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Ville sans bidonvilles : 25 milliards de DH mobilisés en dix ans

230 087 ménages sur un total de 362 320, soit une part de 64%, ont profité du programme depuis 2004. 51 villes sont déclarées sans bidonvilles, 13 autres le seront cette année. Les régions de Casablanca et de Skhirat-Témara donnent du fil à  retordre au ministère de l’habitat.

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Ville sans bidonvilles 2014 03 27

Près de dix années se sont écoulées depuis la mise en place du programme Ville sans bidonvilles (VSB). S’il est évident que beaucoup reste à faire pour mener à terme ce chantier, le chemin parcouru jusqu’à présent est appréciable. Précisons d’abord que le recensement effectué au démarrage du plan en 2004 avait établi que 270 000 ménages habitent dans des bidonvilles dans 85 villes et centres. Mais, depuis cette date, plus de 10 250 ménages se sont rajoutés au lot par an en moyenne (+34% annuellement), totalisant aujourd’hui une population de 362 320 ménages au niveau de 88 villes. Le département de tutelle a traité jusqu’à présent les cas de 230 087 ménages (64% du total) qui ont bénéficié des projets de relogement, permettant au passage de déclarer 51 villes sans bidonvilles. Reste 37 villes pour lesquelles les choses seraient bien avancées : les chantiers de logements devant accueillir les bidonvillois au niveau de ces villes en sont à un taux d’avancement global de 78%. L’investissement englouti par tous ces efforts jusqu’à présent est conséquent : 25 milliards de DH dont 40% ont été apportés par l’Etat et 60% ont été couverts par les bénéficiaires eux-mêmes et le mécanisme de péréquation.  

La suite ne devrait pas être de tout repos pour le département de tutelle. Certes, 13 autres villes devraient être déclarées sans bidonvilles cette année, fait savoir le ministre de l’Habitat, Nabil Benabdellah. Mais il reconnaît : «Nous rencontrons actuellement des résistances sérieuses qui font que nous n’arrivons plus à traiter que le volume de ménages de bidonvillois qui se crée chaque année, soit 10 000 cas par an». Les régions de Casablanca et Skhirat-Témara donnent le plus de fil à retordre au ministère et une attention particulière leur est accordée actuellement pour donner un coup de fouet au traitement des bidonvilles dans ces zones.

Plus de 43 700 habitats  menaçant ruine

Outre le programme VSB, le ministère traite d’autres défaillances au niveau du parc de logements. Il s’agit d’abord de l’habitat menaçant ruine. En 2013, un nouveau recensement a permis d’établir que 43 734 bâtisses de ce genre existent au niveau national. Celles-ci sont réparties entre 31 médinas en plus des ksours, kasbahs et quartiers non réglementaires. «Si nous voulons traiter tous ces cas, il faudra investir d’un coup 10 milliards de DH», évalue M. Benabdellah. Mais quand bien même on parviendrait à mobiliser toute cette enveloppe dans l’immédiat, cela ne résoudra pas définitivement le problème car d’autres habitats menaçant ruine viendront immanquablement grossir l’effectif actuel à l’avenir. A ce titre, «le recensement actuel en lui-même est déjà dépassé du fait des pluies de l’hiver dernier qui ont fragilisé davantage  de logements», précise M. Benabdellah.

Sans avoir l’ambition d’éradiquer le phénomène à court terme, l’effort du ministère consiste en interventions conséquentes au niveau de plusieurs villes en finançant le confortement, la démolition et reconsruction, la dédensification ainsi que l’octroi d’aides frontales. Ainsi, entre 2000 et 2013, ces efforts ont profité à 57 366 ménages pour un coût de 2,96 milliards de DH. Récemment, quelque 600 MDH ont profité à la ville de Fès et plus de 360 MDH ont été injectés au niveau de Casablanca par exemple. Outre ces efforts, il est à noter que le ministère planche sur un cadre juridique dédié à l’habitat menaçant ruine, notamment une loi encadrant l’intervention dans ce type de tissus et une agence spécialisée en la matière.

Vient enfin la mise à niveau urbaine de quartiers manquant d’équipements. L’objectif est d’introduire les réseaux de voirie, l’eau et l’électricité, l’assainissement ainsi que des équipements publics (écoles, centres de santé…) dans des zones qui en manquent. En tout, quelque 441 opérations ont été lancées entre 2002 et 2013 pour traiter cette problématique, mobilisant une subvention de 8,71 milliards de DH. Ces efforts ont permis jusqu’à présent d’améliorer les conditions de vie de plus d’un million d’habitants, selon les recensements du département de tutelle.