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Chevaux de course : un placement risqué qui peut rapporter gros
Acheter un cheval coûte entre 40 000 et 300 000 DH selon sa race, son à¢ge et son pedigree. Les charges mensuelles varient de 6 000 DH à 10 000 DH et comprennent l’alimentation, les soins médicaux et l’entraînement. Hormis les récompenses des courses, la valeur des chevaux à la revente peut être multipliée par dix, voire plus.

Investir dans un cheval de course est, à première vue, une pratique réservée aux riches et aux initiés. Il est vrai que c’est un placement qui nécessite des moyens financiers importants et des connaissances particulières. Mais il n’est pas totalement inaccessible. Il s’agit aussi d’un investissement très risqué mais qui peut rapporter gros : on peut perdre tous les frais engagés si le cheval est classé parmi les derniers lors d’une course, comme on peut voir la valeur du cheval s’envoler à la suite d’une victoire. Tel est le cas de Hamid Faridi, propriétaire du domaine Al Farid, qui a vendu un cheval, acquis à 11 000 DH, à 10 fois sa valeur, seulement trois mois après son acquisition et ce, à l’issue des victoires qu’il a décrochées. A l’étranger, un cheval ayant remporté plusieurs prix peut se revendre jusqu’à 100 fois son prix d’achat !
Des exemples de ce type ne manquent pas. Encore faut-il procurer à son cheval l’entretien, les soins médicaux, l’alimentation et l’attention nécessaires. La qualité de l’entraînement, sa fréquence et ses types sont tout aussi importants et dépendent aussi bien de la nature du cheval que de son endurance, son environnement et de la course hippique.
En tout cas, acheter un cheval est un investissement-loisir qui devient de plus en plus abordable. D’autant que la Société royale d’encouragement du cheval (Sorec) apporte des aides financières aux acteurs du secteur pour promouvoir la filière (voir encadré). Il faut savoir que l’achat peut aller de 40000 DH à 300 000 DH. Tout dépend de la race du cheval, son âge, sa généalogie, ses qualités physiques mais aussi des titres remportés. Les races admises au Maroc sont le pur-sang anglais et le pur-sang arabe qui en sont les principales, ainsi que la race anglo-arabe et arabe barbe. Les amateurs de chevaux achètent dans leur majorité des chevaux «à l’entraînement» (âgés de plus de 2 ans) au moment où d’autres préfèrent les yearlings (chevaux qui n’ont pas atteint l’âge de 2 ans). Ce type de chevaux est acquis surtout par les éleveurs et les propriétaires d’haras privés. D’ailleurs, c’est auprès de ces personnes que s’effectuent la plupart des achats des chevaux, soit de gré à gré, soit à travers des ventes aux enchères. «Se tourner vers les marchés internationaux pour acquérir des chevaux est également possible, sauf que, en raison de son coût élevé, cette option est écartée surtout en début d’activité», précise Azeddine Sedrati, propriétaire d’un haras.
Acheter un cheval passe d’abord par un tri, effectué sur catalogue, sur la base du pedigree, à savoir la renommée des ascendants, les places gagnées par ces derniers ou par la fratrie… Ensuite, il faut s’adresser à un vétérinaire pour vérifier son état de santé moyennant un coût allant de 1 000 à 2000 DH en fonction des examens réalisés. Cela dit, une radioscopie, échographie et laryngoscopie sont indispensables. Une fois les tests passés, il faut faire appel à la Sorec pour vérifier la filiation. «Elle est garantie par un prélèvement d’ADN effectué par la Sorec. Il faut par ailleurs noter que chaque cheval comporte une puce implantée sous la peau servant à son identification. En tout cas, la Sorec se charge de livrer au nouveau propriétaire un carnet de propriété avec les différentes caractéristiques du cheval (nom du père et de la mère, des grands parents éventuellement, date de naissance, race…)», ajoute M. Sedrati.
S’associer pour acheter des chevaux, la nouvelle tendance
Les propriétaires confient généralement leurs chevaux à un entraîneur public agréé auprès de la Sorec ; un entraîneur privé requiert des moyens financiers importants que seuls les grands éleveurs et propriétaires d’écuries peuvent se permettre. Avec l’aide de l’entraîneur, le propriétaire choisit un jockey qui devrait monter le cheval et l’accompagner dans toutes les courses. L’entraîneur s’occupe de l’entraînement du cheval mais aussi de son alimentation. M. Faridi souligne dans ce cadre que l’alimentation artisanale ne suffit plus actuellement pour mettre les chevaux du Maroc au même niveau que ceux de l’étranger. Des composants alimentaires sont indispensables pour valoriser le cheval et lui permettre d’atteindre des qualités physiques élevées. L’entraîneur fait également appel au vétérinaire en vue d’administrer la médication de base au cheval ainsi qu’au maréchal-ferrant qui se charge de la pose des ferrures sur les sabots.
Tout cela induit une charge mensuelle allant de 6 000 à 10 000 DH. Cela peut paraître assez coûteux, surtout que les gains ne sont pas sûrs et que la valorisation du cheval dépend de son classement dans les courses. Ainsi, une nouvelle tendance émerge dans le milieu des amateurs de chevaux : la détention d’un ou de plusieurs chevaux en copropriété. En effet, 2 ou plusieurs personnes ont la possibilité de s’associer en vue d’acquérir un ou plusieurs chevaux. L’animal est soit inscrit au nom du représentant des associés soit au nom d’une société créée à cet effet, ayant le statut d’une société civile agricole. Les coûts et les gains sont généralement partagés à part égale entre les associés, ou selon le contrat qui les lie. En plus de démocratiser l’accès aux amateurs à ce monde, cette association permet également une mutualisation des risques entre les associés.
Une fois le cheval bien entraîné, il devrait participer aux courses selon la catégorie fixée par la Sorec, dont les prix vont de 15 000 DH jusqu’à 75 000 DH en fonction de la place gagnée par les cinq premiers. Les courses importantes, à l’instar du grand prix Mohammed VI offrent des allocations nettement plus élevées, atteignant 1,2 MDH dont 600000 DH alloués au premier gagnant.
Si un cheval réussit à remporter les grands prix internationaux au Maroc, il a la possibilité de participer à des courses à l’étranger où l’allocation est encore plus intéressante comme celle de l’Arc de Triomphe dont le gain réservé à la 1ère place atteint 28 MDH.
Notons que le gain n’est pas empoché entièrement par le propriétaire. En effet, 10% de la somme sont remis à l’entraîneur et 10% au jockey s’il obtient la 1ère place. Autrement, la part allouée à ce dernier s’établit à 5%. Néanmoins, il est des cas où l’entraîneur choisit de s’associer avec le propriétaire dans le cheval. Dans ce cas, il prend à ses frais l’entraînement et la médication du cheval. En contrepartie, il exige une quote-part des gains, plus élevée que celle fixée par la Sorec qui peut aller de 50% à 60% du montant des allocations.
L’on peut dire, au final, que l’investissement dans les chevaux de course est de longue haleine et demande un suivi régulier, car un cheval ne peut participer à toutes les courses organisées par la Sorec (de l’ordre de 600 par an pour chacune des races des pur-sang arabes et anglais).
«Un cheval à l’entraînement ne peut courir plus de 2 fois par mois», estime M. Forde, propriétaire de chevaux et directeur de la société Atlantic alimentaire SARL. Par ailleurs, sa carrière de course est limitée à 5 années en moyenne, suite à laquelle il arrête toute activité ou il est mis, dans le cas où il est jugé très performant, dans la catégorie des étalons ou des poulinières.
