Au Royaume
Fatalisme des statistiques et force de travail !
La tendance risque de s’inverser dès cette année. Sauf nouvelle crise planétaire, le marché de l’emploi retrouvera son dynamisme dès 2023.

Plus de 23.000 emplois détruits ! Le chiffre peut donner froid dans le dos. Mais son analyse permet justement de s’extirper du fatalisme d’une lecture simpliste de statistiques. Il s’agit d’abord de données de l’année 2022, une des plus complexes que l’économie marocaine a dû traverser ces dernières décennies. Année de sortie du Covid, elle est devenue celle de la guerre et de la sécheresse. Cette dernière a fait des ravages dans les campagnes marocaines. C’est d’ailleurs en milieu rural que l’activité a accusé un sérieux coup de mou. Pas moins de 211.000 emplois nets ont été perdus sous l’effet de la baisse de la valeur ajoutée agricole, laquelle a été impactée lourdement par des conditions climatiques défavorables. Les dégâts auraient été plus catastrophiques pour l’agriculture marocaine sans les années d’investissements portés par le Plan Maroc Vert. La volatilité du secteur primaire, sous l’effet du niveau de pluviométrie, a été relativement atténuée. C’est une réalité incontestable, bien qu’il reste encore fort à faire dans ce domaine… Quant aux activités non agricoles, le solde du marché de l’emploi est largement au vert. Avec 188.000 créations nettes l’année dernière, il reste aligné avec la moyenne enregistrée à l’ère avant Covid, précisément pour la période 2015 – 2019. C’est dire que l’économie marocaine s’en sort plutôt à bon compte alors que la situation aurait pu être périlleuse. D’ailleurs même dans l’examen de ce tableau de bord de l’emploi, on peut se gargariser de la baisse du taux de chômage à 11,8%. Mais il est opportun de relever que c’est à la baisse de la population active que l’on doit cette performance, sous l’effet (encore) de la sortie de quelque 171.000 ruraux du marché du travail, alors que 82.000 citadins l’ont intégré.
C’est un secret de polichinelle, les statistiques du Haut-commissariat au plan (HCP) ne sont qu’une grille de lecture sur la base d’un ensemble d’indicateurs. Ces derniers peuvent devenir obsolètes, peu pertinents et leur actualisation est censée être systématique. Triturer de tels chiffres pour faire un procès d’intention aux gouvernants est donc un raccourci facile. En revanche, relever le niveau de résilience de notre économie tout en gardant les yeux rivés sur les clignotants paraît plus constructif. D’autant plus que la tendance risque de s’inverser dès cette année. Sauf événement exceptionnel ou nouvelle crise planétaire, le marché de l’emploi devrait retrouver son dynamisme dès 2023. Déjà, la perspective d’une campagne céréalière moyenne à venir, grâce à la clémence du ciel, est synonyme de reprise du nombre d’actifs et de postes créés par le secteur agricole. Et puis, plutôt que de se lamenter sur la mauvaise conjoncture, le gouvernement a privilégié les actions. Elles sont d’ordre institutionnel, juridique ou réglementaire et leur mise en œuvre vise le renforcement des initiatives privées et l’esprit d’entrepreneuriat. Charte de l’investissement, programmes Awrach, Forsa et Intelaka sont entre autres les piliers susceptibles d’apporter des réponses aux aspirations d’une population active et jeune désirant apporter sa contribution à la création de la richesse nationale.
Discuter du cap pris par un gouvernement qui a inscrit l’emploi parmi les 10 engagements de son mandat ne peut donc être établi sur la base d’une statistique sortie de son contexte. Surtout qu’il est bien trop tôt pour dresser le bilan. Jusque-là, force du travail et niveau d’implication et de réactivité sont plus parlants…
