère, sous l’insistance de son assistante et le martèlement du producteur pingre et incompétent (Kamal Kadimi) qui lui compte toutes ses dépenses. Mais sa patience s’achève face aux caprices de la star marocaine évoluant à Hollywood (Aissam Bouali) qui lui a été imposé par le mécène, pour jouer le rôle principal.

Lorsqu’un accident bête sur le lieu de tournage met fin aux jours de la star, Dallas a une vision de ce que pourrait être son futur grand film. L’histoire prend une tournure rocambolesque pour satisfaire la folie des grandeurs du réalisateur. Dans ce film, on en apprend pas mal sur les coulisses de l’industrie du film. Ali Mejdoub y partage avec le public toutes les contraintes subies par les réalisateurs de la part des producteurs.

Et c’est dans l’humour qu’il assène des coups aux intrus fortunés qui pensent pouvoir acheter le talent et le savoir-faire. Mais Dallas ne ménage pas les réalisateurs non plus, puisqu’il pointe également les abus sur les plateaux de tournage, les promotions canapé et l’autocensure.

La juste mesure

Lors de la seizième édition du Festival national du film (février 2015), Dallas a raflé le prix du premier rôle féminin et le prix du premier rôle masculin. Et pour cause. Un flamboyant Aziz Dadas et une mutante Amal Al Atrach qui ont fait montre d’un grand talent. S’il est vrai qu’Aziz Dadas se bonifie et se professionnalise de film en film, c’est surtout grâce à un rôle taillé sur mesure qu’il crève le grand écran. On y retrouve ses crises de nerf poilantes, sa logorrhée et sa parade séductrice habituelles. Le tout dosé avec mesure, qu’on en redemande. Amal Al Atrach excelle dans le rôle de l’assistante dévouée et investie, moralement mais aussi matériellement : la perle rare qui se contente d’évoluer dans l’ombre de la star et qui est à deux doigts de péter une durite ! Pour s’assurer un succès de salles, Ali Mejdoub est resté dans le politiquement correct. Le dialogue a été aseptisé à outrance, alors que le sous-titrage français balançait les intentions réelles des dialoguistes. À croire que les «gros mots» passent mieux à l’écrit…

Dallas s’est réalisé en deux temps, puisqu’il devait être produit par Timlif, avant de trouver un meilleur soutien auprès d’Image Factory. Le scénario a été écrit par Ali Mejdoub, en collaboration avec l’écrivain et scénariste Mohamed Laroussi.

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