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Au Royaume

Oncle Picsou est happy

Faut-il continuer à  se désendetter et rater la possibilité de soutenir la croissance, créer de l’emploi et sauvegarder les capacités de production industrielle ?

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Trop prudent le Budget 2009 ? La position de l’Alliance des économistes istiqlaliens soulève un problème de fond en rapport avec la politique économique du Royaume. Ces derniers estiment que le Budget pour l’année civile à venir est «prudent et confortable». Ils n’ont pas tort, arguments chiffrés à l’appui.
L’Etat, lui, est dans une logique autre. Depuis la deuxième moitié des années 90, les argentiers des différents gouvernements qui se sont succédé aux commandes ont fait des équilibres fondamentaux – faible déficit, inflation contenue et désendettement continu – une ligne de conduite. Une exigence durablement imprimée dans les esprits par le plan d’ajustement structurel.
Mais, faut-il continuer à se désendetter aujourd’hui alors que les engagements du Maroc ont atteint un niveau plus que soutenable, que le caractère aléatoire des revenus des privatisations a fait place à la stabilité des recettes fiscales et que, pour la deuxième fois en trois ans (après 2007, 2009), la probabilité de se retrouver avec un excédent budgétaire est très élevée ?
Posons la question autrement. L’existence d’une marge de manœuvre confortable justifie-t-elle un endettement supplémentaire ?
Oui, si ce dernier a un effet de levier à travers l’investissement. Il serait dommage pour le pays de rater des opportunités de croissance, de création de richesses, de création d’emplois, que d’autres pays n’ont pas, faute de ressources suffisantes. Savez-vous ce que représente un minuscule point du PIB de l’année 2009 ? C’est à peu près 7 milliards de DH, qui pourraient être injectés dans l’économie pour en améliorer les infrastructures, la force de frappe logistique, les procédures administratives, le foncier industriel ou encore les systèmes d’information, nerf de la guerre économique.
De la même manière, il serait dommage de ne pas profiter de cette aisance financière pour venir en aide aux secteurs exportateurs qui connaîtront des difficultés. Nous l’avons déjà écrit dans ces mêmes colonnes, aucun plan de soutien n’est prévu, alors que la réduction d’activité va forcément conduire à la destruction de capacités de production et d’emplois. Or, toutes les crises n’ont qu’un temps, et quand viendra le moment de la relance, il faudra des années simplement pour revenir au niveau d’avant la crise. Qui profitera alors de cette faiblesse ? Nos concurrents. Peut-être qu’à ce moment-là cela ne vaudra même pas la peine de tenter de reconstruire, le monde évolue tellement vite…