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Affaires

Bataille autour des tarifs d’interconnexion entre Méditel et IAM

IAM veut baisser les tarifs alors que Méditel demande leur hausse, l’ANRT devra trancher.
Favorisé par la structure du marché, IAM profite plus de l’interconnexion que son concurrent.
La baisse des tarifs ferait perdre à Medi Telecom 186 MDH par an.

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L’éternel problème des tarifs d’interconnexion entre Maroc Telecom et Meditelecom refait surface. L’opérateur historique demande une baisse, alors que l’opérateur privé de téléphonie mobile estime plutôt que lesdits tarifs devraient être revus à la hausse. Depuis la mi-septembre, l’ANRT (Agence nationale de réglementation de télécommunications) dispose des arguments des deux opérateurs et doit trancher dans un problème plutôt délicat. Explications.
Depuis l’arrivée de Meditelecom, en avril 2000, une grille tarifaire relative aux redevances que doit payer chacun des opérateurs pour les appels effectués par ses abonnés vers le réseau de son concurrent (voir encadré interconnexion) avait été mise en place. Un système qui avait généré beaucoup de frictions entre les deux opérateurs -surtout Meditelecom- qui étaient manifestement insatisfaits des montants fixés. D’ailleurs, à maintes reprises, le régulateur était monté au créneau pour jouer les bons offices.
L’affaire en serait restée là si Maroc Telecom n’avait pas adressé le 5 juillet dernier une requête à l’ANRT estimant que les frais d’interconnexion relatifs aux appels de fixe IAM à mobile Meditelecom sont trop élevés et demande une baisse de 33%. L’argument de Maroc Telecom est fort logique : pour tout appel émanant d’un poste fixe vers un mobile méditel, IAM qui facture son client 2 DH/minute, en reverse 1,43 DH à son concurrent. Or, la plupart des appels étant effectués dans le sens fixe vers mobile, Maroc Telecom en concluait dans sa requête qu’il subventionnait les mobiles de son concurrent et demande en conséquence la baisse de la redevance dont il doit s’acquitter.

4,70 centimes versés au partenaire pour 2 DH payés par l’utilisateur
Réponse du berger à la bergère, Meditelecom a fait faire une étude détaillée par le cabinet espagnol, OVUM, spécialisé dans les télécoms et sur la base des résultats de ladite, demande au contraire une hausse de la redevance du par son concurrent. Les arguments de Méditel ne sont pas moins solides.
En fait, il faut savoir que si, en apparence, le volume énorme des appels de fixe IAM à mobile Méditel (sans commune mesure avec les appels dans l’autre sens) doit logiquement favoriser l’opérateur GSM privé, mais dans les faits il n’en est rien. Aux heures de pointe, Maroc Telecom encaisse 2 DH pour la première minute, indivisible, et 1 DH par paliers de 30 secondes, pour les minutes qui suivent, seulement la redevance versée à son concurrent tient compte de la durée réelle des appels qui, elle, se chiffre en secondes. En d’autres termes, que l’appel dure 2 secondes ou une minute, Maroc Telecom aura encaissé 2 DH pour en reverser à son concurrent seulement 4,70 centimes dans le premier cas (2 sec x 1,43 DH/ 60 secondes) et 1,43 DH dans le second. Or, comme la majorité des appels au Maroc sont de courte durée, le trafic du fixe vers un mobile Méditel profite en toute logique à Maroc Telecom.
Tout le problème donc vient du fait que les opérateurs aient toujours cette possibilité de facturer leur client à la minute, ou par fractions de minute (au lieu des secondes), alors qu’ils ont l’obligation de s’entre-facturer à la seconde. Il faut dire que les deux opérateurs en profitent, mais le flux généré par l’un est sans commune mesure avec celui généré par l’autre.

Les considérations politiques retarderont-elles la décision de l’ANRT ?
Comment va réagir l’ANRT ? Elle est devant un problème délicat. D’une part, la baisse des tarifs d’interconnexion aurait, à coup sûr, un impact considérable sur Meditelecom qui, après quatre années d’activité, n’a pas encore réalisé le moindre bénéfice. Selon le rapport d’OVUM, la baisse demandée par Maroc Telecom aggraverait les pertes de son concurrent de 186 MDH par an. D’autre part, en autorisant une hausse des tarifs d’interconnexion, elle pourrait difficilement empêcher Maroc Telecom de répercuter l’impact sur les consommateurs, ce qui est en contradiction avec l’objectif recherché par l’agence. Reste la solution la plus logique, celle d’imposer aux deux opérateurs de facturer leur clients en fonction des secondes réellement consommées. Cette solution, si elle présente l’avantage de l’équité (puisque Maroc Telecom aura payé proportionnellement à ce qu’il aura encaissé), se heurte, à l’heure actuelle, à des considérations d’ordre politique. Dans quelques jours, Maroc Telecom ira en bourse et, dans trois mois, l’Etat entend céder 16% de son fleuron à Vivendi. Il ne s’agit donc pas de ternir l’image de la mariée en prenant une décision qui aurait un impact sur les prometteuses perspectives de rentabilité. Résultat : il est plus probable que le régulateur tranche une fois les ventes terminées.