Affaires
Subvention du sucre destiné aux industriels : l’Etat coupe la poire en deux
Les limonadiers ne rembourseront qu’un dirham au lieu de deux sur leur consommation de sucre local.
Le bras de fer qui a opposé, depuis 2005, le gouvernement et les utilisateurs industriels du sucre (subventionné) a pris fin en deux temps. D’abord en 2006, lorsque les confiseurs, chocolatiers et biscuitiers, mettant en avant l’entrée massive de produits importés à des prix défiant toute concurrence, avaient obtenu gain de cause quant à leur demande de ne plus restituer la subvention accordée à ce produit acheté localement (2 DH par kg de sucre utilisé). Ensuite, depuis une semaine, les limonadiers, exclus en 2006 du bénéfice de la non restitution, mais ne cessant de la réclamer depuis, ont, eux aussi, été entendus, mais à moitié.
En effet, le conseil d’administration de la Caisse de compensation, qui s’est réuni jeudi 16 juillet, a décidé de couper la poire en deux en permettant aux limonadiers de ne restituer désormais que la moitié de la subvention, soit 1 DH par kg de sucre utilisé au lieu de 2. Compte tenu du niveau de consommation du sucre dans l’industrie des boissons gazeuses, qui est de l’ordre de 70 000 tonnes par an (soit 6% de la consommation totale du pays), la restitution à l’Etat sera de 70 MDH au lieu de 140 MDH jusque-là. En fait, depuis 2007, les limonadiers refusent de restituer la subvention, mettant en avant la promesse qui leur avait été faite par le gouvernement de les en exonérer, au même titre que les confiseurs, chocolatiers et biscuitiers. Toutefois, et comme nous le confie Najib Benamour, directeur de la Caisse de compensation, avec la récente décision, ces opérateurs se sont engagés à régler la totalité des arriérés qu’ils doivent à la caisse, et au prix de 2 DH le kg.
Les industriels consomment 6% du sucre utilisé au Maroc
La mesure, comme attendu, a été mal reçue dans certains milieux syndicaux et politiques, tandis que le ministère des affaires économiques y voyait, lui, plutôt une correction de hausses subies par les industriels de boissons gazeuses : deux augmentations successives du prix de la betterave et une hausse des coûts de raffinage qui ont généré une augmentation du prix du sucre granulé, utilisé par l’industrie. A ces deux raisons, les industriels en ajoutent deux autres : la hausse du prix de l’emballage et le fait que, malgré tout, le prix de la limonade n’a pas augmenté.
Il faut le dire de façon claire et nette : subventionner l’industrie ne peut pas ne pas choquer sur le plan des principes et même du bon sens. La subvention, par définition, est et doit être destinée aux pauvres et aux vulnérables. Seulement voilà : cette filière évolue dans un système totalement encadré par l’Etat, pour protéger l’amont, c’est-à-dire la culture sucrière. Du coup, pour importer du sucre il faut acquitter des droits de douane de 250%, au moment où d’autres payent leurs intrants à 2,5 %. La vraie question est de savoir s’il ne faut pas permettre à l’industrie, qui ne consomme que 6% du sucre total utilisé par le pays, d’importer son quota en payant des droits normaux.
