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«Après le téléphone pour tous, notre nouvelle vocation est l’Internet pour tous»

Inwi investira 10 milliards de DH sur les 5 prochaines années pour consolider et étendre son réseau. L’opérateur étudie les opportunités d’investissement qui s’offrent sur le continent africain.

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Nadia Fassi Fehri

Vous arrivez aux télécoms après avoir touché aux mines, à l’énergie, aux ressources humaines, à l’affichage et à l’édition. Y a-t-il des liens entre tous ces secteurs et toutes ces expériences ?

Durant mon parcours professionnel, j’ai eu en effet la chance de vivre des expériences et relever des challenges qui m’ont enrichie tant sur le plan personnel que professionnel. Le point commun, s’il fallait en trouver un, c’est le développement et la croissance de nouvelles activités. Après des études et un premier emploi dans la banque en France, j’ai intégré le groupe Managem pour superviser l’étude de faisabilité puis l’exploitation de la mine d’Akka, la première mine d’or au Maroc. Une expérience intense et humaine qui a façonné ma personnalité. Après Managem, j’ai dirigé Nareva, entreprise spécialisée dans les énergies et l’environnement. Un secteur d’avant-garde où le Maroc s’est positionné il y a déjà plusieurs années et qui permet à notre pays d’être cité en modèle aujourd’hui. J’ai ensuite été appelée par la holding ONA en tant que Directrice des ressources humaines, de la communication et des supports avant de prendre la direction générale de FC Com, entreprise spécialisée dans l’affichage, l’édition et le numérique.

Depuis juin 2015, je suis PDG de Inwi avec une mission et un challenge passionnants : accompagner l’extraordinaire développement et les profondes mutations en cours dans le secteur des télécoms au Maroc.

Quel regard portez-vous sur le secteur des télécoms aujourd’hui au Maroc ?

C’est un secteur dynamique et en constante évolution. Les solutions d’accès à l’Internet à très haut débit ont tendance à se généraliser et ouvrent de nouvelles perspectives de développement. Les opérateurs et les acteurs de l’économie numérique doivent par conséquent innover et proposer aux clients des services et des contenus à forte valeur ajoutée pour continuer à créer de la richesse dans un secteur dynamique et loin d’être saturé.

Concernant Inwi, sa première vocation était le téléphone pour tous, simple, accessible et qui marche partout, ce qui a permis à tous les Marocains de téléphoner à leur guise. Aujourd’hui, le secteur se prépare à franchir un nouveau cap : celui du développement de l’internet. Nous souhaitons que l’accès de tous les Marocains à Internet soit simple, accessible et fiable. Chez Inwi, cela n’est pas seulement un objectif stratégique ou commercial, c’est un devoir, du moment que nous sommes aujourd’hui une entreprise de téléphonie à capitaux majoritairement marocains. Mais il faut y aller vite. Le temps nous est compté. Chez Inwi, nous avons de grandes compétences en interne, d’autres talents et d’autres compétences nous rejoindront. De nouveaux managers maîtrisant de nouveaux outils devraient nous aider pour arriver à cet objectif.

De plus en plus de cercles se font l’écho de licenciements et d’un plan social depuis votre arrivée à la tête de Inwi. Vrai ou faux ?

Le secteur vit de profondes mutations et connaît de grands changements. Face à cela, nous sommes obligés de faire évoluer notre organisation, nos process de travail, nos méthodes, etc.

Cette mutation est nécessaire pour mieux servir le client. Cependant, je tiens à signaler que Inwi n’est pas engagé dans un plan social ou une stratégie de réduction des effectifs. L’effectif me semble aujourd’hui équilibré et en ligne avec notre phase de développement. L’enjeu est d’investir dans la formation et le développement des compétences afin de répondre aux évolutions technologiques.

Sinon, j’ai partagé mes objectifs et ma stratégie avec le management de l’entreprise et je les ai diffusés à l’ensemble des collaborateurs. Je profite d’ailleurs de cette occasion pour souligner l’engagement et le dynamisme des équipes de Inwi et leur persévérance pour continuer à innover et d’être au service des consommateurs et du développement du secteur des télécommunications au Maroc. C’est un challenge passionnant, nous avons les talents, la volonté et les moyens pour le relever.

Quels sont vos chantiers prioritaires à la tête de Inwi ?

Nous devons rester vigilants, anticiper les besoins de nos clients, nous mettre constamment à jour et accompagner leurs usages, en constante évolution en voix, en utilisation de données et en services à forte valeur ajoutée. L’Internet à très haut débit fixe ou mobile est une chance et ouvre l’opportunité à de nouveaux relais de croissance. L’expérience de ces dernières années notamment en termes d’accès aux infrastructures nous prouve que nous avons besoin d’un nouveau cadre réglementaire, et de nouveaux outils de régulation. Il y va du développement et de la pérennité du secteur dans sa globalité.

Un plan d’investissement de 10 milliards de dirhams avait été annoncé par l’ancien Top Management. Le maintenez-vous ?

L’investissement est dans l’ADN de Inwi, opérateur global à capitaux majoritairement marocains. Investir pour être compétitif et efficace. Mais également investir pour faire bénéficier le plus grand nombre de Marocains des meilleurs services télécoms.

Nous avons déjà investi 10 milliards et nous investirons autant sur les 5 prochaines années afin de consolider et d’étendre notre réseau mobile et fixe. En tant qu’opérateur global des télécommunications, nous estimons qu’il est de notre devoir de démocratiser l’accès aux services télécoms en généralisant les connexions, qu’elles soient mobiles (3G et 4G) ou fixes (ADSL, fibre optique…) dans tout le Royaume.

Vous avez participé récemment à un appel d’offres en Côte d’Ivoire. Vous croyez qu’Inwi est suffisamment bien implanté au Maroc pour oser une expansion africaine?

Durant ces dernières années, Inwi a fait preuve d’une très grande expertise pour proposer aux Marocains des solutions innovantes et adaptées aux besoins des particuliers et des entreprises. Ainsi, Inwi étudie en parallèle de son développement au Maroc les opportunités d’investissement qui s’offrent à l’opérateur sur le continent.

Inwi a récemment lancé son offre ADSL. N’avez-vous pas peur de dépendre de l’opérateur historique pour gérer et développer cette offre ?

Le lancement de cette offre a été difficile, notamment à cause des difficultés d’accès aux équipements permettant de relier l’ensemble des foyers, et ce, malgré le cadre réglementaire mis en place par l’ANRT pour le dégroupage. Mais nous avons tenu bon. Grâce à la persévérance des équipes Inwi, nous avons pu lancer une offre ADSL simple d’utilisation. L’installation est intuitive et ne nécessite aucune intervention technique. Tous les clients ADSL de Inwi ont accès à une connexion internet sans limitation de débit au même prix et avec une seule facture.

Toutefois, le challenge est encore devant nous et nous avons besoin de la généralisation de l’accès sur tout le Royaume, et ce, à des prix compétitifs. 

La 4G a été votre cheval de bataille cette année. Croyez-vous que c’est un levier de croissance durable ?

La 4G représente un tournant pour le secteur dans sa globalité, dans la mesure où elle accélère la révolution de l’usage télécoms et ouvre de nouvelles perspectives de produits et de services télécoms.

Inwi a été le premier opérateur à lancer une couverture nationale 4G, en conformité avec ses ambitions de démocratiser l’accès aux TIC au plus grand nombre et de son avant-garde technologique et commerciale. Avec les offres mobiles et iDar, Inwi propose une gamme de connexion complète, adaptée à tous les besoins et tous les budgets. Nos offres internet rencontrent d’ailleurs un grand succès auprès de larges franges de la population.

Vous avez l’ambition de démocratiser l’accès des Marocains aux TIC, mais en même temps vous bloquez les applications de voix sur IP. N’est-ce pas contradictoire ?

En tant qu’opérateur télécoms, nous évoluons dans un marché régulé et nous sommes tenus de respecter les directives et les instructions de l’autorité de régulation du marché qui a décidé de restreindre l’accès à ces applications. En tant qu’opérateur, nous avons l’obligation légale d’appliquer cette décision.