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Affaires

CMR : de bons résultats financiers qui n’éclipsent pas l’urgence de la réforme

Le solde technique ressort à  255 millions de DH en 2013 contre plus de
2 milliards l’exercice précédent. Les résultats financiers sont en hausse de 28%,
à  2,2 milliards de DH. Les réserves accumulées se montent à  près de 82 milliards de DH mais ne couvrent que 11,7% des droits déjà  acquis.

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CMR 2014 07 04

Plusieurs fois, l’on a annoncé comme imminent l’avènement du premier déficit technique de la Caisse marocaine de retraites (CMR), et à chaque fois on réactualise la projection et on repousse l’échéance. Désormais, on parle de fin 2014, comme date où la caisse devra commencer à puiser dans ses réserves pour financer ses prestations et de 2022 comme date d’épuisement des réserves. Il n’est pas exclu qu’à la fin de l’année on repousse une fois de plus ces échéances. Une chose reste néanmoins certaine : compte tenu des nouvelles orientations en matière de recrutement dans la fonction publique, de l’assiette de liquidation des pensions de retraite, du taux de remplacement qui peut atteindre jusqu’à 100% du salaire de référence, de l’allongement de l’espérance de vie à la naissance, ce système ne peut pas tenir à terme. Selon les derniers chiffres disponibles, le solde technique, qui est l’écart entre les produits et les charges, en l’occurrence entre les cotisations et les prestations, s’établit à 255,4 millions de DH en 2013, contre plus de 2 milliards en 2012, soit une baisse de 87,4%. Normal, quand on sait qu’en 2013, et tous régimes confondus, les recettes n’ont augmenté que de 3,1%, à 22,4 milliards de DH, alors que les charges ont, elles, progressé de 12,4%, à 22,13 milliards de DH. Le résultat financier en revanche a, lui, cru de 28%, à 2,2 milliards de DH. Cela montre que la relative liberté octroyée à la caisse dans la gestion de ses réserves donne des résultats, tandis que la situation tend au contraire à se détériorer sur le volet qui relève de la démographie, de l’emploi, des niveaux de cotisation, de l’âge de départ à la retraite, bref sur les éléments qui échappent complètement à la caisse.

Les actions ne représentent que 13% du portefeuille du fonds de réserves

Est-ce que ce bon résultat financier est à même de retarder l’avènement du premier déficit technique ? Difficile d’y répondre.
On peut penser par contre que si la politique d’allocation d’actifs du fonds de réserve, fixée par arrêté du ministère des finances, avait été, depuis longtemps, aussi diversifiée qu’elle l’est aujourd’hui, l’échéance du premier déficit aurait peut-être été retardée !
Il faut rappeler à ce propos que c’est seulement depuis mai 2010 que la CMR a été autorisée à investir jusqu’à 30% de ses actifs en actions ; le reste se répartissant entre les valeurs de l’Etat ou jouissant de la garantie de l’Etat (50%, contre 80% auparavant), les titres de créances privées ayant reçu le visa du CDVM (15%) et les actifs immobiliers (5%). Or, à cette date, les premières difficultés pointaient déjà à l’horizon. Résultat : le portefeuille du fonds de réserve est aujourd’hui dominé par les titres de créances (84%) à l’intérieur desquelles la dette publique (c’est-à-dire les bons du Trésor) représente 94,4% et la dette privée 5,6%. La part des actions dans le portefeuille n’est que de 13% en 2013, et celle-ci devrait baisser en 2014 à 12%, selon les indications de responsables à la CMR. Pourquoi ? Parce que, comme cela est connu de tous les spécialistes de la question, l’investissement dans les actions n’est intéressant que lorsque l’on poursuit un objectif de long terme. Mais jamais pour combler un trou ou un déficit imminent. Ceci, compte tenu de la volatilité qui caractérise le rendement des actions. C’est ainsi que le taux de rendement des placements de la CMR est en moyenne d’un peu plus de 4%, bien inférieur à celui, à deux chiffres, que réalise la Caisse interprofessionnelle marocaine de retraite (CIMR) -même si la comparaison est à manipuler avec beaucoup de précaution.
A fin 2013, l’encours du fonds de réserves de la CMR s’élève à près de 82 milliards de DH pour le régime des pensions civiles, soit une hausse de 3,7% par rapport à 2012. Sur ce montant, 34%, soit plus de 27 milliards de DH, sont constitués des revenus générés par le portefeuille du fonds. Cela étant, les dès pour ainsi dire sont désormais jetés, et la caisse ne semble pas pouvoir faire l’économie d’une réforme qui lui redonnerait de la vigueur, de la santé. La preuve, s’il en fallait une, est que les réserves accumulées à fin 2013 ne couvrent plus que 11,74% des droits déjà acquis, lesquels se montent à 691,8 milliards de DH n S.A.