Affaires
Le GPS au Maroc, un marché encore embryonnaire
A peine 8 000 à 12 000 GPS de navigation aujourd’hui en circulation.
Sur un parc automobile de
2 millions de véhicules, les professionnels tablent sur 100 000 à équiper d’ici trois ans.
Le GPS utilisé aussi dans la gestion de flotte d’entreprises.
Sur les 160 000 véhicules professionnels en circulation, à peine 4 000 sont équipés de GPS de localisation.

Depuis novembre 2008, le Global positioning system (GPS) tente une percée au Maroc. Jusque-là, on en était à la géolocalisation, procédé qui permet de situer un objet sur un plan grâce à ses coordonnées géographiques. Mais avec le lancement des premières cartographies marocaines, tout automobiliste peut aujourd’hui s’offrir un GPS, parmi les nombreuses références actuellement commercialisées, entre autres Tom Tom, GPS Myway et Ndrive. A en croire Saâd Filali, gérant de Movitec, société spécialisée dans les domaines liés à la mobilité, «les cartes sont en cours de perfectionnement et d’extension». Amina Tazi, directeur associé à GPSMaroc, société spécialisée dans l’intégration de GPS de navigation, confirme qu’«il y a sur le marché des cartographies fiables et pérennes car provenant de vrais professionnels ayant pignon sur rue depuis plusieurs décennies». En revanche, souligne-t-elle, «d’autres ne sont pas fiables car provenant de sociétés d’un tout autre domaine ou débutantes qui ont flairé la bonne affaire et se sont inventé une nouvelle vocation». Vérifiez donc que l’offre inclut une mise à jour régulière qui, de manière générale, est faite tous les 3 à 6 mois.
Les opérateurs tablent sur 100 000 GPS de navigation d’ici trois ans
Après l’autoradio, le GPS pourrait donc bien devenir le prochain gadget à posséder absolument dans son véhicule.
«Beaucoup d’opérateurs ont essayé d’attaquer ce marché qui n’est pas du tout facile. Il faut du professionnalisme et de la patience. Ce sont ceux qui sauront vendre le meilleur service après-vente qui réussiront à s’imposer», met en garde Saâd Filali qui estime que 8 000 à 12 000 appareils GPS de navigation sont aujourd’hui en circulation. Il évalue également à 50 000 le nombre de téléphones portables dotés d’un gps qui ont été vendus. Reste à savoir si leurs propriétaires utilisent cette fonction de façon régulière, sachant que la quasi-totalité des derniers modèles de téléphone portable en est équipée.
Selon Fayçal Chraïbi, Dg de Global Navigation, entreprise spécialisée dans la collecte de données géographiques, «les espérances de chacun sont loin d’être à la hauteur de la réalité».
En effet, les professionnels ciblent les 2 millions de véhicules en circulation. Toutefois, le gérant de Movitec reste raisonnable et table sur un potentiel de 100 000 gps de navigation d’ici 3 ans et 300 000 par la suite. En ce qui concerne les téléphones portables dotés de cette technologie, il prévoit la vente de 100 000 unités d’ici 3 ans.
Les prix vont de 2 000 à 3 000 DH
Les habitudes des Marocains constituent le principal obstacle à la croissance de ce marché encore très restreint. Mme Tazi confirme : «Le Marocain croit connaître son pays et au pire des cas sait qu’il peut demander son chemin en baissant la vitre». L’avenir du gps au Maroc tient peut-être aux points d’intérêt qui y sont recensés, comme les agences bancaires, les stations services, les restaurants les pharmacies… Ils peuvent s’avérer très utiles même si on est dans sa propre ville. Quoi qu’il en soit, M. Filali croit au succès de l’outil «pour la simple raison que l’homme n’est pas doté d’un système inné d’orientation. Cet outil lui permettra de naviguer en sécurité et en optimisant son trajet dans des villes qui deviennent tentaculaires». Frédéric Langin, vice-président des ventes France et Mena pour TomTom, est du même avis. «Si nous sommes venus c’est que nous croyons au potentiel du gps au Maroc. Nous sommes là pour rester. Les habitudes des Marocains ne représentent pas un obstacle pour nous. Nous sommes là pour leur apporter une solution adaptée».
Et si ce succès au Maroc se trouvait dans la gestion de flotte ? «C’est un segment à fort potentiel au Maroc. Il pourrait représenter 50% des 160 000 véhicules professionnels actuellement en circulation», espère M. Filali. Apparemment, on en est encore loin.
Fayçal Chraïbi estime le nombre de véhicules professionnels équipés à 4 000 contre 1 000 en 2007.
Pourtant, le marché suscite la convoitise de beaucoup d’opérateurs. Le GPS de navigation est déjà sur les étals des médinas. Pour M. Chraïbi, ces derniers représentent une «grande concurrence». Il fait remarquer le fait qu’«un appareil gps est aussi facile à débloquer qu’un téléphone portable». Ce qui fait l’affaire des revendeurs occasionnels.
Il y a également la concurrence entre les différentes technologies. Aussi, certains utilisateurs vont-ils privilégier un gps intégré à un téléphone portable par rapport à un gps indépendant (voir encadré). Et là, la concurrence devient encore plus rude. Par exemple, Nokia a annoncé la gratuité de son service de navigation mobile OVI, il y a quelques semaines. Pour M. Chraïbi, il est important que les grands opérateurs viennent sur le marché pour générer une demande. Les prix vont de 2 000 à 3 000 DH.
