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Maroc – Conjoncture – Premier trimestre 2010 : ce que disent les chiffres-clés

Maroc – Conjoncture : 4,6% de croissance mais une reprise très fragile.

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Le chômage repart à la hausse : 10%

68 000 emplois nets ont été créés au cours du premier trimestre 2010, un nombre insuffisant pour compenser l’évolution naturelle de la population active, et qui a finalement impacté négativement le taux de chômage qui passe de 9,6% à fin 2009 à 10% trois mois plus tard. Bonne nouvelle, ce sont les diplômés du niveau moyen et supérieur qui ont le plus profité des emplois créés.
Par secteur d’activité, l’agriculture, forêt et pêche ont participé à ces créations avec 43 000 postes, le BTP y a contribué avec 31 000 postes et l’industrie avec 11 000 postes. Le secteur des services, en revanche, a perdu 26 000 postes. Précisons toutefois que si les services ont perdu des postes de travail, certaines branches ont créé des emplois : 16 700 postes dans la «restauration et hôtellerie» et 14 000 dans la branche «banques, assurances, activités immobilières et services fournis aux entreprises»  alors que d’autres en ont perdu : «services personnels et domestiques» (-24 500 postes) et «services sociaux fournis à la collectivité» (-26 900 postes).
Compte tenu de cette évolution du marché du travail, d’un côté, et de celle de la population active, de l’autre côté, le nombre de personnes en chômage a augmenté de 4,5% (soit 49 000 chômeurs de plus) au premier trimestre 2010 par rapport à celui de 2009.

Les exportations hors phosphates se maintiennent mais…

Petite hausse des exportations de biens et services à l’issue du premier trimestre de 2010 : + 6,5% par rapport à la même période de 2009, mais cette augmentation est surtout le fait d’une forte expansion des exportations de phosphates et dérivés (+ 58,2%). Hors phosphates, les exportations de marchandises sont demeurées stables et c’est plutôt une bonne nouvelle. Cette quasi-stagnation est le résultat, entre autres, de hausses des exportations de composants électroniques, de déchets et débris de cuivre, de ferraille, débris de fonte, fer et acier, de l’huile brute et raffinée et de la pâte à papier, de poisson en conserve et de farine et poudre de poisson (+ 50,1%). Côté baisse, il y a de quoi s’inquiéter puisque les principaux produits d’exportation sont en berne.
– 35,5% pour les vêtements confectionnés, – 29% pour les articles de bonneterie), – 55,5% pour les fils et câbles pour électricité), – 23,5% pour les tomates  fraîches, – 36,4% pour les légumes frais, congelés ou en saumure et – 12,3% pour les agrumes. Les exportations de services, pour leur part, ont augmenté mais seulement de 2,9% à 21,8 milliards de DH.  Les services dont les recettes ont augmenté concernent les voyages (+ 12,7%) et les centres d’appel (+ 27,1%). Au même moment, les importations de biens et services se sont inscrites en hausse de 13,2% à 77,3 milliards de DH.

Les crédits à l’économie en hausse de 2,4% en trois mois

Si l’encours des crédits à l’économie a crû de 10,26% par rapport à celui de fin mars 2009, sa progression au cours du premier trimestre 2010 a été de 2,4% par rapport à la fin de l’année écoulée.
Dans le détail, les crédits à l’équipement, avec un encours de près de 130 milliards de DH à fin mars 2010, ont augmenté de 3,9% par rapport à la fin de l’année 2009 et de 24% par rapport à fin mars 2009.
Les crédits à la consommation, eux, ont connu un encours en progression de 2,36% (+ 720 MDH) par rapport à leur niveau de la fin de l’année 2009. Par comparaison à mars 2009, la hausse est de 15,76%. L’évolution reste donc positive, mais le rythme a baissé si on garde en mémoire les niveaux de croissance atteints en 2007 (+ 40,7%) et en 2008 (+ 28%). Il faut toutefois relativiser ces chiffres, en rappelant qu’il ne s’agit que de crédits bancaires à la consommation, compte non tenu, donc, de ceux distribués par les sociétés de crédit à la «conso». L’activité immobilière, elle, marque très nettement le pas ! C’est surtout vrai des crédits accordés aux promoteurs immobiliers qui n’ont progressé que de 1,5 % sur le premier trimestre 2010, comparativement au 31 décembre 2009, de 13,3% par rapport au premier trimestre 2009 et 6,11% sur les douze derniers mois.

L’investissement démarre timidement

L’investissement, variable importante de la croissance (233,6 milliards de DH sur les 732 milliards du PIB global) devrait profiter de la consolidation de l’investissement public en 2010 : 45 milliards de DH pour le Budget général, 111 milliards pour les établissements et entreprises publics et 6 milliards pour les collectivités locales.
A cela, il faut ajouter l’investissement privé. Sur les trois premiers mois de 2010, les crédits à l’équipement ont augmenté de 24,05 % par rapport à mars 2009 et de près de 4 % par rapport à la fin de 2009. Toutefois, au cours de ces trois premiers mois de 2010, l’investissement dans le bâtiment démarre timidement en raison du mauvais temps qui a sévi en ce début d’année. Par ailleurs, les importations de biens finis d’équipement ont chuté de 4,2% à fin mars 2010  à 15,7 milliards de DH. Les baisses ont concerné les machines et appareils divers (- 9,3%), les fours industriels (- 82,4%), les machines et appareils pour l’industrie alimentaire (- 50 %), les avions (- 78 %).
C’est le cas également de l’investissement public, notamment l’investissement inscrit dans le Budget général de l’Etat qui a baissé de 20% à 9,08 milliards de DH sur les deux premiers mois de 2010 (au lieu de 11,34 milliards à la même période de 2009).

La consommation des ménages impactée par la hausse des prix et la baisse de l’activité agricole

La consommation des ménages, autre principale variable de la croissance économique au Maroc (c’est plus de 445 milliards de DH sur les 732 milliards du PIB global en 2009), marque une progression moins vigoureuse que les années précédentes. En cause, la baisse de l’activité agricole et la hausse des prix des fruits et légumes frais, notamment. L’effet psychologique produit par la crise a également joué comme le montre l’enquête sur le moral des ménages produite par le HCP (voir «La Vie éco» de la semaine dernière). En témoigne le fléchissement des ventes de voitures neuves de 7,8% à fin mars, ainsi que la baisse perceptible de la fréquentation des grandes surfaces. Mais attention il ne s’agit que d’un ralentissement du rythme de croissance de cette variable. On voit bien que ça décélère un peu ! Avec la reprise qui se profile, la hausse des envois des MRE et l’arrivée de l’été, période de consommation de masse (mariages, vacances, et rentrée des MRE), les bourses recommenceront à se délier. Au total, si les prévisions du HCP, établies dans son budget économique, se réalisaient, la consommation des ménages ne devrait pas trop s’éloigner de son niveau de 2009 : soit 5,2%.