SUIVEZ-NOUS

Affaires

A peine 5% des exportations réalisées en 2009 ont été assurées

Le manque de culture de l’assurance et l’importance de la sous-traitance sont à  l’origine de ce faible taux de couverture.
Le potentiel assurable estimé à  90 milliards DH en dehors des phosphates.
Deux opérateurs, dont la Smaex, offrent des services dans ce créneau.

Publié le


Mis à jour le

Voilà un service d’une importance capitale qui reste négligé par les entreprises marocaines : l’assurance des transactions à l’export. Pourtant, en ces moments de crise, cette couverture devait être fortement utilisée en raison des risques de défaillance commerciale. Il n’en est rien. Le chiffre d’affaires global à l’export, qui a été assuré en 2009, est estimé à seulement 6 milliards de DH sur un montant total de 112 milliards de DH, soit à peine 5,3%, alors que le potentiel est évalué à 90 milliards de DH. Les ventes de phosphates à l’étranger ne sont pas pris en compte en raison de l’importante capacité d’auto-assurance du groupe Office chérifien des phosphates (OCP).
Ce faible taux de couverture handicape sérieusement les entreprises exportatrices car les avantages de ce type de service sont indéniables. Les garanties proposées couvrent les risques commerciaux (défaut de paiement prolongé ou insolvabilité de l’acheteur étranger suite à un redressement ou liquidation judiciaire) et les risques politiques, catastrophiques et de non-paiement. Le remboursement peut atteindre 90% du montant de la créance.

Les frais d’assurances se situent entre 0,3% et 0,5% du chiffre d’affaires

Tous ces avantages ne semblent cependant pas séduire nos exportateurs. Trois facteurs expliquent cette désaffection vis-à-vis de ce service. D’abord, une grande partie des entreprises marocaines traitent avec des clients avec qui ils ont bâti une relation de confiance. «Du coup, elles estiment à tort qu’elles n’ont pas besoin d’assurer leurs transactions qu’elles concluent avec eux», signale Nezha Lahrichi, présidente de la Société marocaine d’assurance à l’exportation (Smaex). Ensuite, une autre part des exportations, non moins importante, est constituée de sous-traitance et les réalisations des filiales de grandes entreprises installées au Maroc. Enfin, comme l’explique Mme Lahrichi, il y a l’absence d’une culture de l’assurance dans les milieux d’affaires.
Pourtant, les frais de souscription fixés par les deux organismes qui opèrent dans ce secteur, en l’occurrence la Smaex, dont le capital est contrôlé à 35% par l’Etat, et Euler Hermes Acmar, entreprise privée, ne sont pas faramineux. Ils oscillent entre 0,3% et 0,5% du chiffre d’affaires de la transaction.
«Le tarif est appliqué au cas par cas en fonction de plusieurs facteurs tels le volume du chiffre d’affaires, le secteur d’activité et la destination de l’exportation», explique Mme Lahrichi. «La tendance veut que cette rémunération tienne nécessairement compte de la manière la plus juste possible d’un certain nombre d’éléments d’appréciation du risque lié au portefeuille client tels que les zones d’exportation, les délais de paiement accordés, les volumes assurables mais surtout les probabilités de défaillance de ses acheteurs», souligne, pour sa part, Youssef Douieb, directeur général-adjoint d’Euler Hermes Acmar. Même en tenant compte de tous ces aspects, les frais d’assurances ne dépassent pas 0,6 % du chiffre d’affaires.
Même si les charges sont peu élevées, l’Etat accorde encore des avantages pour encourager les exportateurs à recourir davantage à cette prestation. Pour en bénéficier, il faut passer par la Smaex (voir encadré). Euler Hermes Acmar compte, lui, sur le poids du groupe à l’international pour renforcer sa présence sur le marché marocain.