Affaires
Les investissements du Maroc à l’étranger totalisent 23 milliards de DH
L’encours des investissements directs s’élève à 15.5 milliards de DH et celui des investissements de portefeuille à 7.4 milliards. En 2011, les nouveaux investissements ont porté sur 2.1 milliards de DH, 58% de moins qu’en 2010.

Au cours du premier trimestre de cette année, le Maroc a reçu comme revenus au titre de ses investissements à l’étranger la modique somme de…1,8 milliard de DH. Dans le même temps, il a transféré au titre des revenus générés par les investissements étrangers au Maroc 4,1 milliards de DH. Pour l’ensemble de l’année 2011, ces montants étaient respectivement de 6,5 milliards de DH (revenus) et de 23,1 milliards (transferts).
Cette rubrique de la balance des paiements, nous l’avons plusieurs fois rappelé, est structurellement déficitaire. Pour une raison évidente : le Maroc reçoit nettement plus d’investissements étrangers qu’il n’en réalise lui-même à l’étranger. Selon les derniers chiffres disponibles sur cette question (les statistiques sur la position extérieure globale ne sont publiées que deux ans après l’année considérée), les investissements marocains à l’étranger, en termes de stock, s’élèvent à 22,9 milliards de DH en 2010, en hausse de 6,5% par rapport à l’année d’avant. C’est très peu en comparaison avec les investissements étrangers au Maroc, dont l’encours se monte à 408,1 milliards.
Sur les 22,9 milliards de DH, 15,5 milliards sont des investissements directs et 7,4 milliards des investissements de portefeuille. A quels secteurs appartiennent les investisseurs ? Pour les investissements directs, on trouve, en premier lieu (en termes d’encours), le secteur des banques et des organismes financiers, suivi des holdings, puis des télécommunications, du ciment et des mines.
En termes de flux, les dépenses d’investissements directs réalisées au cours de l’année 2011 ont totalisé un montant de 2,1 milliards de DH, en baisse de 58,5% par rapport à 2010. Les banques occupent le premier rang dans cet investissement avec un montant de 1,1 milliard de DH, là encore en baisse par rapport à 2010 (-31,4%).
Les télécommunications, qui ont investi 2 milliards en 2010, n’ont rien réalisé en 2011. Les assurances, autre gros investisseur direct, se sont «contentées» d’un modeste montant de 49,5 millions de DH, au lieu de 884 millions de DH en 2010.
618 millions de DH investis au Cameroun en 2011
Globalement, les investisseurs marocains à l’étranger, qu’ils soient directs ou de portefeuille, se sont surtout développés à partir de 2007 (voir graphes), conséquence directe de l’amélioration de la réglementation de change intervenue depuis. Même si la France est en tête des pays où sont localisés les investissements marocains directs, les pays africains ont beaucoup attiré les capitaux du Royaume, en particulier depuis la circulaire de 2010 qui a porté le montant des transferts en direction de ce continent à 100 millions de DH par investisseur et par an, au lieu de 50 millions pour les autres continents (voir encadré). Et ce, aussi bien en termes de stock que de flux. En 2011, par exemple, les dépenses d’investissement les plus importantes, en dehors de la France (791 millions de DH), ont été effectuées au Cameroun (618 millions de DH) et en Mauritanie (142 millions de DH). Un an auparavant, le Mali avait reçu 1,6 milliard d’investissements directs marocains, le Gabon 1,3 milliard, la Cote d’Ivoire 884 millions de DH et le Congo 575 millions de DH.
En 2011, les activités dans lesquelles ces capitaux ont été investis concernent surtout l’agriculture et la pêche, l’industrie extractive (extraction de minerais métalliques, notamment), les industries manufacturières (agroalimentaire, textile habillement, cuir et chaussure, chimie, pharmacie…), l’électricité, l’eau et l’assainissement, le génie civil… Dans tous ces domaines, les besoins en Afrique sont énormes. C’est pourquoi, l’encouragement de l’investissement dans ce continent est une excellente option, compte tenu de son fort potentiel de croissance, en raison précisément des retards qu’il cumule dans tous les secteurs.
Cela étant, les investissements étrangers au Maroc resteront encore, et de loin, plus importants que les investissement marocains à l’étranger au vu du gap existant à l’heure actuelle. Une situation qui n’est cependant pas à voir de manière nécessairement négative, nonobstant le déséquilibre entre sorties annuelles de devises sous forme de dividendes et flux entrées provenant des placements réalisés hors frontières. En effet, pour la plupart, les investissements étrangers directs au Maroc sont créateurs d’emplois, de recettes fiscales et d’opportunité d’export pour le pays. Plus d’avantages que d’inconvénients donc ? Pas forcément…
