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Les syndicats remettent en cause les scénarios retenus pour l’AMO

Driss Jettou accélère pour boucler le dossier
L’UMT rejette plusieurs propositions, la CGEM se dit satisfaite.

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Réunions-marathon à la primature pour boucler le projet de l’Assurance maladie obligatoire (AMO). Les propositions du gouvernement ont été présentées en début de semaine aux syndicats et, ce vendredi, c’est au tour du patronat de prendre connaissance des scénarios retenus. Quant aux prestataires de soins, médecins et pharmaciens, ils n’ont pas été, selon leurs propos, «encore approchés par la primature. Ce qui reste incompréhensible et injustifié car nous sommes aussi concernés par ce projet social».

Pour l’UMT, l’AMO est un «Smig de la santé»
Pour le moment, la primature met les bouchées doubles pour respecter le dead-line retenu, soit janvier 2005, pour la mise en œuvre de l’AMO. Et c’est à partir du 22 novembre que les négociations tripartites (syndicats, gouvernement et CGEM) débuteront pour durer environ deux semaines. Sur quoi portera le débat ?
Panier de soins, taux de cotisation et de remboursement constitueront les thèmes centraux de ces rencontres. Du côté des centrales syndicales, des comités techniques, constitués d’experts et chargés de plancher sur les propositions du gouvernement, ont été créés. A la Confédération démocratique du travail (CDT), on s’abstient de commenter le projet car «pour l’instant, nos experts n’ont pas encore tous les éléments en main. Ils sont en train d’analyser chacun des schémas proposés. Mais nous insistons sur la nécessité de préserver les acquis et d’améliorer les prestations». Pour l’Union marocaine des travailleurs (UMT), le ton est plus critique : «Nous considérons que certaines propositions sont inacceptables et ne correspondent pas à nos attentes».
Trois propositions sont remises en cause par la centrale de Mahjoub Benseddik.
L’UMT, qui a également confié les scénarios à ses experts pour étude, estime d’abord que le «panier de soins limité aux pathologies chroniques doit être revu. Les médicaments doivent être remboursés. Car, à défaut de cela, il s’agira d’une couverture médicale au rabais et le projet actuel est un Smig de la santé».
Ensuite, la centrale considère que la prise en charge de l’enfant doit s’étendre au-delà de 6 ans ( 12 ou 15 ans). Enfin, elle rejette la répartition de la cotisation entre salariés et employeur retenue (50%-50%). «Nous voulons nous aligner sur ce qui se fait sous d’autres cieux et répartir la cotisation à hauteur de 2/3 pour l’entreprise et 1/3 pour l’employé», indique un responsable de l’UMT. Cette centrale fait également une dernière remarque portant sur l’article 114 de la loi 65-00 qui stipule le glissement des 35 000 bénéficiaires d’une assurance complémentaire vers l’AMO sur une période transitoire de 5 ans renouvelable. «Les assurés doivent faire le pas de façon volontaire et la transition doit être renouvelable à plusieurs reprises car il n’est pas question de “désafilier” les assurés pour les diligenter vers un système qui promet d’être moins attrayant», dit-on à l’UMT.
Pour les prestataires de soins, pharmaciens et médecins, on dit ne pas «avoir de qualificatif pour les scénarios proposés. Ceux-là ne correspondent à aucune réalité. Comment envisager une AMO sans rembourser les médicaments !».
Si le projet est remis en cause par l’UMT, il semble contenter le patronat. Hassan Chami, président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), tout en précisant qu’il n’a pas encore pris connaissance des détails du projet affirme que, «d’après les premiers éléments rendus publics, la commission technique a retenu les observations de la CGEM ; et cela constitue un point positif». Mais pour qui ? Le patronat avait proposé une couverture médicale progressive avec un panier de soins restreint. Une proposition qui n’est pas innocente puisqu’elle n’implique qu’une petite cotisation.
Toutes ces réactions portent à croire que les négociations seront animées. On s’éloigne en effet de l’objectif initial, qui est de couvrir l’ensemble de la population marocaine. Les scénarios proposés, s’ils sont retenus, ne porteront la part de la population couverte qu’à 20 ou 25 %, contre 15% qui bénéficient actuellement d’une couverture médicale.