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SIAM 2023. Agroalimentaire: l’industrie exhortée à se transformer

Productivité, qualité, commercialisation, accompagnement… que des prérequis pour atteindre le taux d’intégration de 70% prévu par Green Generation. Dans le cadre de la banque de projets, ce sont 392 plans d’investissement qui ont été identifiés.

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S’il y a une industrie qui aura beaucoup à gagner à se développer et surtout à se tourner vers le local, c’est l’agroalimentaire. Les opérateurs s’accordent à confirmer le potentiel de croissance dont il dispose tant sur le marché local qu’à l’export. En effet, le PIB agricole représente entre 12 et 14% du PIB national alors que celui des industries agroalimentaires n’en représente que 5%.

Cela, au moment où ces deux indicateurs sont à des niveaux similaires dans les pays industrialisés. De plus, la consommation des produits transformés reste faible comparée à celle des pays voisins. En matière d’export, nos exportations ne représentent que 15% des exportations industrielles. Et encore ! Elles concernent quelques fruits et légumes, pâtes et couscous, viandes rouges et blanches, huiles d’olive, biscuiteries, chocolateries, lait et produits laitiers.

«Il faudra tout de même apporter une nuance relative aux performances d’exportation qui sont bien évidemment différenciées d’une filière à l’autre, et ce, en raison de plusieurs facteurs dont essentiellement le degré d’intégration et d’organisation de la chaine de valeur de chacune de ces filières», précise la Fenagri (Fédération nationale de l’agroalimentaire.)

Actuellement, le taux de transformation des produits agricoles atteint à peine 20% et il est attendu qu’il s’élève à 70% dans le cadre de la stratégie Generation Green. La Fenagri estime que le tissu industriel actuel dispose de la capacité requise afin d’atteindre ce taux grâce, entre autres, aux mesures mises en place pour la promotion de l’investissement dans le cadre du Fonds de développement agricole et du Fonds de développement industriel et des investissements, permettant ainsi la création de nouvelles unités industrielles et l’extension de celles existantes.

 

Le pays ne peut pas tout produire
Néanmoins, l’atteinte de cet objectif suppose d’opérer un changement dans toute la manière de faire. Entre autres préalables, la Fenagri cite l’amélioration de la productivité et de la qualité des produits agricoles, l’amélioration et l’organisation des circuits de commercialisation, le développement de l’agrégation agricole et le renforcement de l’accompagnement de l’État des industriels exportateurs dans la consolidation des marchés historiques et la prospection de nouveaux marchés internationaux.

 

Rappelons que l’étude réalisée par la profession agroalimentaire sur les opportunités de sourcing local des intrants manufacturés a montré que les industries agroalimentaires utilisent annuellement l’équivalent de 10 MMDH d’intrants manufacturés importés. Ce qui constitue des opportunités de substitution de ces importations ou au moins une partie, sous forme de nouveaux projets d’investissement au niveau local.

Cela sera de nature à renforcer l’intégration locale de ce secteur et également sa compétitivité, sans oublier l’impact sur la création d’emploi. En effet, ces projets d’investissement à déployer au niveau local totaliseraient un montant d’investissement prévisionnel de 680 MDH et permettraient la création, à terme, de plus de 7.000 emplois directs.

Cela dit, il est des contraintes liées aux conditions climatiques qui font que le Maroc ne peut pas produire tout ce dont il a besoin. Et c’est là où les importations des intrants, de produits transformés à moitié, ou tout prêts à la consommation se justifient. Une autre raison tient à l’avantage comparatif qui dicte l’orientation vers la production locale ou plutôt le marché extérieur, comme cela est le cas pour les oranges, la tomate industrielle, les amandes…

C’est pour encourager la transformation et renforcer aussi l’intégration entre l’amont productif et l’aval de transformation, que le ministère de l’Industrie avait lancé la banque de projets qui offre de nombreuses opportunités d’investissement dans les industries agroalimentaires. Toujours en cours d’accompagnement, ces investissements portent sur la transformation de matières premières produites localement telles que l’industrie des fruits et légumes transformés, de l’huile d’olive et du lait.

 

10,2 MMDH d’investissements à venir
A cette date, le ministère nous informe que 392 projets d’investissement industriels agro-alimentaires ont été identifiés dans le cadre de la banque de projets pour bénéficier d’un appui à l’investissement à travers les mécanismes prévus dans le cadre du plan de relance industrielle, avec un montant d’investissement prévisionnel de 10,25 MMDH. Ces projets qui couvrent plusieurs régions du pays devraient permettre la création de 37.476 emplois directs et la génération d’un chiffre d’affaires additionnel prévisionnel de 25,54 MMDH, dont 18 MMDH destinés au marché local.

Par ailleurs, et afin de mieux développer l’intégration locale et créer des synergies et des partenariats gagnant-gagnant avec les fournisseurs locaux, une étude portant sur le développement du sourcing local de ce secteur a été menée par le ministère en collaboration avec la profession.

Elle a démontré un potentiel important de substitution qui offre des opportunités dans d’autres secteurs impactant fortement la compétitivité des industries agroalimentaires, notamment des projets dans les industries des emballages plastiques, métalliques, verre, papier carton, machines, pièces de rechange et intrants alimentaires.

 


Vers l’élaboration d’un nouveau contrat-programme

Le département de l’Agriculture et celui de l’Industrie ont lancé, en partenariat avec la profession agroalimentaire, une étude d’évaluation du contrat-programme de l’industrie agroalimentaire couvrant la période 2017-2022, mais également pour la mise en place de la nouvelle feuille de route des industries agroalimentaires à l’horizon 2030. Le ministère indique que les premiers résultats sont fort encourageants quant aux réalisations en termes de création de projets d’investissement et de création d’emploi.
A date, et dans l’attente de disposer des résultats définitifs de cette étude, la profession concernée a mis l’accent essentiellement sur la garantie de la souveraineté nationale, le développement
du sourcing local, le renforcement de l’intégration amont agricole et aval industriel ainsi que la promotion des actions transverses portant notamment sur le capital humain, la recherche et développement et innovation, le développement durable, la digitalisation,… mais également l’ouverture de ce contrat-programme pour couvrir l’ensemble des filières agroalimentaires
au lieu de seulement sept filières actuellement.