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Le marché du béton préfabriqué ralentit : 3% de croissance en 2011
Il y a 4 ans, l’offre était loin de pouvoir satisfaire la demande. 9.5 millions de tonnes de béton préfabriqué écoulées en 2011. Sur 500 opérateurs du secteur, la moitié exerce dans l’informel.
Les temps ont bien changé pour les industriels du béton préfabriqué (bordures de trottoirs, blocs et planchers en béton…). Alors qu’en 2007, la demande était tellement forte que les professionnels ne pouvaient pas suivre, le secteur a aujourd’hui considérablement ralenti sa croissance. En 2011, le chiffre d’affaires du secteur atteint environ 5 milliards de DH pour des ventes établies entre 9 et 9,5 millions de tonnes, en progression d’à peine 3% par rapport à 2010, selon Mehdi Maachi Haddou, vice-président de l’Association marocaine de l’industrie du béton (AMIB). Et encore, certaines filières ne parviennent même pas à s’aligner sur cette moyenne sectorielle. C’est notamment le cas pour les fabricants de tuyaux en béton confrontés à la forte concurrence des produits en plastique ainsi que les industriels des planchers en béton en proie à une surproduction avoisinant actuellement 50%, selon les professionnels.
A ces niveaux, le secteur du béton fait nettement moins que l’industrie du ciment dont les ventes ont crû de 10,8% l’année passée, alors que les écoulements des deux produits sont logiquement corrélés (les produits en béton préfabriqué étant à base de ciments). Les professionnels du béton expliquent cet écart par le fait que les constructions anarchiques qui ont dopé les ventes de ciments en 2011 ont surtout profité à la filière informelle de l’industrie du béton, dont le poids est conséquent selon les professionnels (la moitié des 500 opérateurs que compte le secteur exerce dans l’illégalité). «Les cimentiers ont capté les hausses des ventes résultant des constructions non réglementaires via les réseaux de distributeurs qu’ils approvisionnent, mais dans le secteur du béton les opérateurs informels assurent et la fabrication et la commercialisation des produits», justifie M. Maachi Haddou. Et ce sont spécifiquement les fabricants informels de blocs en béton pour murs et cloisons qui auraient le plus tiré profit de la prolifération du logement anarchique.
La problématique de la concurrence non réglementaire est d’autant plus pénalisante que de plus en plus d’opérateurs affluent sur le secteur en raison du faible investissement capitalistique qu’il demande. En outre, les industriels du béton sont confrontés à d’autres problématiques structurelles liées au foncier ainsi qu’aux problèmes des impayés. «Il s’agit certes de problématiques qui touchent plusieurs industries mais elles se posent avec plus d’acuité pour le secteur du béton en raison de ses spécificités», insiste M. Maachi Haddou. S’agissant des problèmes de délais de paiement, le vice-président indique que les entreprises de construction de petite et moyenne taille sont pour la plupart sous-capitalisées, ce qui complique le recouvrement. Pour sa part, la progression du prix du mètre carré au niveau des zones industrielles a de plus en plus tendance à peser sur les marges d’autant plus que les unités industrielles de la filière sont très consommatrices en foncier (au moins un hectare par unité). L’activité est enfin grevée par une désorganisation en termes de process de gestion. En effet, en amont, le transport, le stockage et l’approvisionnement sont aléatoires, ce qui diminue les économies d’échelles et augmente les risques de pénurie de matières premières. En aval, la production, le stockage des produits finis et la mise en œuvre (construction, chaussées, assainissement) sont difficilement programmables au delà d’un délai de 4 à 6 mois pour des projets de taille moyenne, ce qui complique le pilotage sur l’année.
