Affaires
Pêche au poulpe : l’Etat a-t-il cédé à la pression des armateurs ?
Le nombre d’autorisations de sortie accordées aux bateaux dépasse celui du plan d’aménagement.
C’est devenu pratiquement une tradition dans le secteur: solliciter l’arbitrage du premier ministre lorsque la décision à prendre est de nature politique ou tout simplement difficile. Ce vendredi 24 décembre, une réunion entre Driss Jettou, Mohand Laenser, ministre de l’Agriculture et des Pêches maritimes et les opérateurs de la pêche céphalopodière devait ce tenir à la primature. Réclamée par la CGEM, elle porte, à en croire un opérateur, membre de la confédération et partie prenante à la réunion, sur le sujet délicat de la pêcherie illicite du poulpe, le laxisme du contrôle et l’implication des congélateurs dans ce commerce. Selon des sources concordantes, les unités de congélation de la ville de Dakhla ont constitué des stocks importants de poulpe durant la période même du repos biologique observée jusqu’au 15 décembre.
Le poulpe n’a pas encore atteint la taille commerciale réglementaire
Driss Jettou et le ministre des Pêches ont donc du pain sur la planche. Pourtant, le dossier a été pratiquement à l’agenda des quatre derniers gouvernements. Le profil des propriétaires n’est pas pour arranger les choses. L’essentiel de ces unités de congélation appartient à de grands notables de la région.
Outre cette question, l’application du plan d’aménagement poulpier, désormais appelé la «matrice de Ghafès» (en référence à Taïeb Ghafès, prédécesseur de Laenser), sera également à l’ordre du jour. La dernière décision du ministre des Pêches, relative à la reprise de l’activité, fait bien référence à ce plan, mais comprend quelques contradictions. A la lecture du communiqué, il semble que le ministère, après avoir tenté de résister, a fini par céder aux arguments des opérateurs. C’est ce qui expliquerait l’autorisation donnée pour pêcher dans la zone située au sud de Cintra (région de Dakhla), où le stock poulpier n’a pas encore atteint la taille commerciale réglementaire.
Par ailleurs, le plan d’aménagement concernant la flotte côtière évoque uniquement 100 bateaux avec un système de zoning mentionné sur la licence. L’Etat a cédé également sur ce point. Quelque 300 bateaux côtiers se relaient aujourd’hui. Pour la pêche hauturière, pratiquement le même nombre de bateaux a été autorisé à participer à la campagne «sans même que nombre d’entre eux ne s’acquittent des redevances des licences de pêche», selon un opérateur du secteur. Pour la pêche artisanale, les barques n’ont pas encore quitté la terre ferme. Leur association bute sur le choix des 2 500 barques devant prendre part à la campagne.
Les unités de congélation de la ville de Dakhla ont constituédes stocks importants de poulpe durant la période même du repos biologique observée jusqu’au 15 décembre…
