Affaires
Le problème Air Sénégal International résolu après 18 mois de blocage : ce sera la liquidation
Le personnel est la principale priorité des deux parties.
Royal Air Maroc intéressée par le personnel navigant commercial.
L’Etat sénégalais et la compagnie marocaine abandonnent leurs créances.

Après plusieurs mois d’un dialogue de sourds, entre représentant de Royal Air Maroc et les représentants de l’Etat sénégalais, la raison aura prévalu. Fin mai, un protocole d’accord a été signé entre la compagnie aérienne marocaine et l’Etat sénégalais en vue de la liquidation d’Air Sénégal international (ASI) qui avait arrêté ses activités depuis quelques semaines faute de ressources et qui lui avaient valu une immobilisation au sol de ses appareils, notamment pour manque de paiement de ses redevances aéroportuaires. Le conseil d’ASI tenait, mercredi 3 juin à Dakar, à l’heure où nous mettions sous presse, une de ses dernières réunions. Les membres devaient prendre acte des décisions prises par les deux actionnaires et faire le point sur l’évolution du dossier. En principe, la procédure de liquidation sera rapidement bouclée du fait que le tribunal devra s’en tenir à l’accord signé par les deux parties. De plus, la partie sénégalaise est décidée à créer le plus rapidement possible une nouvelle compagnie sur les cendres de la défunte. La célérité des uns et des autres est d’autant plus nécessaire qu’il y a un peu plus de 500 employés dans l’attente. Justement, ce volet social est «la principale priorité des actionnaires», confie Abderrafia Zouiten, Dga commercial à Royal Air Maroc et un des principaux négociateurs représentant la partie marocaine. A l’en croire, ils sont fermement décidés à régler très proprement ce dossier. A cet égard, il a été retenu qu’une partie de ce personnel sera recrutée par la compagnie à créer, une autre intégrera la plateforme aéroportuaire de Dakar et une autre sera reprise par Royal Air Maroc. S’il y a un reliquat, «les deux actionnaires sont solidaires pour les indemniser selon la réglementation en vigueur au Sénégal», souligne M. Zouiten. Aucune réaffectation n’est encore effectuée, mais la Ram se dit intéressée par le personnel navigant commercial (hôtesses et stewards) et technique…, selon ses besoins.
Le plan RAM, base du règlement du conflit
Il y a donc du travail à abattre sur ce volet ressources humaines. Mais apparemment, le plus dur, régler le conflit tout en gardant des relations amicales, a été fait. Le Dga commercial de la Ram rappelle d’ailleurs que les négociations ont été parfois très tendues parce que, reconnaît-il, chaque partie défend ses intérêts, comme dans n’importe quelle affaire commerciale. Pour autant elles ont su garder «l’esprit des bonnes relations qui unissent les deux pays». C’est sur cette base que la Ram s’est engagée à aider le Sénégal à monter sa propre compagnie. Elle a promis son assistance technique et commerciale et propose la location de deux Boeing 737-500 à des prix très avantageux. Il est même prévu de partager des vols (codeshare) sur certaines destinations.
Il apparaît clairement que l’essentiel des propositions contenues dans le projet de protocole soumis au Sénégal par la RAM le 3 mars 2009, a été retenu. Il comprenait la cession des 51% du capital à un franc symbolique ; l’abandon de l’apport en compte courant de 10 millions d’euros (1,1 milliard de DH) effectué en septembre 2006, la mise à disposition d’ASI de deux avions en location afin de lui permettre de continuer son activité et le maintien de l’assistance technique et commerciale. Seul l’échelonnement des dettes d’ASI auprès de la Ram sur une durée suffisamment longue a été écarté, les deux parties ayant convenu d’abandonner leurs créances.
Comme pour repartir sur de bonnes bases, le gouvernement sénégalais a approché la compagnie marocaine pour l’organisation du prochain Haj. Il faut rappeler que lors de l’opération Haj 2008, ASI en avait été dessaisie quelques semaines avant terme au profit d’une compagnie charter dont les avions ont été affrétés par des privés sénégalais.
Malgré toutes ces bonnes intentions, il faudra du temps pour que la confiance soit totalement restaurée, surtout après un bras de fer de plusieurs mois qui a bel et bien laissé des traces. Il faut dire qu’entre fin octobre 2007, date à laquelle le ministre des transports sénégalais avait annoncé l’intention de l’Etat de reprendre la majorité du capital de la compagnie et fin mai 2009, plusieurs événements ont concouru à une crispation des positions. On citera, entre autres, le mutisme de la partie sénégalaise et son insistance pour effectuer un audit des comptes déjà opéré par ailleurs. Le plus frustrant c’est que ce partenariat Sud-Sud était regardé comme un modèle. On épiloguera donc toujours sur les raisons profondes qui ont conduit au divorce.
