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Influences

Sara Chraibi à la conquête des podiums de la haute couture

Siham Sara Chraibi a réussi à se frayer une place parmi les meilleures maisons de couture de luxe dans le monde en figurant dans le calendrier officiel de la prochaine Fashion Week à Paris. Retour sur le parcours d’une architecte devenue styliste.

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C’est dans son atelier à Rabat que Siham Sara Chraibi nous accueille avec un sourire bienveillant. Un endroit paisible, qui dialogue avec l’élégance raffinée des caftans exposés, brodés à la main et incrustés de perles, mêlant modernité et originalité. «Mon travail est une identité métisse, il est fortement enraciné dans une tradition marocaine mais qui se projette dans l’avenir», résume-t-elle, notant «qu’être invitée en haute couture pour présenter ma collection printemps-été 2023 donnera certainement un coup d’accélérateur à ma carrière de styliste et apportera une visibilité plus grande à ma marque».
Ce n’est pas par hasard si Sara Chraibi est devenue créatrice de mode. Elle a grandi et baigné dans un environnement d’art et de culture. «Mes parents étaient galeristes et je crois que ce rapport aux couleurs et à la peinture m’a beaucoup formée», explique-t-elle. Enfant, elle a été initiée à la couture et à la broderie auprès de sa mère. «Maman avait toujours pour habitude de nous préparer à chaque fête une robe qu’elle cousait sur mesure. Elle le faisait avec beaucoup d’amour et de tendresse», se souvient-elle, émue. «Aujourd’hui, c’est ce même rapport de complicité que je recherche quand je fais une robe pour l’une de mes clientes».

 

Persévérance et détermination d’une jeune maman
En 2000, son baccalauréat en poche, elle intègre l’École nationale d’architecture de Rabat. Quelques années plus tard, elle s’installe à Paris où elle prépare un DEA en philosophie et théorie d’architecture. Et c’est après être devenue architecte que Sara a finalement succombé à l’appel de la mode et de la couture. «Il y a eu un moment de ma vie où je me suis posé beaucoup de questions sur la possibilité de faire ce que j’avais envie profondément de faire. Cette idée de fabriquer les choses, ce rapport au corps des personnes qu’on va habiller et ce plaisir instantané de la création dépassaient toute autre manière de travailler», assure-t-elle. Encouragée par sa famille et ses amis, elle présente en mai 2011 sa première collection durant l’évènement Festimode Casablanca Fashion Week. «À la suite de cette participation, il y a eu un véritable engouement du public et de la presse. Je me suis sentie très portée et très encouragée et cela m’a donné envie de me lancer corps et âme», dit-elle. Pénétrer le monde du stylisme n’est pas chose aisée. Sara en a fait les frais au début de sa carrière avant de finalement rencontrer le succès.
Dans son petit appartement à Paris, la jeune maman doit s’adapter à sa nouvelle vie de fashion designer et relever tous les défis. «Je faisais tout moi-même. J’étais là à coudre des robes par dizaines dans ce petit espace. Je me souviens de ma petite fille qui tournait autour de moi et elle me regardait avec une certaine tendresse», se remémore Sara. «Au moment où je me suis lancée, j’avais cette naïveté de me dire que puisque je sais coudre, je peux aller au bout de ce projet. La réalité est toute autre. Pour lancer une marque de mode, il faut connaître plusieurs éléments : la commercialisation, le marketing, la communication, la production, la logistique, tellement de choses que j’ai dû apprendre et qu’aujourd’hui j’apprends toujours», indique-t-elle.

«Paris fashion Week, le rêve est devenu réalité
De retour au Maroc en 2014, entourée d’une poignée d’artisanes, elle fonde sa maison de couture à Rabat et construit sa marque éponyme autour d’un art de vivre à la marocaine, mêlant Orient et Occident. Rapidement, son travail est reconnu aussi bien pour la justesse de ses lignes que pour la délicatesse de ses broderies et le raffinement des couleurs. De son premier métier d’architecte, elle retient le sens de la rigueur et de l’équilibre des formes. En 2020, Sara reçoit le prix «Stand With Creative» décerné par Fashion Trust Arabia, sous le haut patronage de son Altesse Sheikha Mozah Bint Nasser du Qatar, qui soutient et récompense les créateurs de mode arabes innovants.
Invitée par la Fédération de la Haute Couture et de la Mode à prendre part aux défilés de la semaine de la Haute Couture printemps-été 2023 à Paris, Sara Chraibi devient ainsi la seule créatrice de mode marocaine à honorer ce rendez-vous incontournable de la mode. Une participation qui servira certainement de tremplin pour la styliste marocaine. «J’ai soumis ma candidature, puis j’ai passé un entretien avec les responsables de la Fédération de la Haute Couture et de la Mode. Par la suite, j’ai reçu un parrainage d’une des grandes maisons de couture parisiennes». Dans son atelier, les artisanes travaillent sans relâche la nouvelle collection qui sera exposée lors de l’évènement phare de mode, Fashion Week de Paris. «Ça fait six mois que nous travaillons dessus. Je vais participer avec une création un peu métissée. Il y aura des pantalons et des robes du soir, mais il y aura également quelques pièces d’inspiration marocaine», précise-t-elle.
Défiler pendant la semaine de la mode Haute Couture à Paris est pour Sara un rêve tant attendu qui se réalise enfin. «Mon défilé aura lieu le 26 janvier 2023. Je serai la seule femme marocaine à figurer dans le calendrier officiel de cet événement de haute couture. Un club très fermé, de grandes maisons comme Channel, Dior ou Givenchy. Faire partie de ce cercle-là, en tant que membre invitée, c’est un rêve d’enfance qui se réalise et une très grande fierté pour moi. Je m’apprête à représenter le Maroc, à faire un nouveau pas pour ma maison et à rencontrer un nouveau public», affirme la créatrice, qui a construit, durant dix ans, un ADN de marque à la fois métissé et profondément enraciné au Maroc qu’elle souhaite partager avec le monde.

 

PROFIL

Affaire familiale. Architecte de formation, Sara présente en 2011 sa première collection durant le Festimode Casablanca Fashion Week. En 2014, elle fonde sa maison de couture autour d’un art de vivre à la marocaine, mêlant Orient et Occident. Aujourd’hui, elle est la seule femme marocaine à figurer dans le calendrier officiel de la Fashion Week.