Culture
Séance de rattrapage : les parachutistes de Laroui
Comme d’habitude avec Fouad Laroui, ce qui semble être une entreprise littéraire totalement foldingue de prime abord révèle petit à petit une portée satirique, un regard acéré et sans concession sur la société marocaine, que le lecteur savoure, enrobé dans une épaisse couche d’humour…

Extrait :
«Rien ne m’agace autant que le narcissisme des petites différences, cette insistance des uns et des autres à se prévaloir en bloc de qualités collectives, parfois pour mieux masquer leur indigence particulière».
En quelques mots :
L’ingénieur Machin, de retour au pays après une formation réussie à l’Ecole des mines, est recruté par la société des bitumes. Tout semble aller pour le mieux quand un parachutiste lui atterrit sur la tête en plein centre-ville de Casablanca. Lorsque l’infortuné se met à pleurer comme une madeleine, Machin n’a d’autre choix que de lui offrir le gîte et le couvert, obéissant au principe coranique qui stipule qu’un bon musulman se doit d’honorer l’invité de Dieu. Ce geste charitable a tôt fait d’ouvrir la porte à toutes sortes de dérives, invasions, débordements, affabulations diverses et variées et bizarreries en tous genres. Revêtant l’habit à la fois de père, mère, cuisinier, conseiller, marieur, faiseur de pluie et de beau temps, l’invité au doux nom de Bouazza n’aura de cesse de convertir un jeune homme épris de calme, d’individualisme et de solitude cultivée au mode de vie chaotique, absurde et convivial de tout bon Marocain qui se respecte. Un roman savoureux et délicieusement loufoque qui, sous ses apparences de dinguerie, cache une critique aussi acerbe qu’attendrie des travers de la société marocaine.
L’auteur :
Fouad Laroui est né en 1958 à Oujda, a fait Ponts
et Chaussées en France avant de travailler à l’OCP à Khouribga. Après un passage au Royaume-Uni, il vit à Amsterdam où il enseigne l’économétrie. Parallèlement, il se consacre à l’écriture et publie notamment Les dents du topographe (1996), Une année chez les Français (2010) et La vieille dame du riad (2011) chez Julliard. En mai 2013, il obtient le prix Goncourt de la Nouvelle pour L’étrange affaire du pantalon de Dassoukine (2012, Julliard).
Ce qu’en pense «La Vie éco» :
Comme d’habitude avec Fouad Laroui, ce qui semble être une entreprise littéraire totalement foldingue de prime abord révèle petit à petit une portée satirique, un regard acéré et sans concession sur la société marocaine, que le lecteur savoure, enrobé dans une épaisse couche d’humour… Pour l’ensemble de son oeuvre littéraire et non pas seulement pour L’étrange affaire du pantalon de Dassoukine primé récemment, Laroui mérite incontestablement ce prix Goncourt.
«Méfiez-vous des parachutistes», Fouad Laroui, Edition J’ai Lu, 1999, 190 pages, 70 DH.
