Affaires
La Samir respire, les distributeurs réconfortés
Le gasoil restera ouvert à l’importation mais, dans deux ans, la
protection sera insignifiante.
Le raffineur doit investir pour être à niveau et faire face à
l’ouverture.
Le secteur pétrolier y voit désormais plus clair. Une nouvelle stratégie a été arrêtée au cours d’une séance de travail présidée mardi 4 mai par le Roi. Il en ressort que l’Etat table sur trois axes majeurs et interdépendants : la sécurité de l’approvisionnement, la sécurité des installations et la mise à niveau de l’outil de raffinage. Comment ces trois axes vont-ils se matérialiser dans la réalité ?
Depuis l’incendie de la Samir, l’Etat a pris conscience de la nécessité de diversifier ses sources d’approvisionnement. Les nouvelles décisions en sont fortement inspirées. «Les droits de douane seront rétablis sur les produits excédentaires. Le reste sera ouvert à l’importation, surtout le gasoil, en fonction du niveau de la production nationale», précise Mohamed Boutaleb, ministre de l’Energie et des Mines. Deux éléments sont à creuser à ce niveau. Les besoins du marché en gasoil avoisinent actuellement les 3,5 millions de tonnes, soit plus de la moitié de la consommation globale du pays. Les distributeurs disposant de capacités de stockage sont ainsi confortés dans leur stratégie.
Le deuxième élément est que le niveau d’importation sera fixé par le Comité national d’approvisionnement, présidé par le ministre de l’Energie. La Samir y voit une chance de garder une bonne part de marché, même après l’ouverture puisque, dans trente mois, le raffineur national espère avoir mené à bien l’extension de sa capacité de production. «Notre projet d’investissement table sur l’augmentation de la production du gasoil grâce à l’hydrocraking», explique un responsable de la raffinerie.
L’Etat sera intraitable sur les normes de sécurité
Or, dans le communiqué publié suite à la réunion présidée par le Souverain, le développement d’une nouvelle raffinerie devrait prendre en compte la diversification des points d’entrée. «Notre étude stratégique a démontré que tout développement du raffinage devait se faire hors Mohammédia», précise le ministre. Cela veut-il dire que la Samir ne peut plus réaliser son plan de développement là où elle se trouve ? Notons en effet que le raffineur avait présenté à l’Etat le projet de construction d’une unité d’hydrocracking de 5 milliards de DH. Selon des cadres de la raffinerie, la décision prise mardi serait une acceptation tacite du projet.
Un fin connaisseur du secteur le confirme : «Si Samir peut réaliser son projet à Mohammédia, elle doit respecter les normes de sécurité des installations. Cela veut dire que l’Etat sera désormais derrière pour veiller au grain». Cette thèse concorde avec la déclaration du ministre sur le contrôle: «Le ministère sera davantage sur le terrain. Notre objectif est que la loi soit appliquée de manière rigoureuse en matière de sécurité et de qualité».
Il reste à savoir si la générosité de l’Etat ira jusqu’à modifier la structure des prix comme le demande la Samir. «Nous souhaitons au moins que le coefficient d’adéquation soit ramené à 4 ou 5%», confirme Jamal Baâmer, président de la Samir. Et si l’Etat refuse ? «Nous sommes contraints de réaliser notre investissement pour sauvegarder notre activité face à la la libéralisation», poursuit-il. En effet, les droits de douane sur les produits pétroliers suivent un processus de démantèlement qui va les ramener dans moins de 2 ans à 5%. L’impact de la protection sera minime. «Dans ce cas, le raffineur a tout intérêt à être à niveau en matière de qualité et à développer une politique commerciale compétitive», souligne un distributeur
