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Ahmed Chami : les aides seront orientées en fonction de l’impact qu’elles auront
2 000 ha seront nécessaires pour la réalisation des plateformes industrielles intégrées. Med-Z s’occupera de Kénitra et Tanger.
Les entreprises qui bénéficieront des avantages du pacte seront sélectionnées sur la base d’un rating.
La baisse des droits de douane sur les intrants sera progressive et concertée avec le privé.

Le contrat programme repose essentiellement sur la création de sites dédiés qui nécessiteront plusieurs centaines d’hectares. Or, le foncier est justement l’un des problèmes majeurs. Où allez-vous en trouver ?
Les investissements industriels attendus nécessiteront la mise à disposition de terrains à prix compétitifs à un rythme qui dépasse largement le rythme actuel. La définition des projets de plateformes industrielles intégrées (P2I) qui sont programmées pour les années à venir a ainsi été établie sur la base d’une analyse multicritères intégrant bien évidemment l’aspect relatif au foncier, du fait justement de son rôle déterminant dans la réussite de ces projets d’infrastructures.
L’emplacement de chaque P2I a été dicté d’abord par l’activité à laquelle elle sera dédiée, eu égard aux ressources et potentialités des territoires concernés et ensuite par la présence d’un bassin d’emploi assurant une main-d’œuvre disponible répondant aux besoins des industriels.
Les sites doivent assurer également une accessibilité logistique et avoir une bonne connectivité pour son approvisionnement et pour l’exportation de la production, et enfin la disponibilité d’une réserve foncière mobilisable à même de permettre l’aboutissement du projet dans les délais convenus.
C’est dans ce sens que nous avons déjà engagé les démarches avec les différents acteurs pour l’acquisition des assiettes foncières des différents projets programmés dans le cadre du Pacte national pour l’émergence industrielle concernant 1 600 ha sur un total de 2 000 ha à développer entre 2009 et 2015 sur l’ensemble du Royaume ; tel est le cas des P2I de Kénitra et de Tanger qui seront développées sur des terrains collectifs de plus de 300 ha pour le premier et 200 ha pour le second.
Qui va aménager ces sites? Avec quels cahiers des charges ?
Les P2I seront concédées à un opérateur ou un consortium qui ne sera pas que développeur. Il sera aménageur, développeur, commercial et gestionnaire de la plateforme. Le choix des développeurs sera effectué à travers un appel à concurrence à l’intention des opérateurs pour l’aménagement, le développement et/ou l’exploitation-promotion des P2I. L’objectif est celui d’avoir la meilleure offre en infrastructures, en termes de rapport qualité/prix.
Les opérateurs retenus devront bien évidemment répondre à des critères bien précis, tels que l’expérience et savoir-faire en la matière, la conformité de la stratégie de réalisation avec le concept des P2I dans tout ce qui concerne les plans d’aménagement, le business plan à appliquer, le programme physique, … ainsi que la capacité à entreprendre une action de promotion active de la zone à l’international. Le niveau d’exigence sera extrêmement élevé. Toutefois, et en raison de l’urgence des projets prioritaires définis dans ce contrat programme, CDG Développement a été choisie, à travers sa filiale Med-Z, pour le développement des projets des P2I de Kénitra, de l’aéropôle de Nouaceur et des projets d’offshoring de Casanearshore, Rabat-Technopolis, FesShore et TetouanShore, en s’associant avec Edonia, aménageur/développeur espagnol pour le projet de Kénitra.
Med-Z a, en effet, acquis une longue expérience dans l’aménagement des espaces d’accueil industriel et a démontré sa disposition à accompagner les autorités publiques dans leurs différentes stratégies. Ce qui permettra d’accélérer la mise en service de ces projets.
Le pacte prévoit des avantages, des aides parfois dédiées à un nombre précis d’entreprises. Sur la base de quels critères ces entreprises seront-elles sélectionnées ?
Les aides seront orientées tout simplement en fonction de l’impact qu’elles auront. La plateforme de rating dont la convention a été signée entre l’Etat et trois banques que sont la BCP, BMCE et Attijariwafa Bank sera au centre du dispositif de sélection des entreprises. Elle prendra en compte les critères qualitatifs classiques issus des bilans mais surtout des critères mesurant le potentiel comme la qualité des dirigeants, le secteur, le business plan, etc.
Le pacte prévoit l’accélération des baisses des droits de douane sur les intrants pour certaines filières. N’y a-t-il pas de risque pour ces industries en amont que l’Etat encourageait à s’installer, il y a trois ans ?
Pour ce qui est des droits de douane concernant l’agro-industrie, il ne s’agit pas de baisse des droits de douane dans le cadre du régime commun mais de la mise en place d’un quota uniquement en faveur des industriels qui opèrent dans le domaine de la confiserie, biscuiterie et chocolaterie. Donc peu d’impact sur la Cosumar pour le sucre.
Concernant le textile, nous avons raisonné secteur et non entreprise et la réduction des droits de douane sur les intrants a été définie comme étant primordiale pour le développement du secteur, aussi bien pour l’export que pour le marché local.
Le plan de développement du secteur textile s’articule ainsi autour de six initiatives indissociables. Un plan de développement des débouchés à l’export ; un programme d’adaptation du tissu des acteurs au plan de développement des débouchés à l’export ; un plan de développement agressif sur le marché national ; un dispositif de modernisation des entreprises du secteur ; un programme de formation adapté au secteur ; un plan pour l’amélioration des conditions cadres du secteur y compris la baisse des droits de douane.
Et pour ce qui concerne le calendrier de l’implémentation de la baisse des tarifs douaniers, il sera défini en partenariat avec le privé, ce qui permettra de tenir compte de plusieurs considérations.
Le Maroc a signé des accords de libre-échange avec un certain nombre de pays et son industrie marocaine n’est plus compétitive sur certains produits, notamment agroalimentaires, ne faut-il pas abandonner ces filières ?
L’amélioration des conditions cadres du secteur agroalimentaire avec ses quotas sur des produits destinés à l’industrie permettra de donner justement plus de compétitivité aux filières de grande consommation. Le dialogue avec les professionnels a montré qu’il était possible alors pour les industriels locaux d’être compétitifs par rapport aux importations.
