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Stagnation, ennui au travail et comment relancer sa carrière : Avis de Catherine GALL, Co-réalisatrice de l’ouvrage "Office Code"

L’agencement des bureaux fortement lié à  la culture.

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Steelcase, leader mondial de l’aménagement de bureau et du mobilier, vient d’éditer Office Code, un ouvrage qui décrypte l’influence des cultures nationales sur les modes de travail et l’aménagement des espaces de bureaux. Ce livre a pour vocation de définir les habitudes et les coutumes par pays et donc de mieux cerner les attentes des entreprises en termes d’utilisation de l’espace de travail. Catherine Gall, directeur recherche et prospective Europe et co-réalisatrice de l’ouvrage, revient sur les objectifs de cette étude mais aussi sur le cas Maroc, dont l’ouvrage qui lui est consacré sera bientôt disponible.


Vous avez édité un ouvrage sur l’influence des cultures nationales sur les modes de travail et l’aménagement des espaces de bureaux. Pourquoi faire ?

Depuis longtemps, les chercheurs, notamment dans le domaine des sciences humaines, se sont intéressés aux différentes problématiques de management, notamment interculturelles, mais rarement à l’influence des codes culturels sur les modes de travail, d’aménagement des espaces de travail et d’organisation spatiale. De ce fait, les entreprises, surtout les multinationales, étaient souvent confrontées à ces problématiques d’aménagement.
Nous sommes aussi partis du constat que chaque pays dispose d’une architecture particulière et que les bâtiments sont différents d’un pays à l’autre. Par conséquent, cela se répercute naturellement sur l’organisation spatiale. Les espaces ouverts n’ont pas la même densité en Allemagne qu’en France, en Italie ou au Royaume-Uni.  
Tous ces facteurs nous ont poussés à étudier plusieurs cas surtout en Europe d’abord mais aussi à travers le monde. On s’est porté sur des cas d’entreprises publiques parce qu’elles reflètent la culture du pays, les entreprises privées les plus innovantes mais aussi les entreprises étrangères installées dans les pays étudiés.

Comment se reflète la culture alors dans l’espace de travail ?
Aujourd’hui, on peut dire qu’au-delà de l’universalité des outils et des méthodes de management, le poids culturel de chaque pays est bien présent dans l’entreprise. Par exemple, en France, les bureaux sont conçus comme des lieux fonctionnels mais aussi chargés de dimension affective et sociale importante. Le mobilier est ergonomique et les logiques d’aménagement concilient espaces ouverts et cloisonnées. Plus on monte dans la hiérarchie, plus on retrouve des bureaux privatifs. Aux Pays-Bas, l’aménagement intérieur reflète la culture de travail égalitaire, autonome, tolérante et pragmatique ; les supérieurs hiérarchiques ne bénéficient pas d’un aménagement particulier. En Allemagne, l’organisation spatiale est de manière à faciliter la pénétration de la lumière et la circulation de l’air. Les bureaux sont spacieux et ordonnés de façon à favoriser la concentration.

Vous vous êtes également intéressé au Maroc, quel constat tirez-vous ?
Nous avons visité des projets sur lesquels Steelecase travaille au Maroc et nous avons constaté que les espaces de bureau ne constituent pas encore une thématique importante et approfondie de la réflexion architecturale et de la stratégie organisationnelle.  Mais de façon générale, les bâtiments adoptent souvent des architectures originales. Leur caractère singulier est destiné à exprimer fortement l’image de l’entreprise, l’identité de la marque ou la puissance de l’organisation.
La culture de travail marocaine traditionnelle repose sur une organisation hiérarchique encore marquée, une importance des relations interpersonnelles, une tendance à la bureaucratie, mais aussi parfois à l’improvisation.
Nous avons aussi remarqué que l’espace ouvert a encore du mal à passer. Les besoins vont plutôt vers des espaces fermés à petites tailles. Les salles de réunion sont souvent des espaces d’information et de communication très importants. Les entreprises ont encore le culte du secret. C’est ce qui ressort généralement au niveau de l’architecture locale qui propose très peu de fenêtres.
D’ailleurs, une deuxième édition de Office Code traitera du cas du Maroc mais aussi d’autres pays, notamment la Chine, la Russie, l’Inde.

Quelles sont à votre avis les tendances pour les prochaines années ?
Je pense que la grande mouvance touchera à la mobilité et au travail à distance. L’entreprise va devoir offrir à ses collaborateurs mobiles une infrastructure technologique qui va leur permettre de travailler efficacement à distance.
D’ailleurs, quand on voit comment les technologies de l’information ont totalement chamboulé les organisations. Aujourd’hui, la présence, est peu significative dans des entreprises comme Accenture, Price Waterhouse Coopers… Chez Steelcase France, par exemple, seulement 30% du personnel du siège passent leur temps au bureau.
L’autre grande tendance est le travail en équipe. La multiplication de ces situations de travail en équipe obligera les entreprises à adapter leurs espaces de travail. Cela impliquera notamment une meilleure compréhension de l’usage des salles de réunion, où l’on retrouvera plus d’outils visuels, des connexions vidéo avec des sites à distance, On devrait également voir apparaître des espaces informels et mutualisés où les collaborateurs viendront pour faire une pause, se changer les idées, passer un coup de fil difficile…