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Déficit de liquidité : ce qu’on fait pour éviter la hausse des taux

Le principal objectif de Bank Al-Maghrib est d’éviter que les taux monétaires ne s’éloignent trop du taux directeur. Elle injecte pour cela toutes les liquidités nécessaires aux banques sous forme d’avances hebdomadaires ou trimestrielles. Les besoins des banques analysés et anticipés quotidiennement.

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Le 2 novembre dernier, Bank Al-Maghrib a servi 29 milliards de DH aux banques au titre des avances à 7 jours, pour combler leur déficit de trésorerie. Seulement, les banques avaient exprimé une demande de près de 34 milliards de DH. Pourquoi cette réponse partielle ? La Banque centrale alimente toujours le marché interbancaire à un niveau inférieur à la demande exprimée par les banques. Ne craint-on pas de voir les taux sur ce marché augmenter ?
En fait, le montant exprimé par les banques chaque semaine est toujours un peu gonflé, selon des banquiers. «Ce qui est normal vu qu’aucune banque ne dira non à plus de liquidité si elle en a l’occasion», estime l’un d’entre eux. En réalité, il est même inutile que les banques avancent un montant au titre de leur besoin, car avant d’injecter les liquidités, Bank Al-Maghrib étudie minutieusement le besoin du marché et avance les sommes nécessaires pour stabiliser les taux. «Nous analysons tous les jours l’évolution des facteurs qui influent sur le niveau des liquidités bancaires. Nos vingt succursales à travers le Royaume assurent une remontée d’information en temps réel, ce qui nous permet de déterminer avec précision le niveau d’insuffisance ou d’excédent de liquidité», explique-t-on à la direction des opérations monétaires et de change de la Banque centrale.
Il faut savoir que trois éléments influent sur le niveau des liquidités bancaires : les avoirs extérieurs nets, la circulation fiduciaire et la position du Trésor auprès de BAM. Pour le premier facteur, les réserves de change sont gérées au niveau de la Banque centrale (voir article en page I), ce qui veut dire qu’elle est la plus à même à déterminer son impact sur le marché interbancaire et prévoir son évolution.

Un historique de 15 ans pour prévoir les hausses de la circulation fiduciaire

Pour la circulation fiduciaire, les succursales de BAM lui remontent l’état des retraits et de dépôts des billets de banque en temps réel, ce qui lui permet de mesurer avec précision l’augmentation ou la diminution de la monnaie fiduciaire. De plus, il dispose d’un historique sur plusieurs années des périodes et régions où la fiduciaire est fortement sollicitée, lui permettant d’établir des prévisions et d’inclure le besoin induit par ce facteur dans ses avances au marché sans délai.
Quant à la position du Trésor, qui reflète l’état des comptes du Trésor et celui du Fonds Hassan II, tout en étant prévisible pour BAM, son impact sur les liquidités bancaires demeure limité. Les levées de fonds auxquelles procède le Trésor privent certes le marché de liquidités immédiatement, mais ne tardent pas à revenir au système vu qu’elles donnent lieu à des paiements (salaires des fonctionnaires, remboursement des dettes…).En ayant une visibilité sur l’ensemble de ces éléments, la Banque centrale parvient effectivement à maintenir stables les taux sur le marché de refinancement des banques. Le 2 novembre, le taux du marché interbancaire était à 3,26%, soit à peine 1 point de base de plus que le taux directeur de BAM. Certes, pendant certaines périodes, le taux se décale davantage, par exemple quand les banques doivent constituer leur réserve monétaire obligatoire. Mais l’écart ne dépasse jamais 20 points de base, et ne dure que quelques jours.
Rappelons que depuis mars 2007, les trésoreries bancaires sont passées d’une situation d’excédent de liquidité à une situation d’insuffisance de liquidité. La principale raison est la baisse des avoirs extérieurs nets, suite à la flambée des cours des matières premières importées par le Maroc. D’ailleurs, les avoirs extérieurs continuent de baisser, puisqu’ils ont perdu près de 17 milliards de DH depuis le début de l’année (-8,7%). Il s’y est ajouté l’augmentation de 11% de la circulation fiduciaire. Résultat : un déficit de liquidité de plus de 30 milliards de DH à fin septembre, dont l’impact sur les taux bancaires est atténué par les injections de liquidités de BAM.
Cette situation a-t-elle poussé les banques à fermer les robinets du crédit ? Pas du tout, nous dit-on à la Banque centrale. Au contraire, elles sont en manque de projets à financer. Et pour pallier le manque de ressources, en plus des avances de BAM, elles recourent de plus en plus souvent à des instruments comme les certificats de dépôt et les emprunts obligataires pour continuer à distribuer des crédits.