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Carrière

Savoir dire non sans rompre le dialogue : Questions à  Rollande Allene, DG du cabinet Formaction

« Savoir dire non, c’est aussi formuler d’autres propositions, des alternatives… »

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Mis à jour le

Rollande 2013 07 03

La Vie éco : Pourquoi dire non est si difficile ?

Dans toutes les approches actuelles, on parle des inhibitions dues à l’enfance ou à l’éducation.  Dire non relève, selon cette approche, de la force de l’individu de dépasser ces inhibitions. Je crois qu’il faut placer le problème dans un contexte plus large et systémique. L’individu est souvent imbriqué dans des situations sociales dans lesquelles, en réagissant, il peut être bloqué et inhibé ou encore il peut s’exprimer avec indépendance et exprimer son refus.

Mon sens, la culture du non est facilement acceptable dans les pays anglo-saxons. Les individus en ont l’habitude parce qu’ils ont appris, de par leur éducation, à dire ce qu’ils pensent. Donc, dire non, c’est savoir ce que l’on veut. En revanche, dans les pays méditerranéens, la culture du non est moins apparente.

Accompagnez-vous souvent des personnes à relever ce cap ?

Tout à fait ! Ce n’est pas le motif de départ, mais quand on creuse, on détecte souvent des problèmes d’affirmation et de confiance en soi. Le plus souvent, la requête vient dans le cadre d’un passage à une fonction supérieure. Pour illustration, on a l’exemple du cadre promu au sein de son entreprise. Il devient chef de ses collègues et, par conséquent, il a souvent des difficultés de leadership sur son équipe.

Y a-t-il des parades pour cela ?

Il n’y a pas de règle qui précise qu’il faut s’opposer ou s’affirmer de manière spécifique à un patron, un collaborateur, un client, un ami ou autres. Tout dépend du contexte. On peut exprimer son refus devant la hiérarchie quand les conditions l’exigent et le permettent. Pas d’attitudes spécifiques à adopter mais plutôt des contextes ou des enjeux spécifiques qui détermineront l’attitude à adopter. Attention, toutefois, à ne pas créer des situations de rupture de dialogue.   

Je pense qu’il faut avoir du courage, savoir construire des relations saines et ne pas avoir peur d’être critiqué.
Savoir dire non, c’est aussi formuler d’autres propositions, des alternatives, c’est aussi dire qu’on est indisponible pour des raisons de priorité des tâches. A l’opposé, ne pas s’engager en amont dans le processus, c’est aussi générer une situation conflictuelle qui pourra mettre à plat les dysfonctionnements enfouis. La forme du refus y est pour beaucoup. Le fait de montrer qu’on est submergé afin de refuser la proposition, le fait de signaler le manque de temps ou de dire oui tout en étant démotivé ou indisponible peuvent conduire à des relations difficiles par la suite.