Culture
Une formidable enquête sur les traces d’un homme au grand cÅ“ur
Une plongée aussi passionnante qu’émouvante au cÅ“ur des communautés musulmane et juive. Un hommage à leurs liens ancestraux, souvent faits d’amitié et d’entraide, dans les pires moments. Une bouffée d’air frais, à une époque où l’on stigmatise l’autre à des fins politiques ou vulgairement pécuniaires.

Extrait :
«On oublie que les archives ne sont pas que des bouts de papier, elles sont faites de sueurs, de larmes et, parfois, de sang. Il faudrait prendre le temps de lire en profondeur, une à une, ces vies, les raconter (…) Je crois que plus un pays est libre, plus sa volonté de préserver la mémoire est grande…Un pays libre n’a pas peur de son passé».
En quelques mots :
«Celui qui écoute le témoin devient témoin à son tour». Cette phrase reviendra souvent dans l’Etoile jaune et le Croissant, récit de Mohammed Aïssaoui, qui effectuera pendant 2 ans et demi un travail d’investigation remarquable autour de Kaddour Benghabrit, fondateur de la Grande Mosquée de Paris.
Recteur de la mosquée de 1926 à 1956, il aurait sauvé des dizaines de vies en hébergeant des juifs fuyant la déportation, en leur fournissant de faux certificats musulmans, plaidant leur cause auprès des Allemands. Le dossier demandant à intégrer son nom dans la liste des Justes de la Nation est toujours ouvert à la commission de Yad Vashem, mais il manque des preuves pour le finaliser. Aïssaoui s’emploiera alors à les rassembler, volant d’archives en archives et sollicitant certains interlocuteurs célèbres, comme Elie Wiesel ou Philippe Bouvard, mais l’homme est un mystère, difficile à atteindre. Qui était-il réellement ? Cultivé et mondain, représentant du roi du Maroc à Paris, Si Kaddour vit dans le faste, mais sous la plume de Aïssaoui, c’est un tout autre visage qui se découvre à nous, bien que la part entre la réalité et les fantasmes reste encore à faire.
L’auteur :
Né en Algérie en 1964, Mohammed Aïssaoui est journaliste au Figaro. Il a publié Le Goût d’Alger (Mercure de France, 2006), et L’affaire de l’esclave Furcy (Gallimard, 2010), plébiscité par la critique.
Ce qu’en pense «La Vie éco» :
Une plongée aussi passionnante qu’émouvante au cœur des communautés musulmane et juive. Un hommage à leurs liens ancestraux, souvent faits d’amitié et d’entraide, dans les pires moments. Une bouffée d’air frais, à une époque où l’on stigmatise l’autre à des fins politiques ou vulgairement pécuniaires.
«L’étoile jaune et le Croissant», Mohammed Aïssaoui, Editions Gallimard, Septembre 2012, 176 pages, 220 DH.
