Affaires
Parapharmacie : un marché de 480 MDH par an qui évolue sans réglementation
Les officines, qui détiennent 50% du marché, recommandent la présence obligatoire d’un pharmacien dans la parapharmacie et un contrôle du ministère de la santé. Comme dans plusieurs secteurs, les produits contrefaits ont envahi le marché.

Les pharmaciens s’inquiètent du développement soutenu de la parapharmacie. Ils demandent au ministère de la santé de réglementer cette activité pour circonscrire les risques que peuvent courir les consommateurs. Actuellement, seul l’article 4 du dahir 17-04 portant code de la pharmacie évoque la parapharmacie en définissant ses produits comme des médicaments en raison de leurs indications thérapeutiques. Ainsi, sont considérés comme médicaments et relèvent donc de la distribution en officine, les produits tels que les dermo-cosmétiques car ils sont prescrits par un dermatologue, certains consommables et appareils utilisés en traumatologie ou encore les compléments alimentaires prescrits en traitement d’appoint en cas d’affections lourdes. Considérant cet article, les pharmaciens estiment que la distribution de ces produits leur revient pour des raisons de sécurité sanitaire. Ils insistent sur ce sujet parce qu’une grande majorité des produits dermatologiques est commercialisée dans des petites échoppes de quartier, sans aucun contrôle ni conseil sur l’utilisation.
La contrefaçon dégage un chiffre d’affaires de 70 à 80 milliards de dollars au niveau mondial
«Pour mettre fin à cette anarchie, nous demandons au ministère de la santé de mettre en place un dispositif de contrôle et d’exiger la présence d’un pharmacien dans les espaces de parapharmacie organisés afin d’engager sa responsabilité en cas de problème sanitaire», font savoir les responsables de la Fédération nationale des syndicats de pharmaciens. Leur requête a reçu un écho favorable.
Le ministère a en effet promis de se pencher sur ce dossier en 2014. Pour l’heure, il a, et les pharmaciens le reconnaissent, d’autres priorités, notamment la révision du prix du médicament.
En attendant, certaines pharmacies reviennent sur cette niche qu’elles avaient abandonnée durant ces dernières années en raison justement de la désorganisation et de la déréglementation des prix. Ainsi, ils sont nombreux, à Casablanca, Rabat et dans une moindre mesure à Marrakech, à avoir repris ou renforcé leur offre.
Les syndicats soulignent toutefois que la consistance de la parapharmacie dans l’activité d’une officine varie en fonction de son emplacement. Si dans certains quartiers, ces produits représentent 60% du chiffre d’affaires, leur part dans les quartiers populaires ne dépasse pas les 10% en raison de la concurrence des petites boutiques et autres parfumeries. Ces dernières affichent des prix défiant toute concurrence : ils se situent dans une fourchette de 10 DH pour une crème pour le corps ou le visage à 60 DH pour un écran solaire ! Alors que normalement, une crème pour le visage peut coûter entre 120 et 400 DH, et entre 150 et 350 DH pour le corps. Quant à l’écran solaire, il peut être vendu entre 170 et 300 DH. Comment justifier ce différentiel ?
Les pharmaciens pointent du doigt l’origine des produits. Ils soulignent que «la majorité des produits vendus à ces prix proviennent des pays asiatiques et particulièrement de Chine», et mettent le doigt sur le grand risque qu’ils font courir aux utilisateurs, sachant qu’aujourd’hui la contrefaçon est estimée entre 70 et 80 milliards de dollars (590 à 680 milliards de DH) au niveau mondial.
C’est pourquoi la profession appelle à une plus grande vigilance des pouvoirs publics pour permettre un développement structuré du secteur. Celui-ci réalise, selon les estimations des syndicats des pharmaciens, un chiffre d’affaires de 480 MDH, dont la moitié pour les pharmacies.
Toujours selon les professionnels, les ventes de produits parapharmaceutiques sont dominées par les écrans qui représentent 70% du chiffre d’affaires. Suivent les crèmes hydratantes, les compléments alimentaires et les produits d’hygiène corporelle. Ils soulignent, par ailleurs, que les ventes sont réalisées, à plus de 85%, dans les grandes villes, mais il faut également noter une émergence de la parapharmacie dans les petites villes.
