Au Royaume
Ahmed El Arja : Ingénieur en automatisme, il est devenu un patron prospère
Fils d’un agriculteur modeste, il doit ses études au soutien d’un de ses instituteurs français.
Après 10 années passées à Cellulose du Maroc, il décide de créer son entreprise.
Il réalise aujourd’hui un chiffre d’affaires de 125 MDH qu’il compte porter à 300 millions d’ici 2015 et possède plusieurs implantations en Afrique.

Au départ, la vie n’a pas été tendre pour Ahmed El Arja, aujourd’hui DG de la société Contrôle industriel marocain d’équipement. Spécialisée dans l’ingénierie industrielle et l’automatisme, son entreprise réalise un chiffre d’affaires de 125 MDH dont 25% à l’export. M. El Arja est né en 1949 à Sfafa, un douar à 40 kilomètres de Kénitra. Il est le sixième garçon d’une fratrie de 13 enfants dont le père est un modeste agriculteur. Autant dire que ses chances de s’en sortir étaient minces au départ. D’ailleurs, il est le seul enfant de la famille à avoir réussi à faire de longues études. Et cela, il le doit à un heureux hasard, celui d’avoir été pris en main par le directeur de son école primaire de Sidi Yahia, un Français, dès son certificat d’études primaires (CEP) en 1960.
Après son brevet d’études secondaires, le jeune Ahmed choisit une orientation technique. Il décroche son bac en 1970 et son parrain l’aide à obtenir une bourse de la société «Cellulose du Maroc» qui en offrait à l’époque. Les 500 DH qu’il percevait -l’équivalent de 750 FF à l’époque- lui ont permis de poursuivre confortablement ses études supérieures en France. C’est donc à l’Institut de technologie de Toulon en 1973 que le jeune Ahmed obtint son premier diplôme, un DUT option automatisme. Mais il ne s’arrête pas en si bon chemin. Au bout de trois années d’études supplémentaires, il devient ingénieur en génie électrique, automatisme et en études et process industriels spécialisé en pâtes et papier. Et c’est tout naturellement qu’à son retour au pays qu’il est embauché par son bailleur, Cellulose du Maroc, après un petit crochet par la société mère de l’époque, «Cellulose du pin», établie à Bordeaux. Il est alors chef de service «Automatisme et instrumentation».
Durant les dix années qu’il passe au service de cette société, il sera responsable du projet «économie d’énergie» puis prendra la tête du département «matériel» qui comptait plus de 250 personnes.
Il démarre avec un capital de 20 000 DH, dont un quart libéré
Mais, en 1986, après un désaccord avec sa direction, il claque la porte et crée sa propre entreprise qu’il baptise Contrôle industriel marocain d’équipement (CIM), une société qui intervient principalement dans l’ingénierie, l’instrumentation et la maintenance industrielle. Il ne libérera que le quart légal du petit capital qui était de 20 000 DH, loue un petit local de 25 m2 et embauche une secrétaire.
Les débuts sont extrêmement laborieux car les entreprises ne le prennent pas au sérieux, le domaine ayant été pendant longtemps réservé aux étrangers. Beaucoup de patrons ne daignent même pas le recevoir. Il trouve alors la parade en contactant justement les bureaux étrangers qui interviennent dans l’activité et leur propose de sous-traiter pour leur compte les tâches les moins intéressantes pour eux. Son premier contrat portant sur l’optimisation d’un process de production sera de 250 000 DH. Aujourd’hui, sa société emploie 250 personnes à plein temps et réalise un chiffre d’affaires de 125 MDH. Mais ce montant ne concerne que la société marocaine qu’il dirige lui-même. En fait, Ahmed El Arja a, depuis quelques années, commencé à explorer les opportunités en Afrique. C’est ainsi que dans d’autres pays, il a créé, en partenariat avec des autochtones, plusieurs sociétés.
La première se trouve au Sénégal où il a d’abord réalisé, pour le compte du groupe Technip, un contrat de
400 000 euros (4,4 MDH) pour les Industries chimiques du Sénégal (ICS). Puis, voyant que le marché était mûr, il crée, à Dakar, un bureau d’études qui réalise aujourd’hui un chiffre d’affaires d’environ 1,5 million d’euros (16 MDH). Homme d’affaires téméraire, il franchit le pas en Algérie, en Tunisie puis en Libye.
Il compte ouvrir un joint-venture en Angola
Ahmed El Arja n’a pas peur d’aller aussi loin pour le business. «Je m’allie avec des hommes d’affaires originaires de ces pays et qui savent protéger leurs intérêts qui se trouvent être aussi les miens. Ensuite, il y a le droit international et les règles d’arbitrage. Ce qui fait qu’à y bien regarder, je ne prends pas le moindre risque. Et puis, il est normal d’aller là où il y a du gaz et du pétrole, des domaines où les industriels peuvent comprendre ce que nous leur apportons en matière d’économie et d’optimisation des outils de production».
C’est dire que M. El Arja ne compte pas s’en tenir à ses implantations actuelles. Il projette d’aller en Guinée Conakry et en Angola et, en ce moment même, il est en train de prospecter au Moyen-Orient, notamment au Qatar, toujours avec l’idée de s’adosser à des investisseurs locaux.
Pour ce qui est de son entreprise marocaine, il compte atteindre un chiffre d’affaires de 300 MDH en se concentrant sur trois gros clients : le groupe OCP, la Samir et la Cosumar pour toutes ses unités à travers le Maroc.
Par ailleurs, Ahmed El Arja vient de lancer l’Institut de régulation et d’automation (IRA) dont il veut faire une grande école plus tard. Mais aujourd’hui, explique-t-il, «le domaine étant très capitalistique, nous commençons par des formations métiers». Il projette d’y investir 25 MDH sur les cinq années à venir parce qu’il y a un énorme besoin en la matière. «Ma propre entreprise dépense plus de
2 MDH par an pour le chapitre formation et recyclage», fait-il savoir.
