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Economie sociale et solidaire : des acquis à consolider

Le nombre de coopératives a dépassé les 14 500 dont plus de 2 000 sont des coopératives féminines. L’absence d’une loi-cadre bloque l’essor de l’économie sociale et solidaire.

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Economie sociale et solidaire

C’était programmé pour être une très grande rencontre. La 5e édition des Assises de l’économie sociale et solidaire, qui s’est déroulée les 20 et 21 novembre à Skhirat, l’a bien été. D’abord par la qualité de l’assistance. En effet, des représentants des secteurs public et privé, de la société civile, des associations de microfinance, d’universités ainsi que ceux de nombreux pays et organismes internationaux ont répondu à l’invitation du ministère de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire. Des discussions de haute facture ont eu lieu sur le thème qui leur était proposé : «L’ESS : Quels référentiels pour le développement et la mise en cohérence ?». Plus précisément, l’objectif principal de ces assises était de permettre l’échange entre les différentes parties autour «des forces et des faiblesses» du secteur et du «besoin manifeste de cohérence des différentes dynamiques positives qui la traversent». La rencontre était une occasion pour tenter de définir les contours du secteur et ses référentiels, à travers la discussion de l’expérience nationale (état des lieux et perspectives), mais aussi en s’inspirant des expériences régionales (africaine et méditerranéenne) et internationales. Elle «intervient dans le cadre de notre souhait de réorganiser le secteur et de mettre à niveau ses différentes composantes», a précisé Fatima Marouan, ministre de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire.

La ministre a également mis en valeur le rôle de l’ESS dans les domaines de l’emploi, la lutte contre la pauvreté, ainsi que l’intégration des petits et moyens producteurs dans des projets de développement. A noter que l’ESS emploie près de 6,5% de la population active au sein de l’Union Européenne et que sa contribution au PIB s’élève à plus de 10% en France, en Belgique et en Hollande.

Cet importance est bien mise en relief par Martine Pinville, Secrétaire d’Etat française chargée du commerce, de l’artisanat, de la consommation et de l’économie sociale et solidaire. Elle a souligné que «l’ESS est porteuse de promesses, d’épanouissement social, de croissance durable et d’un vivre-ensemble solidaire. C’est ce qui fait toute sa particularité».

Les activités mutualistes et associatives prennent une place de plus en plus significative

Pour créer un environnement propice à son développement, la France, qui compte 2,5 millions de salariés dans l’ESS, a d’ailleurs adopté en juillet 2014 sa première loi-cadre relative au secteur.

Abdelilah Benkirane, chef du gouvernement, croit aussi en l’économie sociale comme moyen d’assurer un développement inclusif. A cet égard, il déplore le fait que «certaines catégories, en particulier les jeunes, soient exclues et abandonnées et ne bénéficient même pas du strict minimum». Et de préciser qu’«il est de la responsabilité de l’Etat de mettre en œuvre tous les moyens pour assurer à l’ensemble des citoyens une vie décente». Justement, l’ESS vise à concilier l’efficacité économique avec le respect des principes d’équité, de justice sociale et de protection de l’environnement. Elle renvoie au champ principalement formé par les coopératives, les associations et les mutuelles. Au niveau mondial, le secteur compte 2,6 millions d’entreprises d’intérêt collectif et regroupe un milliard de coopérateurs. Au Maroc, le nombre de coopératives n’a cessé de se multiplier et de se diversifier depuis le début du siècle dernier, jusqu’à dépasser aujourd’hui les 14 500 dont plus de 2000 sont des coopératives féminines. Les activités mutualistes et associatives prennent, quant à elles, une place de plus en plus significative au niveau du secteur.

Données imprécises sur sa contribution à l’économie nationale

Il n’en reste pas moins que dans le pays, l’ESS est confrontée à un certain nombre de faiblesses qui limitent son développement. C’est le cas notamment de l’absence d’une loi-cadre propre au secteur (la ministre a insisté là-dessus), ce qui a longtemps contribué à cultiver l’image d’un secteur éclaté aux contours mal définis. A cela s’ajoute le vide à combler en matière de restitution des données relatives au secteur de l’ESS et à sa réelle contribution à l’économie nationale. En effet, l’appréciation de l’impact de l’ESS demeure trop qualitative et il n’existe que des indicateurs approximatifs, tels que sa contribution au PIB, à hauteur de 1,6%, et quelques données relatives à certaines coopératives comme celles de la transformation laitière.

D’une manière générale, les participants aux Assises de Skhirat ont mis l’accent sur la nécessité d’aider au renforcement des acquis de l’ESS et de promouvoir l’implication de l’ensemble de ses acteurs, ainsi que leur contribution collective à l’identification précise du secteur. De même qu’ils ont appelé les acteurs de l’ESS à se référer à ses valeurs, ses modes de gouvernance et aux engagements pris en contrepartie des facilités et avantages qui leur sont consentis par les pouvoirs publics.