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Au Royaume

Réda IDIR crée son entreprise à  23 ans et devient un spécialiste de la certification

Bac à  17 ans, ingénieur agronome à  22, il n’a jamais voulu être salarié.
Trop jeune et pas suffisamment pointu, il peine à  convaincre les entreprises de lui faire confiance. Il se formera à  nouveau : gestion, audit de certification, MBA.
CDG, Ona, BCO, Coca Cola…, il a accompagné beaucoup de grandes entreprises dans leur processus de certification.

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Reda Idir, DG d’Eagle engineering, cabinet de conseil en qualité, est l’exemple d’entrepreneur qui est passé par tous les stades classiques de la création d’une société : des débuts difficiles au succès, en passant par une période critique. Chose rare, il a depuis le départ refusé d’être salarié et portait en lui l’idée de créer une entreprise avant même d’opter pour un secteur donné et de disposer des moyens de son ambition. Reda est né dans une famille rifaine, installée de longue date à Rabat. Son père est ingénieur géologue et sa mère enseignante de français dans un lycée. La famille ne comprend que deux enfants dont Reda, né en 1973, est l’aîné. Tout naturellement, il rêve de suivre les traces de son père. Il est si brillant que ses parents lui ont laissé beaucoup de liberté dans la gestion de ses études. Quand il obtient son bac «sciences expérimentales» en 1990 à 17 ans, il opte pour des études d’agronomie, après avoir été tenté par la médecine et l’architecture. Il s’inscrit alors à l’Institut agronomique et vétérinaire (IAV) Hassan II de Rabat et choisit la filière industrie agroalimentaire, nouvellement créée à l’époque. A 22 ans, il sort major de sa promotion et s’inscrit pour une thèse de doctorat. Ce sont ses professeurs qui vont l’initier au consulting. En remarquant ses aptitudes et son implication, ils vont en effet lui proposer de travailler pour leurs cabinets comme consultant junior.
Avec une modeste bourse d’études supérieures à laquelle s’ajoute la contrepartie financière qu’il touche pour ses services, il n’a aucun mal à financer ses recherches et apprend déjà à ne compter que sur lui-même. Après un stage de six mois dans une exploitation agricole française, il termine ses études et refuse toutes les propositions de recrutement car dit-il, «dès le début, je savais que je voulais être entrepreneur ou rien du tout».

Pour étoffer son CV, il a suivi plusieurs cycles de formation

Il a 23 ans quand il crée Eagle engineering, avec un capital de 300 000 DH, pour l’accompagnement des entreprises en se limitant au domaine de l’agroalimentaire et à la gestion de projets. Au départ, la plupart des dirigeants de sociétés ne comprenaient pas ce que pouvait leur apprendre «ce tout jeune homme qui prétendait en savoir plus long qu’eux». Surtout qu’il leur paraissait qu’en tant qu’ingénieur fraîchement débarqué, d’un institut marocain de surcroît, ses honoraires étaient surévalués. Les débuts sont donc difficiles, même s’il n’a qu’une assistante et un loyer de 4 000 DH pour les 100 m2 où il s’était installé dans le quartier Agdal, à Rabat. Même après avoir été sollicité par l’USAID et le Trade developpment agency (TDA), un bureau spécialisé dans le conseil des entreprises américaines, il peine à convaincre.
Reda Idir va devoir réagir. Il commence par comprendre que sa formation d’ingénieur ne lui donne pas carte blanche pour s’ouvrir les portes des grandes entreprises, surtout pour leur donner des conseils sur les nouvelles formes de gouvernance, d’organisation et de gestion. Il va alors décider de retourner aux études pour suivre des formations extrêmement pointues dans les disciplines où il offrait ses services. Il va récolter plusieurs distinctions comme auditeur certifié dans les domaines du cœur de métier qu’il a choisi d’investir, l’agroalimentaire. Ses activités le mènent naturellement à s’investir dans la démarche qualité. Et ce n’est d’ailleurs pas un hasard qu’il ait fondé, plus tard, l’Association marocaine de la qualité (AQM), première association nationale dans le domaine. Pour affiner ses compétences, il suit le cycle supérieur de gestion de l’Institut supérieur de commerce et d’administration des entreprises (ISCAE) et un autre cycle de management à l’Ecole Hassania des travaux publics (EHTP). Avec un CV beaucoup plus étoffé, on commence à le prendre très au sérieux.

Il a convaincu plusieurs patrons de se conformer aux normes de qualité

Reda Idir explique que les entrepreneurs comprenaient enfin qu’en leur parlant de la qualité, il leur ouvrait de nouvelles voies pour l’amélioration de leurs performances. De grosses structures comme la BCP, Ingelec, Ona, les filiales de la Caisse de dépôt et de gestion et Coca-Cola sollicitent ses services. Eagle engineering, qui accompagne les entreprises tout au long du processus de certification, propose aussi de la formation et du coaching. La structure emploie aujourd’hui une douzaine de consultants seniors à plein temps.
Le cabinet a, au cours de son existence, réalisé plus de 100 projets d’accompagnement à la certification Iso et capitalisé plus de 300 missions d’audit et de formation. Les consultants n’ont donc pas le temps de souffler, d’autant qu’une préparation à la certification dure entre 12 et 24 mois pour des factures comprises entre 200000 et 800 000 DH, selon la taille de l’entreprise. Le marché est porteur du fait que les entreprises sont plus conscientes de la mise en conformité dans le domaine de la qualité et qu’elles peuvent compter sur le soutien financier de plusieurs organismes nationaux ou étrangers. Reda Idir entend continuer à accompagner le processus et, pour consolider son cabinet, projette des alliances avec des partenaires locaux ou étrangers.