Affaires
Zone industrielle de Bernoussi : 74 entreprises à l’arrêt depuis le 30 novembre
Les pertes varient entre 200 000 DH et 5 millions de DH selon les entreprises.
Il faudra 15 à 20 jours pour réparer les dégà¢ts et le risque de pertes de clients, surtout dans le textile, est quasi certain.
Les industriels demandent des avantages fiscaux et un taux d’intérêt préférentiel pour aider les entreprises sinistrées.

Ce sont soixante-quatorze entreprises, sur les 580 que compte la zone industrielle de Sidi Bernoussi, qui ont subi d’importants dégâts lors des dernières intempéries et ont été obligées de stopper leurs activités depuis le 30 novembre dernier. Nombre d’autres unités ont également été touchées, mais dans une moindre mesure, et ont pu maintenir leur travail. C’est le premier bilan effectué par l’association Izdihar regroupant les principales entreprises de la zone industrielle qui concentre plusieurs secteurs, notamment le textile, le cuir, l’agroalimentaire ou encore la chimie. L’objectif est d’évaluer l’impact des inondations afin d’aider les industriels à surmonter les difficultés de l’heure. Selon les responsables de l’association, l’ampleur des dégâts varie, naturellement, selon les unités. D’après les premières estimations, les pertes se situent entre 200 000 DH et 2,5 millions de DH. Cependant, ce plafond, précise un responsable de l’association Izdihar, a été dépassé pour une entreprise de textile pour laquelle les dégâts sont évalués à 5 MDH. D’après le bilan de l’association, ce sont les équipements de production qui ont été les plus touchés et d’importants travaux de réparation sont nécessaires pour les remettre en marche. Selon les industriels, la reprise ne pourrait avoir lieu que dans un délai de quinze à vingt jours et pas pour tout le monde.
A la détérioration de l’outil de production s’ajoutent donc des conséquences financières significatives. Les 74 unités de la zone industrielle ont enregistré de sérieux retards de production, et leurs programmes d’exportation s’en trouvent ainsi perturbés, d’autant plus que la majorité travaille à flux tendus. En d’autres termes, elles ne disposent pas de stocks pour honorer leurs engagements dans les délais. Dans le secteur textile, particulièrement exigeant en termes de délais, certains risquent tout simplement de perdre des clients à un moment où la demande commence tout juste à reprendre dans les marchés traditionnels, Espagne et France en particulier.
Des centaines d’ouvriers en chômage technique
Les implications sociales sont tout aussi importantes : des centaines d’ouvriers sont en chômage technique. Si cette situation se prolonge, certains employés pourraient être tentés de rejoindre les unités opérationnelles, confie un membre d’Izdihar.
Pour aider à la reprise, l’association est actuellement en discussion à la fois avec les autorités locales et les compagnies d’assurance. Seulement, il n’y a encore aucune visibilité quant à l’aide pouvant être apportée aux unités sinistrées dans la mesure où les assureurs sont plutôt réticents à la couverture des risques liés aux catastrophes naturelles. Sans compter que plusieurs opérateurs n’ont pas, selon l’association, inclu cette garantie dans leurs contrats d’assurance. C’est pour cela que les responsables de l’association doivent rencontrer, cette semaine, la Fédération marocaine des sociétés d’assurance et de réassurance afin d’étudier les possibilités de couverture.
Outre le volet assurance, l’association estime que les sinistrés doivent également bénéficier d’avantages fiscaux et d’un taux d’intérêt préférentiel pour le financement du coût des réparations. Selon plusieurs industriels de la zone de Sidi Bernoussi, les frais de remise en marche seront importants. Cependant, ils n’en avancent aucune estimation car les expertises sont en cours. L’association marocaine des industries textile et de l’habillement (Amith), qui a de son côté lancé en début de semaine un recensement des unités touchées dans le but d’évaluer l’impact des inondations, confirme les propos des industriels et compte aussi mettre en place un dispositif de soutien au profit des entreprises de la zone.
La zone industrielle est desservie par des infrastructures vétustes et mal entretenues
Pour l’association Izdihar, les actions d’aide aux entreprises ne doivent pas s’arrêter à un accompagnement financier. Parmi les solutions les plus importantes qu’elle préconise, on relève la réalisation d’importants travaux de rénovation aussi bien au niveau des routes que du réseau d’assainissement pour mieux protéger cette zone très exposée en raison des nombreuses insuffisances dans l’aménagement. Et dans ce sens, nombreux sont les industriels qui dénoncent les réparations des infrastructures, actuellement en cours et qui s’assimilent plus à du «colmatage». Preuve que les infrastructures communes sont dans un état de délabrement avancé parce que mal entretenues, il a fallu au moins six heures pour accéder aux unités de production, durant la nuit du 30 novembre au 1er décembre, déplore un industriel.
