Télécoms : IAM trébuche sur le mobile et Wana a des soucis avec l’internet et le fixe

C’est un marché des télécoms fort contrasté qui se dessine à l’issue du premier trimestre 2010. Certes, la croissance a été au rendez-vous, mais c’est surtout les performances des opérateurs qui attirent l’attention.
Dans le segment du mobile c’est d’abord le bon taux de croissance du parc clients qui attire l’attention. Il a évolué de 6,83% en un seul trimestre, soit plus de 1,7 million de nouveaux clients, ce qui ramène le total à plus de 27 millions. Etonnant, quand on sait qu’il n’avait évolué au cours du premier trimestre de l’année 2009 que de 3,07%. Regain d’attractivité pour un marché qui, à fin décembre déjà, affichait un taux de pénétration de 81,18% et qui, à fin mars dernier, atteignait les 85,82% ? Il y a eu en fait un effet Inwi. Avec le lancement de son gsm, Wana a poussé la concurrence à réagir et à multiplier les offres promotionnelles. Résultat des courses, le nouvel arrivé a quasiment doublé son parc qui affichait 604 000 clients (CDMA) et auquel se sont rajoutés 686 000 clients recrutés en un mois et demi d’existence à peine.
L’autre exploit est à mettre à l’actif de Méditel. Le deuxième opérateur ne s’est pas contenté d’élargir son parc clients, il a fait même mieux qu’Inwi (il est vrai sur un trimestre complet) en attirant 744 000 abonnés supplémentaires, soit une hausse de 7,9%. Une performance qui prend tout son sens quand on sait que Maroc Telecom, l’opérateur historique, n’a, lui, attiré que 307 000 nouveaux clients supplémentaires, se contentant d’une timide progression de 2%. C’est donc à une reconfiguration des parts de marché que l’on a assisté dans un périmètre en croissance. Avec ses nouveaux produits, Wana Corporate atteint aujourd’hui 4,77% alors que dans le même temps la part d’IAM baisse de près de trois points pour ne plus représenter que 57,6%, Meditelecom, lui, s’est offert le luxe de passer de 37,27% à 37,63%.

La 3G continue sa croissance soutenue et représente plus de 64% de l’accès à internet

Sur le segment de l’internet, là encore, la croissance a été au rendez-vous. On comptait, au 31 mars 2010, 1,36 million de branchés à la toile alors qu’ils n’étaient que 1,19 million trois mois auparavant. Bien entendu, et comme c’est le cas depuis la forte poussée de 2009 et l’apparition des clés/modems mobiles, c’est la 3G qui tient le haut du pavé. Elle a attiré 171 285 nouveaux clients, affichant ainsi une progression de 24,3% en un trimestre et de 159% sur un an. Renversement des rôles, cette fois-ci c’est Maroc Telecom qui en a le plus profité, réduisant l’écart avec Wana. L’opérateur historique a réussi le tour de force d’attirer 90 000 nouvelles recrues, suivi par Meditelecom avec environ
46 000. Wana Coporate qui, il y a à peine un trimestre, affichait les meilleures progressions en volumes, se trouve relégué au troisième rang de la croissance avec un petit 37 000 clients supplémentaires.
Certes, tout le monde profite de la croissance, mais les éléments de différenciation marketing ne sont plus aussi porteurs qu’auparavant et la capillarité des réseaux de distribution peut jouer un rôle déterminant sur ce segment. Cela sachant que même sur l’ADSL qui était en baisse depuis septembre 2009, l’opérateur historique, avec des offres entreprises bien ciblées, a pu attirer 4 409 nouveaux abonnés. Au final, en termes de chiffres c’est Maroc Telecom qui remporte la bataille trimestrielle de l’internet et en termes de parts de marché Meditelecom décroche la meilleure évolution passant de 12,94% à 14,64%.  

Bayn, le fixe de Wana corporate, cannibalisé par le GSM Inwi du même opérateur

Autre segment à suivre, le fixe qui reprend le chemin de la baisse. Le nombre de lignes actives au 31 mars était de 3,44 millions, en baisse de 2,04% après plusieurs trimestres de hausse, dus à l’arrivée du Bayn de Wana (fixe à mobilité restreinte). Dans ce registre, là encore, quand Maroc Telecom perdait un peu moins de 2 000 clients, Wana Corporate, lui, concédait une baisse de plus de 70 000, sur un parc de 2,26 millions à fin décembre 2009. Là, ce n’est certainement pas l’effet concurrence mais plutôt la cannibalisation par le mobile qui a probablement joué, puisque le produit Bayn, assimilé en terminologie télécoms à un fixe, est plutôt un téléphone que l’on peut utiliser dans un rayon de 35 km. L’attrait nouveauté pour Inwi et la facturation à la seconde proposée aura créé un effet de substitution.
Au final, et à l’issue d’un trimestre riche en surprises, c’est surtout Méditel qui aura tiré son épingle du jeu en se positionnant mieux sur les segments qu’il couvre, ceux du mobile et de l’internet. Maroc Telecom, lui, se retrouve handicapé par ses performances mitigées sur un marché du mobile qui représente le nerf de la guerre en accaparant 80% du flux voix et Wana Corporate a du souci à se faire sur un double front. Celui de l’Internet 3G, où il ne fait plus la différence comme avant, et celui du fixe, victime de l’intensification des offres concurrentielles provenant du mobile. Faites vos jeux, rien ne va plus !