Affaires
Une première : l’ANRT dévoile les données sur la qualité de service GSM
Le taux minimal de 95% de réussite des appels est loin d’être respecté partout. Méditel accuse le plus de défaillances par rapport à la moyenne du secteur et met en cause la méthodologie. Le réseau de Maroc Telecom est le plus performant.

Promesse aura été tenue. Lundi 16 janvier, l’Agence nationale de réglementation des télécommunications dévoilait publiquement les résultats de l’étude sur la qualité de service dans la téléphonie mobile en ce qui concerne la voix (et non pas la transmission de données). Pour mesurer le service voix, l’ANRT a mesuré 17 000 fois le taux de réussite d’un appel, aussi bien en ville que sur autoroute et sur réseau routier (voir tableau).
Que dit l’étude ? Globalement, le taux de réussite global des appels émis s’est établi, tous sites et tous opérateurs confondus, à 95,32%. Cela signifie qu’un peu moins d’un appel sur 20 subit soit un échec soit une coupure (voir encadré). Le taux global réalisé par les opérateurs est donc conforme à leur cahier des charges qui stipule que la proportion d’appels réussis (aboutis et non interrompus) doit être au moins de 95%.
Mais dans le détail, il faut nuancer. Ainsi, pour ce qui est du taux global dans les villes, la note s’améliore pour atteindre 96,78%, soit au dessus de la moyenne. Mais si ce taux atteint même 99% à Marrakech, il descend à seulement 92% à Fès et 91% à Béni-Mellal, alors qu’Essaouira reste proche de la limite réglementaire.
Mêmes nuances dans le réseau autoroutier. Avec un taux moyen de réussite de 95,93%, il dépasse les 95% imposés comme seuil minimal. Toutefois, la qualité de service sur certains tronçons laisse à désirer. Ainsi, Rabat-Tanger affiche les meilleures performances avec 97,78% des appels aboutis, suivi par Casablanca-El Jadida et Rabat-Casablanca. Mais, à l’opposé, la qualité de service sur le tronçon Casablanca-Marrakech est fortement dégradée avec un taux de réussite des appels qui atteint à peine 92,22% et Rabat-Fès reste également en deçà de la moyenne avec 94,22% de taux de réussite. Enfin, au niveau des routes nationales, c’est le tronçon Rabat-Casablanca qui accuse le taux de performance le plus faible avec 92,12% d’appels aboutis alors que Marrakech-Essaouira se situe juste dans le minimum de 95% exigé par le régulateur.
Une couverture sous-dimensionnée par rapport au trafic réel
Pourquoi ces différences ? L’explication est simple : une couverture insuffisante découlant d’équipements mal dimensionnés en capacité par rapport au trafic réel. Et dans ce registre, ce sont les performances des opérateurs qui sont mises en cause. Par exemple, si, au niveau des villes, Béni-Mellal enregistre un taux moyen de réussite des appels bas, c’est en raison de la qualité de service de Méditel qui s’écarte largement de la moyenne. L’opérateur enregistre également des défaillances sur Casablanca et Rabat, alors qu’Inwi, lui, présente une qualité de service dégradée dans le nord (Tanger et Tétouan) et fortement dégradée à Essaouira. Seul IAM tire son épingle du jeu dans les villes objet du test. Dans le réseau autoroutier, on trouve également des différences entre opérateurs et, il semble, au vu des résultats de l’enquête du régulateur, que Méditel a la note la plus basse du secteur. En effet, alors qu’IAM et Inwi sont soit en ligne avec la moyenne, soit largement au-dessus pour certains tronçons, le deuxième opérateur, lui, présente des taux de réussite inférieurs à la moyenne dans 4 des 6 tronçons objet de l’étude avec un service très fortement dégradé sur Casablanca-Marrakech. Mais il n’est pas le seul à présenter des faiblesses de service. Quand il s’agit de routes nationales, c’est Inwi qui pèche au niveau de 3 des 6 tronçons étudiés. Au final donc, et au vu des données de l’enquête telles que dévoilées par le régulateur (voir tableau en bas, c’est l’opérateur historique qui présente la meilleure qualité de service (un seul point de défaillance, tous sites confondus), suivi par Inwi qui, quoique accusant des faiblesses dans certains sites, se rattrape avec des notes supérieures ailleurs, tandis que Méditel reste globalement dans la moyenne.
Que pensent les opérateurs de tout cela ? Si Inwi semble satisfait avec ce qu’il qualifie de taux de réussite globale des communications égal ou supérieur à la moyenne du marché, Méditel, lui, émet des réserves sur la méthodologie avec laquelle l’étude a été faite. L’opérateur pointe notamment du doigt la taille de l’échantillon (17 000 mesures) trop faible, selon lui au regard du parc, le manque de données précises sur les heures de mesure (pointe, creuse) et le fait que l’on mesure aussi bien les communication intra-opérateur (on-net) que les communications entre opérateurs (off-net) qu’il estiment pouvant biaiser la responsabilité du fait que le non-aboutissement ou la coupure d’un appel peut être le fait aussi bien d’un opérateur comme de l’autre. Des réserves sur lesquelles l’ANRT préfère ne pas réagir en se contentant de rappeler que la méthodologie de l’étude a été intégralement discutée et validée par les trois opérateurs.
