Culture
Casa Music : un festival cosmopolite
1,5 million de spectateurs
Nneka, une petite star en puissance à découvrir.
Busta Rythmes, un outsider à Casablanca.
Le festival s’est clôturé sur les sonorités orientales du chanteur égyptien Hakim.

Les organisateurs de cette cinquième édition de Casa music l’avaient bien dit : le festival sera à l’image de la métropole, grand, multiple et ouvert à tout le monde. Le pari a été relevé. Casablanca a été, pendant quatre jours, un carrefour où se sont retrouvés chanteurs de rap, de aïta, reggae, gnaoua, pop, R’NB, soul, oriental…
Le festival tenu en plein air a attiré les fans, les badauds et de simples passants. C’était, en effet, l’occasion de faire des découvertes musicales. Et la plus belle et la plus inattendue fut celle de Nneka. Alliant la soul au reggae, Nneka a le sens des alliages multiples qu’elle puise, d’ailleurs, de sa double culture africaine et européenne. Son corps frêle porte une voix, forte, qui monte, se replie, s’incline, devient cristalline. Une voix magnifiée par des arrangements solides et tempérés a raisonné sur la place Rachidi. Modestement habillée d’un tee-shirt et d’un pantalon africain, la chanteuse incarnait à l’image de ses chansons liberté et engagement. Son écoute suscite une sensation d’apesanteur, ses chansons suspendues dans le vide… Nneka avait attiré, au départ, les curieux. Mais très vite la curiosité a cédé la place à la séduction. En l’espace d’une chanson, le public était déjà conquis. A la sortie du concert, on se demandait comment faire pour acheter son CD, mais ceci est une autre histoire…
D’autres chanteurs étaient très attendus. C’est le cas de Craig David qui a mis toute sa virtuosité technique en jeu sur la scène d’El Hank en chantant, I’m walking away, un single qui a fait le tour du monde. Malgré une interprétation parfaite, le chanteur était étrangement discret. On avait l’impression qu’il était en studio. Pendant la première partie de son spectacle, il a tenu son public à distance. C’était raté pour le live. Ce n’est que vers la fin du concert que le crooner s’est réellement «lâché». Mais ne dit-on pas qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire ?
Sur la scène de la corniche, la fraîcheur nous est parvenue de l’autre côté de la mer. Les stars internationales s’y sont succédé. Si certaines étoiles sont filantes, d’autres sont troublantes, éblouissantes de luminosité. De celles qui ont marqué le festival de Casablanca, on retiendra, sans conteste, Sharleen Spiteri, la chanteuse du groupe Texas. Son concert a évolué comme un fluide électrique. La chanteuse, pleine d’énergie, plébiscitée par son public, s’asseyait sur le bord de la scène, lui parlait, le taquinait parfois, l’écoutait souvent. Ce fut un dialogue tout au long du concert qui s’est établi naturellement. Sharleen Spiteri en live, c’est de la générosité à en revendre. Elle a dynamisé sans aucune baisse de régime son concert-spectacle. Une heure et quart de chansons, d’échange, où l’on a fredonné des tubes sur lesquels chacun de nous garde un souvenir impérissable. Le public a retrouvé la beauté sans cesse renouvelée des chansons comme : I don’t want a lover, About you ou encore Should I live or should I stay…
Busta Rythmes, du show à la marocaine
Dans ce festival, il était aussi question de libération des mœurs musicales. Busta Rythmes a confirmé ce choix. Le rappeur East Coast fait partie de ceux qui ont rompu avec toutes sortes de règles et de conventions. L’ex-membre du groupe The leaders of the New school, à Casablanca, c’est plus qu’un événement : c’est une petite révolution. Le chanteur jouit d’une réputation qui n’est pas prête à faiblir. Chose qui s’est confirmée lors de ce festival. Le rappeur est un véritable aimant attirant les foules. D’ailleurs, il a donné du fil à retordre aux organisateurs. Plus de place dans l’espace VIP. Même les badges et les invitations ne donnaient plus accès à l’avant-scène. Les fans de Busta Rythmes à Casablanca étaient nombreux et se demandaient s’il allait chanter Arab Money, la chanson qui a fait scandale et qui a même été interdite par certaines radios étrangères. Une chanson dans laquelle on retrouve des versets coraniques. Mais comme l’outsider ne fait pas dans la demi-mesure, il n’a pas manqué de la chanter. Il a même invité un de ses fans sur scène. Ce qui a donné un show à l’américaine avec une jolie petite touche marocaine.
Sur les rythmes rap de Busta Rythmes et les sonorités orientales de Hakim s’est clôturé le festival. D’autres groupes et chanteurs ont également participé à cette cinquième édition. Malheureusement et pour une bonne partie d’entre eux, l’impression de déjà vu était trop forte.
