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Pouvoirs

UMT, 68 ans et toutes ses dents !

Syndicat qui revendique son «apolitisme», l’Union marocaine du travail n’est pas sortie des entrailles d’un parti. Ce qui la met plutôt à l’aise avec le landerneau politique, depuis six décennies.

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Le 20 mars 1955. Le 20 mars 2023. 68 années ce seraient passées depuis la naissance de l’Union marocaine du travail (UMT). Premier syndicat dans l’histoire du Maroc, sa création est intervenue dans le sillage de la lutte pour l’indépendance. Fait marquant dans l’histoire politique du Maroc, l’avènement de l’UMT aurait constitué une phase d’inflexion dans l’organisation de ses différentes luttes. L’histoire commence dans une maison populaire à Derb Bouchentouf, à Casablanca, où ce sont réunis des «nationalistes», plus d’une trentaine, dans la clandestinité totale, pour lancer un mouvement qui a vite fait de réunir autour de lui des centaines de milliers de Marocains. Du côté de la centrale syndicale, on parle de 500.000 adhérents en quelques semaines, entre employés et ouvriers.

Syndicat «apolitique»
La situation était d’autant intenable que les forces du protectorat avaient interdit aux Marocains de s’affilier à une organisation syndicale, puisque c’était un «privilège» consacré aux Européens. Et même en 1948, lorsque l’on avait assisté à un «fléchissement» de la pression coloniale, les ouvriers marocains n’avaient droit que d’adhérer à l’un des syndicats français, mais sans prétendre à intégrer leurs instances dirigeantes. C’est dire que la mise sur pied d’un syndicat marocain, dirigé par des Marocains, a eu l’effet d’un tournant historique. Ceci pour l’Histoire. Aujourd’hui, et depuis tout ce temps, le syndicat, qui se targue d’être «apolitique», n’a connu pas plus de deux secrétaires généraux durant toute son histoire. Ce qui semble être une «marque de fabrique» du syndicalisme marocain où les leaders sont élus par «applaudimètre». Mais, aussi, qui s’est toujours présenté comme tenant la même distance avec toutes les formations du landerneau politique marocain. Qu’elles soient au gouvernement ou dans l’opposition. D’ailleurs, dans la direction de l’UMT, membre adjoint au CA de l’OIT, pour un troisième mandat qui court jusqu’en 2024, on ne cache guère que les relations avec le RNI et l’USFP sont sous le signe du respect mutuel et de l’entente cordiale, et qu’on est dans un rapport de confrontation, mais de partenariat. Ses rapports avec le PPS, et c’est connu, sont bien plus que cela.
L’idée ayant toujours été celle de cette centrale, qui (et c’est anecdotique) comptait à un moment de son histoire plus d’adhérents que ne totalisait la police comme effectif, est de ne jamais couper les ponts pour pouvoir être en meilleure position dans les négociations. Et ce, à l’exception des passes d’armes entre l’UMT et les gouvernements, surtout le premier, menées par le PJD. Notamment, que ce parti avait tenté de passer en force son projet de la réforme du système de retraite. Toujours est-il que le syndicat de Miloudi Moukharik aurait fait preuve d’une démarche constructive quand il s’est agi du traitement du même dossier par l’actuel gouvernement piloté par le RNI. Particulièrement, indique-t-on auprès du syndicat, le principe de la concertation qui prévaut dans les discussions entre les partenaires sociaux. Aussi, ce syndicat a été très réceptif quant au déroulement du dialogue social, nouvelle génération, puisqu’il avait salué à leur juste valeur les résultats atteints. Les accolades avec le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, en ont constitué l’une des expressions immortalisées par les caméras et les cliquetis des photographes. Mais, tout dans son rôle, le syndicat avait néanmoins estimé qu’il fallait «encore plus d’efforts». En fait, cela a de tout temps été la démarche du syndicat de Benseddik : «Négocier, prendre et renégocier». C’est que cette centrale, et c’est une exception, est la seule qui disposait de son propre centre de recherches qui produisait des études sociales fiables. C’est dire qu’elle a toujours été au fait du pool du tissu sociétal. Et sur lequel ce syndicat essayait de «peser» lorsqu’il éditait le journal Al Maghreb.