Affaires
Déchets hospitaliers : imbroglio autour d’un appel d’offres lancé par le ministère de la santé

Les professionnels jugent les spécificités techniques de l’appel d’offres discriminatoires. Selon eux, celles-ci favoriseraient un modèle en particulier. De son côté, le ministère affirme que d’autres modèles sont concernés.
Lancé le 17 septembre dernier par la Direction des équipements et de la maintenance du ministère de la santé, l’appel d’offres ouvert 15/2015/2 relatif à la fourniture et à l’installation de «matériel médico-technique» pour le traitement des déchets médicaux à risque, et destiné à différentes formations sanitaires dans le Sud du Maroc, inquiète les professionnels de la gestion des déchets médicaux (DM). En effet, ces derniers n’ont pas manqué de critiquer, à plusieurs niveaux, le contenu du cahier des prescriptions spéciales (CPS) de l’appel d’offres, décliné en deux lots. Le premier marché, estimé à 24 MDH, concerne la livraison de 8 appareils de traitement des déchets hospitaliers solides et liquides, un pour chaque établissement (hôpital provincial de Tata, hôpital Sidi Hsein Benacer d’Ouarzazate…). Le deuxième lot, estimé quant à lui à 5,76 MDH, porte sur la livraison de 4 appareils de traitement des effluents hospitaliers contaminés de capacité moyenne, pour Ouarzazate, Guelmim, Laâyoune et Oued Eddahab. Pour les opérateurs de la place, le cahier des charges favoriserait un modèle de broyeur-stérilisateur particulier, à savoir le Sterilwave de Bertin Technologies.
Plusieurs éléments de l’appel d’offres sont critiqués
«Les spécifications techniques, à savoir le mode de traitement aux micro-ondes, la capacité du traitement dans un cycle et les spécificités de la cuve d’alimentation et la taille des broyats, sont discriminatoires et destinées à une société étrangère bien spécifique», s’insurge un professionnel. Aux éclaircissements publiquement demandés sur ce point par les sociétés Carrefour Medical et SCRIM, la direction concernée se défend : «Une recherche sur Internet a montré qu’il y a d’autres marques qui utilisent le procédé à micro-onde». Une réponse qui est loin de satisfaire les entreprises du secteur pour qui, au-delà du traitement spécifique par micro-ondes, d’autres critères privilégient ce modèle. Contactée par La Vie éco, la Direction des équipements et de la maintenance n’a pu répondre à temps. En attendant, les professionnels ne s’arrêtent pas là. «Parmi les normes spécifiées pour le traitement des déchets liquides (lot 2), trois points techniques sont défaillants», confie un autre opérateur. D’abord, le dosage de production de l’ozone serait sous-évalué : «Pour un volume de traitement de 350 litres de liquides infectieux, il faudrait un ozoneur de 25g/h minimum quand le CPS spécifie 2g/h», explique-t-on. De la même façon, le CPS ne retiendrait que la fabrication d’ozone par lampe UV, ignorant ainsi la méthode par charge électrique.
Enfin, les spécificités techniques de ce lot n°2 précisent «accessoires hydrauliques en PE et en acier inox». «L’ozone est connue pour attaquer l’inox et l’acier. Un alliage spécial doit donc être utilisé pour la canalisation», explique-t-on. Au final, c’est l’existence même de l’appel d’offres qui est critiquée. L’ouverture des plis, prévue ce vendredi 30 octobre, nous dira si la direction des équipements et de la maintenance persiste dans ses choix et prend le risque d’une confrontation directe avec ce secteur d’activité.
