SUIVEZ-NOUS

Idées

Le nouveau combat des Saoudiennes ? Les Marocaines !

Aux Saoudiennes qui demandent à  leur Parlement de bloquer la venue des Marocaines, que nos députées répondent en faisant entendre leur voix pour que les droits de nos ressortissantes à  l’étranger, dont le premier, celui de la vie, soient dûment respectés dans ces pays dits « frères ».

Publié le


Mis à jour le

chronique de hinde taarji le nouveau combat des saoudiennes les marocaines

Après avoir tenté d’arracher le droit de conduire elles-mêmes leurs voitures, droit pour lequel elles ont fait campagne toute cette année passée, savez-vous quel est le nouveau cheval de bataille des Saoudiennes ? Le droit de voter? Non. Le droit de mettre le feu à leur khimar ? Non. D’être des représentantes du peuple ? Non. Votre langue au chat ? Eh bien, ce n’est rien d’autre que nous. Nous, les femmes marocaines. Ces dames viennent, en effet, d’effectuer une descente au Parlement pour expliquer à la docte et mâle assistance que celle-ci ne saurait autoriser la venue de prédatrices aguerries dont la présence sur le territoire national constitue un redoutable danger pour la paix de leurs ménages.

Elles disent, rapporte ainsi Ashark Daily, un journal de la région, que «les femmes marocaines sont belles (…), qu’elles peuvent leur voler leurs maris (…) et que cela va causer de l’anxiété et de l’inquiétude». Pour justifier leurs craintes, certaines Saoudiennes vont encore plus loin, assurant «que les Marocaines sont très douées pour la magie et la sorcellerie», allant jusqu’à menacer de quitter leur emploi afin de rester à la maison pour que le mari ne se retrouve pas seul avec la femme de ménage ! Le vent de panique, qui s’est abattu sur la gent féminine saoudienne, a été suscité par la décision récente des autorités de ce pays d’autoriser la mise en place d’agences spécialisées pour organiser le recrutement d’employées de maison du Maroc. Jusque-là, celles-ci provenaient essentiellement d’Indonésie qui, avec 1,2 million de travailleurs domestiques immigrés en Arabie saoudite, était le premier pourvoyeur. Mais cette dernière interdit désormais à ses ressortissantes d’aller travailler dans ce pays en tant que femmes de ménage après que l’une de celles-ci ait été condamnée à mort et décapitée pour avoir tué son patron qui l’empêchait de rentrer chez elle. Leur fort besoin en personnel de maison et leur dépendance, pour ce secteur d’activité comme pour d’autres, à l’égard de la main-d’œuvre étrangère obligent, par conséquent, les Saoudiens à chercher à se pourvoir ailleurs.

Comparativement à l’Indonésie, le Maroc ne fournit à l’Arabie Saoudite qu’un faible contingent de travailleurs, à peine quelques dizaines de milliers (28 000). On peut donc s’étonner que les Marocaines y jouissent d’une réputation sulfureuse au point de pousser les Saoudiennes à se mobiliser pour empêcher leur venue. Ces dernières décennies, l’immigration marocaine a connu une forte féminisation. A la différence des années 60 où seuls les hommes partaient, de plus en plus de femmes s’inscrivent dans un projet migratoire, qui plus est, souvent non pas familial mais personnel. Ainsi le nombre de Marocaines à avoir fait cap sur l’Espagne ou l’Italie a-t-il littéralement explosé. Or, que l’on sache, ces immigrées ne dégagent sur leur sillage aucune odeur de soufre particulière, travaillant pour l’essentiel dans les champs et dans les usines. Alors pourquoi, dans des pays du Golfe, l’image qui colle à la peau des Marocaines est-elle celle de dévoreuses d’hommes et de briseuses de ménage ?

Tout d’abord, ayons le courage de regarder la vérité en face : oui, il existe une prostitution féminine marocaine tournée vers ces pays-là. Mais, et là réside la raison du pourquoi, nous sommes dans le cas de figure type où c’est la demande qui crée l’offre. Derrière la façade vertueuse de sociétés régies par la stricte loi islamique, les pires vices prolifèrent. Le rigorisme religieux et ses interdits combinés à l’argent provoquent un formidable appel d’air auquel répondent celles qui, ailleurs, pour sortir de la misère qui les broie, sont prêtes à vendre et leur corps et leur âme.

Des Marocaines, en effet, se mettent sur le marché de la chair dans ces pays, à l’instar d’autres nationalités. Mais à côté de cette catégorie dont on ne peut évaluer le nombre, faute de statistiques, il y a toutes ces autres qui travaillent dans les maisons saoudiennes dans des conditions qualifiées de «parfois inhumaines» par une étude rendue publique en 2009 par la Fondation Hassan II pour les MRE. Soulignant la surexploitation dont font l’objet les nurses et servantes, l’enquête va même jusqu’à parler d’«esclavage».
Aux Saoudiennes qui demandent à leur Parlement de bloquer la venue des Marocaines, que nos députées répondent en faisant entendre leur voix pour que les droits de nos ressortissantes à l’étranger, dont le premier, celui de la vie, soient dûment respectés dans ces pays dits «frères».