Affaires
Seize pharmacies sous la menace d’une fermeture temporaire à Casablanca
Une partie de la profession dénonce une concurrence déloyale. Les contrevenants ont déjà reçu des avertissements de la part de la Commission de contrôle.

L’été sera chaud pour les pharmaciens d’officine casablancais. Particulièrement pour ceux d’entre eux qui ne respectent pas les horaires de travail fixés par le wali du Grand Casablanca. Exactement seize contrevenants, installés sur les grands boulevards de la ville, à proximité ou dans les centres commerciaux. Ceux-ci sont stigmatisés par leurs confrères qui ont organisé plusieurs sit-in depuis la mi-juin. La commission chargée de constater les irrégularités de fonctionnement, mise en place en avril dernier, a adressé deux avertissements à chacune des pharmacies contrevenantes et la wilaya devrait, comme le stipule la note administrative du 25 avril 2015, ordonner une fermeture de trois jours. La décision doit, dit-on dans le milieu pharmaceutique, tomber dans les jours qui viennent…
Dans la profession, on s’inquiète déjà du retard pris par les autorités locales et on dénonce l’initiative de la Fédération nationale des syndicats du Maroc qui propose la signature d’un accord avec les autorités locales et une partie des pharmaciens réfractaires qui acceptent désormais de travailler selon les horaires déterminés par la wilaya. «Il ne s’agit là que d’une manipulation pour échapper à la fermeture de trois jours. Nous interpellons la wilaya à ce sujet pour une application précise de la note administrative», souligne un groupe de pharmaciens. La note stipule que la commission de contrôle, en cas de non-respect des horaires, doit adresser un premier avertissement à l’intéressé. Si celui-ci ne se conforme pas aux dispositions, un deuxième avertissement lui est adressé en plus d’une fermeture de trois jours. Et s’il n’obtempère pas, est engagée alors, par voie judiciaire, la procédure de fermeture provisoire de la pharmacie en sus de sanctions disciplinaires conformément à l’article 111 de la loi 17-04 réglementant l’exercice de la profession de pharmacien.
Manque de transparence dans l’organisation
des gardes
Retour sur une affaire qui perturbe le secteur à la veille des élections ordinales prévues pour le 31 août. Les horaires d’ouverture et de fermeture, tels que déterminés par la wilaya, sont de 9h à 12h30 et de 15h30 à 20 heures. Durant l’été, l’ouverture et la fermeture des officines dans l’après-midi sont repoussées de 30 minutes. Soit 16h-20h30 minutes.
Mais seize pharmacies passent outre cette directive administrative et arrêtent des horaires à leur convenance. Certaines sont même ouvertes jusqu’à 2 heures du matin. Ce qui nuit aux autres officines qui fonctionnent normalement. Et surtout pénalise les pharmacies de garde.
Les pharmaciens ne manquent pas en outre de souligner les errements dans l’organisation des tours de garde. Celle-ci incombe au Conseil de l’ordre des pharmaciens. Mais, pour des raisons d’efficacité et de proximité, cette instance a délégué cette prérogative aux syndicats des pharmaciens à qui les professionnels reprochent «un manque total de transparence et des privilèges accordés à certaines officines». Ce qui ne peut que perturber davantage le secteur qui souffre depuis plusieurs années d’une crise ayant entraîné «la chute du chiffre d’affaires des officines de plus de 50% et la fermeture de plusieurs pharmacies, notamment celles qui ont récemment ouvert», soulignent les frondeurs.
Il est à noter que les irrégularités et les perturbations de fonctionnement des pharmacies sont un facteur aggravant de la crise, surtout pour les pharmaciens de Casablanca et Inezgane où l’on note également des dépassements des horaires. Dans les villes de Rabat et Kénitra, très peu de cas ont été constatés et les pharmaciens, rappelés à l’ordre, se sont rapidement conformés aux horaires normaux.
