Affaires
La conserve de fruits et légumes bridée par le déficit de compétitivité

Seulement 15% de la production agricole locale transformés. Le contrat programme devrait favoriser l’intégration des unités industrielles, un moyen de garantir la disponibilité de la matière première. Le faible coût de la main-d’œuvre et une production agricole diversifiée sont deux atouts de taille pour le secteur.
La filière des fruits et légumes, désignée comme l’une des filières à fort potentiel d’export par le Plan Maroc vert, bénéficiera, dans le cadre du contrat programme du secteur agroalimentaire, de mesures spécifiques de soutien pour renforcer sa compétitivité et, ce faisant, son essor. Cette activité, qui regroupe plus de 125 entreprises et génère plus de 10 000 emplois et un chiffre d’affaires de 3,8 milliards de DH, évolue largement en dessous de son potentiel. Elle ne transforme pas plus de 15% de la production agricole locale, selon la Fédération nationale de l’agroalimentaire (Fénagri).
La rédaction du contrat programme n’est pas encore finalisée. Toutefois, des opérateurs indiquent que les mesures devraient «concerner essentiellement le volet fiscal pour une réduction du gap existant entre l’agriculture et l’industrie». Ce qui permettra d’améliorer la compétitivité sur les marchés domestique et étranger. Ils soulignent en outre que «la correction des distorsions existantes dans les accords de libre-échange et un contrôle plus strict de la qualité des produits importés sont également nécessaires». Le contrat programme devrait par ailleurs favoriser l’intégration des unités industrielles pour assurer la disponibilité de la matière première. A ce propos, la fédération évoque notamment le câpre, le cornichon, le haricot vert et l’artichaut que des industriels ont dû abandonner, faute d’approvisionnements en quantité et en qualité suffisantes. Sur ces produits, le Maroc est concurrencé par des pays comme l’Inde, les pays de l’ex-URSS, l’Iran, l’Espagne, la Jordanie ou encore le Kenya qui affichent des prix moins élevés, tout en se conformant aux besoins des consommateurs européens grâce à l’innovation. La filière dispose de deux atouts: le faible coût de la main-d’œuvre et une production agricole diversifiée: plus de 50 variétés. Sans oublier la proximité du marché européen, principal débouché du Maroc.
Innovation et émergence de nouvelles activités
L’Union européenne absorbe en effet l’essentiel des exportations de l’agroalimentaire : 81% des fruits en conserve sur un total de 10000 tonnes, 86% des 4 000 t de légumes en conserve, 96% des 71 000 t de fruits et légumes congelés, ainsi que 80% des 8 500 t de jus de fruits, essentiellement d’agrumes. Les exportations de fruits et légumes frais totalisent 1,25 million de tonnes. Elles sont composées pour l’essentiel des agrumes et de la tomate qui constituent respectivement 83% et 64% des expéditions, principalement vers l’UE, le Moyen-Orient et l’Afrique.
Selon les opérateurs, l’Europe reste un marché important, mais il est nécessaire d’élargir les deux derniers cités et de prospecter en Asie.
Pour asseoir une présence plus solide sur tous ces marchés, il va falloir aussi diversifier l’offre. Les opérateurs attendent, dans ce sens, des mesures spécifiques. Lesquelles mesures permettraient précisément de favoriser l’émergence de filières nouvelles (fruits secs et le snacking) et le développement d’activités existantes comme le surgelé.
Aujourd’hui, les exportations de fruits et légumes transformés s’élèvent à 2,4 milliards DH, en croissance annuelle moyenne de 3,3% durant les dix dernières années.
