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Affaires

18 millions de touristes, le nouvel objectif de la Vision 2020

Les stations Azur restantes à  achever en plus de 17 000 nouveaux lits chaque année.
Le tourisme culturel sera désormais le deuxième pilier de l’offre après le balnéaire.
Huit territoires homogènes identifiés et 1 450 sites répertoriés pour de futures attractions touristiques.

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C’est mardi 30 novembre que sera dévoilée dans les détails la Vision 2020 à l’occasion des Assises nationales du tourisme qui se tiendront à Marrakech. Si l’élaboration de cette nouvelle vision pour le tourisme a été entourée du plus grand secret, la compilation des informations distillées au compte-gouttes laisse entrevoir les différents axes. Déjà, l’on sait que l’objectif ciblé à l’horizon 2020 est d’accueillir 18 millions de touristes, au moins. Cela devrait se traduire, selon une source proche du dossier, par la création de quelque 17 000 lits supplémentaires par an et la conquête de nouvelles parts sur les marchés traditionnels du Maroc. L’idée consiste également à mettre l’accent sur d’autres marchés émergents ciblés en priorité.
A cet égard, il est prévu que le budget de l’Office national marocain du tourisme (ONMT) soit doublé rapidement, plus précisément d’ici à 2016. La promotion des produits sera revue de fond en comble, à l’aune des nouvelles perspectives qui s’annoncent pour les régions. On projette ainsi que les recettes touristiques devraient tripler à l’échéance 2020.

Rééquilibrage entre le balnéaire et le culturel

Ainsi, l’offre Maroc, telle que prévue par la nouvelle vision, doit s’articuler autour de trois axes. Il y a d’abord le développement durable comme souci majeur à travers tout le territoire national avec la perspective, ou du moins l’espoir, de retombées sur les populations locales en termes d’emplois et de revenus. C’est un vaste chantier qui nécessite l’implication des élus locaux et des citoyens.
Le deuxième axe, sans doute le plus important, a trait à la régionalisation. L’objectif est de mettre en exergue l’offre culturelle à travers le développement de nouvelles destinations dites pôles de croissance, comme les régions de Fès-Meknès-Ifrane, Tanger et le nord, ou encore Tadla-Azilal. Ces régions devront suivre l’exemple de Marrakech-Essaouira qui ont bien capitalisé sur leur dimension culturelle.
Des enquêtes dans des marchés émetteurs ont montré que 39% des touristes qui veulent visiter le Maroc sont intéressés par le tourisme culturel. Les concepteurs de la Vision de 2020 tablent ainsi sur un partage plus ou moins égal entre le balnéaire et le
culturel avec respectivement 42% et 39% des voyages vers le Maroc.
Le troisième axe de cette vision réside dans le rééquilibrage de l’offre balnéaire, notamment avec l’achèvement de la construction des stations Azur et l’extension des capacités de certaines destinations comme Agadir, selon un calendrier réaliste.

Une Haute autorité du tourisme et un fonds national d’investissement touristique seront créés

La tournée effectuée récemment par le ministre du tourisme Yassir Znagui dans les 16 régions du Royaume a permis de recenser ces potentialités régionales de manière exhaustive. Selon le ministre, 1 450 sites qui peuvent constituer une attraction pour le touriste sont recensés, dont seulement 320 sont aujourd’hui mis en valeur et visités.
La tournée des régions a permis, d’autre part, de mesurer l’inégalité entre ces régions au niveau de la perception, par les autorités locales et les élus, du travail à accomplir pour la promotion de leur région. Certaines régions se sont projeté dans l’avenir en réalisant des études et en fournissant la matière pour l’élaboration de plans de développement touristique. D’autres attendent que tout leur vienne d’en haut.
Mais peut-être que la décision stratégique de choisir 8 territoires touristiques, qui ne coïncident pas forcément avec le découpage administratif actuel, pour asseoir la Vision 2020, permettra à plusieurs régions de travailler ensemble dans la mesure où un territoire  (futur destination) peut empiéter sur plusieurs communes administratives de régions différentes.
Si le contrat programme global de la Vision 2020 sera signé le 30 novembre, il restera donc à élaborer les contrats programmes régionaux qui devront être signés au courant de l’année 2011 car il s’agit de savoir, après l’identification des potentialités et des besoins, quels genres de nouveaux lits vont être créés et où le seront-ils.
La nouvelle approche va délibérément vers une responsabilisation des régions. Du reste, la régionalisation au niveau politique sur lequel le Maroc est en train de s’engager est perçue comme un atout par les professionnels du tourisme dans la mesure où elle implique forcément des moyens financiers et humains supplémentaires. On invoque à cet égard la création d’un fonds national d’investissement touristique qui va démarrer avec 15 milliards de DH apportés par l’Etat et le Fonds Hassan II.
On semble aussi conscient de la faiblesse en matière de ressources humaines et financières au niveau des structures touristiques régionales, notamment les Conseils régionaux du tourisme (CRT). M. Znagui n’a pas caché à l’occasion de la rencontre qu’il a eue avec la presse nationale, lundi 22 novembre, la nécessité d’un système de gouvernance pour l’exécution de la Vision 2020 au niveau régional et national. Une Haute autorité du tourisme sera créée à cet effet.
Le contrat programme qui sera signé le 30 novembre constitue juste un coup d’envoi. Le plus dur restera à faire.